chapitre VIII

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A C H I L L E

Les jours défilent mais je reste enfermé dans mon bureau, tiraillé par les problèmes actuels mais aussi par Kristen. Depuis notre entrevue pour lui expliquer ses futurs rendez-vous et ses premiers pas vers la royauté, Kristen est devenue silencieuse et à ma plus grande surprise n'a pas commencé à me tutoyer. J'aurais dû m'en réjouir et me dire qu'elle a enfin accepté son avenir mais je ne peux m'empêcher de penser qu'elle prépare un mauvais coup. Les cuisiniers ont peur qu'elle leur fasse du mal maintenant.

8H00. Je suis déjà dans la salle du déjeuner avec Edgar et nous attendons encore et toujours Kristen pour commencer le repas. Ingrid finit par ouvrir les portes et l'annoncer. Mais je n'ai pas besoin de ça pour savoir qu'elle approche. Ses talons résonnent depuis longtemps dans cette pièce trop peu meublée pour sa superficie. J'ai remarqué que Kristen fait un peu plus d'effort vestimentaire au fil des jours. Aujourd'hui ne fait pas exception, elle est encore plus ravissante. L'automne s'est installé en Écosse et les températures commencent à chuter. Kristen porte un tailleur au motif pied de poule qui lui va à merveille. Mais ce qui attire le plus mon regard est le fait qu'elle ne porte pas ses lentilles aujourd'hui. Ses lunettes lui donnent un air adorable et comme lorsque nos regards se sont rencontrés officiellement, je retrouve cette envie de la protéger.

Pourquoi semble-t-elle être aussi précieuse qu'un bijou ?

Je la détaille de la tête aux pieds et remarque qu'une fois de plus elle n'arrive pas à marcher avec ses talons. Je retient un rire comme à chaque fois que je la vois essayer de marcher avec de la prestance sur ces échasses mais c'est clair qu'elle n'a pas l'habitude. je sais aussi qu'elle les retire à la minute où elle se trouve seule dans son bureau. Comment je le sais ? Mademoiselle ne pense pas toujours à fermer la porte derrière elle. Le regard bleuté de Kristen rencontre le mien et je sais à ce moment-là que mon regard est trop insistant.

Il ne faut pas que je me fasse remarquer.

De retour dans mon bureau, je me penche sur les nombreux dossiers et cas que mon père me donne. « Soit prêt à être un gardien ! » n'arrête-t-il me répéter depuis que j'ai 30 ans, cela va faire 150 que la pression sur mes épaules ne me quitte plus et s'alourdit au fil des années, encore plus depuis l'arrivée de Kristen sur cette planète. Malgré cette pression invisible, mes pensées n'arrêtent pas d'être dirigées par cette personne dans le bureau en face du mien. Le moment où Kristen décide de faire une nouvelle tentative de fuite me guette comme un nuage orageux. Je n'ai vraiment pas envie qu'il pleuve.

Connor arrive avec un plateau et deux tasses de café fumantes.

Exactement ce dont j'avais besoin.

—Tu ne m'as jamais dit ce que voulait ton père quand il t'a appelé le jour de l'arrivée de Kristen.

— À ton avis, dis-je d'un air ronchon. Il voulait que je lui parle des fiançailles.

— Déjà ?

— Selon la tradition, les fiançailles se font dans la semaine de la rencontre et le mariage dans le mois. Mais j'ai réussi à tout faire reculer d'un mois voire deux. Je peux dire merci aux émeutes qui se multiplient.

Connor pouffe de rire et je lui lance un regard noir, sachant très bien ce à quoi il pense.

— Si tu prononces le moindre mot, je te jure, Connor, tu ne quittes pas ce bureau vivant.

— Je dis juste que tu penses encore à sa sécurité, rie encore Connor.

— Non j'ai seulement pensé que cela allait me donner plus de temps pour trouver une solution pour lui rendre sa liberté. Ce problème d'émeute aurait vite été réglé si les deux peuples étaient dirigés par la même personne. Mon père et ma mère se disputent sans arrêt à cause de ça.

GardienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant