Trou d'air

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Bien installé, ceinture bouclée, j'étais paré au décollage
C'était pour moi la première fois, je le dis sans ambages
Sons et lumières, stupeur et tremblements
J'ai pris l'accélération comme il se doit : en paniquant

Puis une fois dans le ciel, j'oublie ma misère
Le hublot me captive, nous glissons dans les airs
On évite de penser au poids de l'appareil
Les kilomètres en-dessous? Pareil!

Ma voisine a bien vu mon expression paniquée
Lors du décollage, et du coup elle sait
Que je suis novice en matière de vol
Un peu comme un puceau avant qu'il batifole

Nous faisons connaissances autour d'un petit vin
Elle s'appelle Julie, travaille dans l'aérien
Sur un point important, mais qui semble un peu bête :
Elle est conceptrice des cabines de toilettes

Je lui fais répéter deux fois son métier
Elle me l'explique sans même s'en agacer
Elle a un joli petit nez retroussé
Et un beau sourire, un rien carnassier

Nous parlons encore, de tout et puis de rien
Du transport aérien, à l'avenir incertain
Nos métiers, nos vies, nos rêves et nos projets
Une conversation charmante, c'est ce qu'il nous fallait

La tonalité change et devient plus intime
Nous voilà à parler de ce qui nous anime
Amour ou désir, allez donc savoir
La frontière est mince, il ne faut pas croire

Ses expériences sexuelles, elle me les raconte
Il fait chaud en cabine, la température monte
"Je ne sais pas pourquoi je vous dis tout ça!"
Moi je crois savoir, mais je le garde pour moi

Puis elle me demande si je veux bien
Venir avec elle au petit coin
Je réponds "oui" de suite, trop content de l'aubaine
Impatient qu'enfin nos corps se déchaînent

Comme de coutume, je lui laisse une minute
Je suis comme un animal au temps du rut
Je vais devoir remonter toute l'allée
Avec la bosse de mon sexe érigé

Heureusement sur ce long-courrier
C'est l'heure de dormir, donc personne ne sait
Ce que cache ma braguette tendue :
Une manifestation de l'appel du cul

Elle m'attends de dos, la jupe remontée
Sa culotte de soie noire, négligemment jetée
Elle porte des bas gris, avec couture et dentelles
Autofixants, pratiques, sans porte-jarretelles

Ses talons hauts lui font une cambrure de reine
Je regarde sa lune, qui comme l'autre est pleine
Elle ondule des hanches, fait bouger son cul
Je m'approche d'elle, les mains tendues

Elles se posent d'elles-mêmes sur le haut de ses fesses
Dans le creux de mes reins, d'agréables frissons naissent
Je la caresse ainsi, puis je m'interrompt
Le temps de retirer mon pantalon

Mon sexe en surgit tel un diable de sa boîte
Il sait ce qu'on attend de lui : qu'il la déboîte
Elle écarte les jambes et creuse ses reins
Puis, sa tête de côté, dans un souffle : "Viens!"

Je n'ai pas à forcer pour m'introduire dedans
Elle est large et mouillée, quoi de plus tentant?
Cette première poussée permet de se caler
Corriger la pose, sur l'axe s'ajuster

Quand la posture est bonne, je peux accélérer
La tenir par les hanches et à fond m'enfoncer
Sentir son souffle frémir à l'unisson
Des spasmes qui agitent son con

Nous nous installons ensuite sur les toilettes
Elle me chevauche de face, la blondinette
Bien que l'espace soit un peu exigu
Il y a assez de place pour faire claquer son cul

Quand soudain retentit, depuis les haut-parleurs
Le signal d'attacher sa ceinture sur l'heure
J'ai la mienne sur les chevilles, avec mon pantalon
Et nous continuons, dans le feu de l'action

C'est quand elle est tout en haut, au contact du gland
Que nous tombons tous, juste un petit instant
Ce trou d'air ramène le sien sur moi
La violence de nos corps, quel émoi!

Nous jouissons de suite, tous deux, en même temps
À la fois surpris et soulagés, haletant
Nous avons dû crier car une voix de femme
S'enquiert derrière la porte : "Tout va bien, madame?"

"Oui" fait ma cavalière d'une voix enrouée
Nous étouffons un petit rire, enjoués
Puis vient l'heure de se rhabiller
Et nos places, de regagner

Depuis, j'ai fait de belles rencontres lors de mes voyages
De jolis polissonnes, des femmes de tous âges
Avec qui j'ai lutiné dans les toilettes, au fond
Dans un certain nombre d'avions

Mais aucune de ces joutes sexuelles
Ne fut à la hauteur de celle
Qui m'initia à la bagatelle
En plein ciel

Rimes coquinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant