Pour certaines personnes, le remède c'est le temps, pour nous, le temps était plus un poison.
Parce que nous nous définissons comme ça, opposés.
Comme la lune et le soleil ou le passé et le futur.
Pourtant, opposé se dit de ce qui est différent, ma...
Ils avaient, après de longues recherches, retrouvé Jaemin endormi dans une espèce de placard à balais. Il avait les yeux gonflés et rougis et Jeno avait eu l'air subitement très inquiet. Jaemin s'était réveillé et les avait rassurés.
Il n'avait pas paru surpris de l'absence de Mark. Il avait juste l'air fatigué. Pourtant, devant l'insistance de Donghyuck à savoir où était leur aîné, il l'attira à part un instant.
Devant son air fatigué mais sévère, le brun se tint silencieux.
-Je ne suis personne pour prétendre vous connaître et encore moins pour affirmer quelque chose mais je pense que s'il n'a pas voulu t'appeler ou te prévenir alors qu'il était en larmes, c'est que ça avait sûrement un rapport avec toi.
Jaemin avait parlé. Donghyuck avait écouté. Et son cœur venait de se fendre comme du verre. Une fissure nette, précise, faite par une pichenette involontaire. Et en un instant, le doute avait envahi l'espace libéré.
Donghyuck rentra seul ce soir-là. Seul mais hanté par le visage méprisant de Jaemin et celui soucieux de Mark. Il ne savait pas. Il ne voyait pas quand tout avait pu déraper. Il pensait que Mark lui faisait confiance. Il pensait qu'ils étaient amis, à défaut de plus. Il pensait que si son ami avait eu un souci, il lui en aurait parlé. Un souci assez grave pour le faire pleurer.
Il n'avait jamais vu Mark pleurer. Mark était courageux, fort, loyal. Il était tout ce que Donghyuck admirait. Lui il était faible, pleurnichard et incapable d'avancer dans la vie. Combien de fois Mark l'avait-il vu s'étouffer dans ses larmes sans jamais le juger ? Bien trop pour qu'il puisse les compter. Et lui ? Quand avait-il pu être là pour son aîné ? Rarement. Il passait son temps à le sortir hors de sa zone de confort, à l'obliger à prendre soin de lui, à bavasser pendant que Mark l'écoutait toujours parce qu'il ne supportait pas qu'on parle dans le vide.
Mais Mark dormait mieux depuis. Et Donghyuck s'apaisait. Alors pourquoi ? Mark venait de briser leur équilibre en n'osant pas en parler.
Donghyuck laissa un message quand il tomba sur le répondeur de son ami, un message pour lui dire qu'il s'inquiétait et de le rappeler dès qu'il le pourrait, ne serait-ce que pour lui dire qu'il était en vie et sain et sauf. Puis il s'allongea, se préparant à une longue nuit sans sommeil.
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Mark ne dormait pas. Il était assis par terre chez lui, incapable même de se rappeler comment il était arrivé là. Son cœur le faisait souffrir et il avait l'impression que son propre corps tentait de s'échapper, d'échapper aux souvenirs.
Mais, comme un barrage dont on libère finalement ce qu'il contient, le flot du passé venait le submerger, le noyant inlassablement. Il était tombé peut-être en entrant. Ou il avait eu le temps de fermer la porte avant de s'écrouler. Il ne savait plus. Tout faisait trop mal et pourtant il était incapable de pleurer.
Il avait passé la nuit tantôt assis, tantôt couché contre le sol froid, les yeux grand ouverts et le cœur turbulent. Il s'était repassé en-tête le film entier de sa vie maintenant qu'il la connaissait. Et il agonisait là, dans la pire des souffrances qu'il avait pu un jour éprouver. Il agonisait mentalement sans d'autres choix que d'espérer en voir la fin.
