chapitre XXIII

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K R I S T E N


Je remercie la pluie.

Grâce à elle, il est impossible de voir à quel point je pleure. Les pieds dans la terre boueuse du jardin, je cours dans l'espoir de trouver une sortie au fond de cet immense jardin.

Comment j'ai pu croire que je pouvais faire confiance à Achille ? Je suis une vraie idiote. Mon père m'a toujours dit de me méfier des hommes et voilà que je baisse ma garde devant de beaux yeux verts et que je me repose sur un soi-disant lien qui m'unit au prince. Quand j'en prends conscience, ce connard veut le rompre même si cela doit me tuer.

Ma gorge me brûle et le froid me mord la peau mais je continue. Dire que mes idées noires commençaient à disparaître, que je me faisais à l'idée qu'une vie aux côtés d'Achille pouvait me garantir une sécurité, mon cul oui ! Ça a toujours été lui, la plus grande menace ! Mes pieds se prennent dans une racine et je tombe de tout mon long sur l'herbe.

Mes pleurs doublent pendant que je masse ma cheville, très peu inquiète du sang qui coule le long de ma peau. J'entends mon nom derrière moi mais je ne vois qu'une silhouette floue. Une fois mes lunettes de nouveau sur mon nez, je reconnais Achille. Dans sa chemise blanche, trempée par la pluie qui laisse voir ses tatouages. Je me relève avant de lui hurler de ne pas faire un pas de plus. Bien évidemment, il ne m'écoute pas et je me remets en marche vers le fond du jardin. Malgré la météo, je peux l'entendre pester parce que je joue avec sa patience.

Ouais bah toi tu joues avec ma vie, chacun son truc !

Les pas du prince se font de plus en plus rapide et je me stoppe pour lui faire face. Je ravale mon sourire quand Achille manque de perdre son équilibre.

— Qu'est-ce que tu me veux ? Tu ne vois pas que je me balade.

— Kristen. S'il te plait. Rentrons.

— Pourquoi ? Tu ne peux pas me tuer sous la pluie ?

Achille repousse ses cheveux qui lui tombent sur le front avant de faire un pas vers moi pour me prendre dans ses bras. Mais je claque sa main quand il manque de me toucher.

S'il pense que je vais me laisser faire, il peut se mettre le doigt dans l'œil.

— Tu vas tomber malade. Tes vêtements sont trempés.

— Les tiens aussi.

— Ok, je vois. Tu veux être casse-couille.

J'explose de rire. D'une part parce que c'est la première fois qu'il parle ainsi devant moi et parce qu'il ose me traiter de casse-couille quand lui prévoit de me tuer parce qu'il veut pas se marier.

Il n'avait qu'à pas me prendre ma liberté quand je lui ai demandé ! Cela aurait éviter de bousiller beaucoup de choses dont ce pull en cachemire.

Je suis la casse-couille ? C'est l'hôpital qui se fout de la charité ! je me moque. Tu viens de dire à toute ta famille que tu voulais me tuer !

— Quand tu écoutes aux portes, fais le mieux.

— Pardon de ne pas être un super vampire comme toi avec une ouïe surdéveloppée ! Mais va s'y explique-toi !

— On peut pas le faire à l'intérieur ? insiste Achille.

— Non ! Je veux des réponses maintenant ! Je m'en fous de la pluie, je m'en fous du froid ! Je veux des réponses, je répète, mes mains s'activant dans l'air. Tu dis que j'ai loupé des informations alors va s'y donne les moi ! Tout ce que j'ai entendu c'est que tu n'en avais vraiment rien à foutre de moi.

GardienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant