Gardienne

Chapitre XXVI

K R I S T E N

Comme toutes les petites filles de mon école, j'ai rêvé de devenir une princesse. J'ai demandé une chambre de princesse avec un lit de princesse au cas où le prince charmant viendrait me chercher. Quand je n'avais encore que 4 ans, je me fichais si j'étais entourée de vampire ou d'humain, tout ce que je souhaitais c'était d'avoir des copains avec qui jouer à la cour de récréation. Où il y a toujours eu cet éternel débat : lequel des deux princes on préférait. La plupart des petites filles adoraient Edgar, avec ses cheveux châtains et son air de gentil. Je me retrouvais seule quand j'avouais que je préférais Achille. Quand elles me demandaient pourquoi, je répondais toujours la même chose.

— Il a les yeux aussi verts que la forêt et j'adore faire des balades avec Sweety !

Et même si j'ai fini par détester les vampires quand un des leurs a essayé de me mordre et que mon père m'a changé d'école, une partie de moi a toujours adoré les yeux verts d'Achille. Je crois bien ne les avoir jamais aimé autant que maintenant.

Ma poitrine monte et descend frénétiquement alors que les dernières notes sont jouées en arrière-plan. Mais je ne les écoute pas, trop absorbée par les nuances des yeux du prince. Je donnerais beaucoup pour savoir ce qu'il pense en ce moment. Cette danse a dépassé toutes mes attentes. Moi qui pensais être incapable de danser à cause du stress, tout a disparu quand Achille m'a prise dans ses bras et m'a guidée. Chaque pas me transporte un peu plus dans une bulle où seuls nous deux comptaient. Achille est un merveilleux danseur et pour la première fois de ma vie, je n'ai pas envie d'arrêter.

Lorsque la musique s'arrête, les invités -qui n'ont malheureusement pas disparu - applaudissent, le regard d'Achille me quitte et je me souviens alors du protocole. Pour la première fois de ma vie, je fais une révérence à Achille. Je crois l'entendre glousser alors que je me retiens tant bien que mal de ne pas sourire. Quand je relève les yeux, il a encore un sourire plaqué sur ses lèvres. Heureusement pour lui, je ne peux pas lui faire de remarques devant la foule. Tout ce que je peux faire est d'écraser son pied en passant devant lui pour saluer Meghan. Je me mords la joue quand il chuchote à mon oreille une menace de faire de mes pieds une compote à la prochaine danse. Je me retourne pour riposter mais Achille est déjà loin, en pleine discussion avec le chancelier allemand. Trop tard. Je redonne une oreille attentive à Meghan qui n'arrête pas de me complimenter.

— Kristen, tu as fait un travail fantastique ! La décoration est splendide ! Tu es sublime.

— Merci beaucoup, il faut dire que vous m'avez beaucoup aidé. Sans votre aide, je serais encore à faire les cent pas dans mon bureau à ne pas savoir comment m'organiser.

— Mais de rien, mon ange. Allons nous chercher une coupe de champagne et te présenter.

Le verre d'alcool en main, je me retrouve entourée de plusieurs membres du monde politique. Il me faut rassembler toute ma matière grise pour me souvenir du visage et du nom de chacun. Meghan m'est d'une grande aide en me précisant le rôle de chaque personne avant qu'elle n'arrive jusqu'à moi.

Cela va faire plus d'une heure que j'enchaîne, le ventre vide. Je crois tomber dans les pommes un bon nombre de fois alors dès que je perçois une possibilité de m'éclipser, je me faufile dans un coin de la pièce avec une assiette pleine de mignardises. Une ombre s'approche de moi et je crois faire un arrêt cardiaque quand je pense au désastre que ce serait si on me trouve ici entrain de me goinfrer. Mais des cheveux blonds et un regard malicieux me font face. Connor. Une main sur mon cœur, je tente de me ressaisir alors que mon ami se moque de ma réaction.

— Ce n'est pas drôle ! Imagine on me trouve ! Vive la première impression.

— Je ne m'inquièterais pas pour ta réputation. Tu as un succès fou. Tout le monde ne parle que de toi et Achille reçoit beaucoup de compliments sur le fait de sa porteuse soit aussi belle.