chapitre XXIV

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K R I S T E N


Ce n'est pas le soleil qui réveille Achille mais moi, et je suis sûre à 95% qu'il va me tuer. Et je le comprendrais. Car ce que je lui ai réservé ne ressemble en rien à un réveil d'une femme de 25 ans mais plutôt à un qu'aurait pour offrir une petite fille de 5 ans. J'esquive de justesse les bras du prince qui cherche à me remettre dans le lit mais il en est hors de question. La nature a enfin décidé de se couvrir de blanc, je ne peux pas rester à l'intérieur. J'enfile le pull d'Achille avant de le tirer par les bras pour l'extraire du matelas. Il grogne avant de s'habiller, les yeux pas encore ouverts.

— J'espère sincèrement pour toi qu'il y a une bonne raison pour ce réveil, râle Achille.

— Il neige ! On ne peut pas rester au lit comme ça !

— Tu viens de me réveiller pour aller jouer dans la neige ? Tu as 25 ans, bon sang.

Je me vexe et le pousse sur le lit. Je me bats pour ne pas exploser de rire devant la chute de ce dernier.

Je viens d'avoir une information capitale.

Si je dois l'attaquer, je le ferai au réveil quand il n'a pas tous ses réflexes.

Je sors de la chambre en lui ordonnant d'être prêt pour le petit-déjeuner dans l'orangerie car je suis certaine que le lieu est magique par ce temps. Quand j'arrive dans ma chambre, je ne suis pas surprise de trouver Ingrid qui prépare ma tenue pour la journée. C'est plutôt cette dernière qui sursaute devant ma bonne humeur. En même temps, je crois qu'elle ne m'a jamais vue comme ça. Était-ce le fait que les dangers étaient officiellement écartés ? Est-ce que j'ai accepté le lien qui m'unit à Achille et ma vie à ses côtés ? Ou tout simplement grâce à la soirée et la nuit que j'ai passée en compagnie de mon fiancé ? Peut-être mais je ne cherche pas de réponse, je veux continuer à être sur mon nuage. Ingrid n'a même pas besoin de m'aider à me coiffer et me maquiller, je lui demande juste de me tenir compagnie. Quand je lui demande de me parler d'elle, Ingrid mentionne directement ses filles, Adeline et Georgia. Les prunelles de ses yeux. Je suis heureuse d'en apprendre plus sur celle qui m'accompagne tous les jours et j'ai hâte de faire de même avec Connor.

Mon sourire ne m'a pas quitté et ne fait que s'intensifier quand je marche sous la neige. Le jardin est recouvert de blanc et l'orangerie semble être une bulle de printemps. Je distingue les roses et autres fleurs prospérer alors que l'hiver clame son heure de gloire à l'extérieur. J'ai envie de courir me mettre au chaud mais je suis certaine de tomber sur une plaque de verglas et de trébucher. Je me suis trop appliquée sur ma coiffure pour tout gâcher par une simple chute.

J'ai la sensation de pénétrer dans une boulangerie quand je me mets enfin à la chaleur que m'offre l'orangerie. Des viennoiseries et autres délices n'attendent que moi. Mais ce n'est pas la première chose que je remarque mais lui. Dans son col roulé noir et son blazer de la même couleur, Achille a le nez rouge à cause du froid et je suis rassurée de ne pas l'avoir fait attendre trop longtemps. Les battements de mon cœur s'accélèrent alors que les choses deviennent réelles. Comme si ce que nous avons vécu hier soir était spécial et secret, comme si les rayons de soleil mettaient en lumière ce que nous sommes l'un pour l'autre.

Aucun de nous deux n'ose parler quand nous commençons à manger mais je ne peux m'empêcher de me demander ce que contient la pochette crème qu'Achille garde sous son coude.

— Le repos est fini ?

— Pour toi en tout cas. Je pense me donner encore quelques jours.

— Comment ça ? Je suis personne.

GardienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant