Chapitre XXVII

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K R I S T E N


D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu une sainte horreur des surprises. Alors quand celles-ci se trouvent être assez loin pour faire une escale, je manque de faire un arrêt cardiaque. Je marmonne dans ma barbe alors je me débats dans ma robe pour la retirer sous la pression d'Achille. Je finis par revenir dans la chambre où le prince est penché sur une feuille. Je tape son épaule et me retourne en décalant mes cheveux pour qu'il défasse le corsage. Ses mains chaudes caressent mes omoplates après avoir retiré mes bretelles. Je sens les lacets se défaire et je retiens le devant de la robe. La chambre semble se vider de son air et mes poumons sont hors service quand je sens l'air dans le creux de mon dos. J'entends du mouvement dans mon dos et le souffle chaud d'Achille sur mon épaule dénudée.

— Nous devons toujours nous dépêcher.

Pourtant, je crois que lui aussi a du mal à respirer. Je retourne dans la salle de bain et m'empresse de m'habiller. Le hoodie qu'Achille m'a réservé est toujours trop grand mais je suis heureuse de cacher de nouveau mon corps. Seulement 5 minutes après, Achille toque en me répétant que les minutes sont comptées.

— Je suis prête ! Pourquoi se presser comme ça ?

— Même si les invités ne remarquent pas notre absence, ma mère le fera et personne n'est au courant.

— Le voyage n'est pas une coutume ?

— Pas du tout, après le bal, le mariage est souvent prévu la semaine suivante. Ma mère cherchera à nous piéger si elle nous trouve.

J'ai bien voulu lui répondre mais il court de partout et étale ma robe à côté du mot qu'il écrivait. J'explose de rire quand je lis le message inscrit.

« Pas besoin de m'appeler je ne répondrai pas. Bon courage pour trouver une excuse à notre absence. »

Sans demander mon accord - encore une fois- Achille me porte sur son dos et se met à courir. Sans m'en rendre compte, le froid de la nuit me mord la peau et les lumières du château ne sont plus qu'une lointaine lueur dans la forêt. Pourquoi m'emmener aussi loin ?

La panique prend possession de mon corps. Tous les mots, les gestes qu'Edgar avait eu envers moi me reviennent en mémoire mais aussi le moment où il m'a laissé pour morte. Les cicatrices des morsures semblent se rouvrir et j'ai envie d'hurler quand Achille s'avance de nouveau. Un grincement résonne derrière moi. Des bruits de pas. J'avais donc raison.

Il complotait dans mon dos, comme son frère.

Et s'il cherchait à me kidnapper ? Je donne des coups dans le dos d'Achille pour qu'il me lâche et je tombe dans la neige quand la pression sur mes jambes se desserre. Je m'érafle la paume des mains quand je pousse dessus pour me relever et fuir le plus vite possible. Je lis de l'incompréhension dans le regard d'Achille mais j'en ai rien à foutre. Ses jambes bougent vers moi mais je recule d'un pas.

Comment Achille aurait-il pu oublier son envie de régner seul pour une humaine ou d'un lien ?

Il a toujours été un prince sans cœur. Le bal n'était qu'une couverture. Je m'en veux de lui avoir fait confiance. Je m'en veux d'avoir voulu l'embrasser. La personne dans mon dos continue d'avancer et j'hurle quand elle me prend dans ses bras.

— Lâchez-moi ! Vous n'êtes que des traîtres ! Je vous déteste !

— Mais qu'est-ce que tu racontes Kristen ?

La voix de Connor près de mon oreille me donne un sentiment de sécurité mais je tente de repousser ce mensonge. Je tape sur son torse avec mon coude mais il ne bouge pas d'un millimètre alors que je le supplie de me laisser partir et de ne pas me faire de mal. Le vampire ne me prête aucune attention mais fixe Achille d'un regard noir.

GardienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant