Pour certaines personnes, le remède c'est le temps, pour nous, le temps était plus un poison.
Parce que nous nous définissons comme ça, opposés.
Comme la lune et le soleil ou le passé et le futur.
Pourtant, opposé se dit de ce qui est différent, ma...
Le dîner s'éternisait et si jusqu'ici la conversation avait été axée sur Taeil, Donghyuck savait que son tour serait bientôt là.
Un nouveau soupir lui échappa. Tout ce qu'il voulait c'était retrouver Renjun, se cacher chez Yangyang et espérer que Mark lui pardonne. Tout ce qu'il désirait c'était s'entourer de ceux qu'il aimait et certainement pas jouer à faire semblant d'aimer ceux qu'il ne supportait pas.
Un pincement douloureux le fit grimacer. Comment son cœur pouvait-il lui faire encore aussi mal ? Il avait l'impression qu'il se brisait à nouveau en miettes et il s'empêcha de porter sa main à sa poitrine.
Donghyuck serra du bord des doigts la table et inspira lentement. Il allait s'en sortir.
-Et toi Donghyuck, tu as abandonné la chansonnette pour te consacrer à de vraies études ?
Le brun releva les yeux sur son père. Il se mordit la langue avant de souffler.
-Non toujours pas, je fais des études de musique et pour être honnête ça marche plutôt bien, c'est même assez rentable.
-Mais oui, mais oui, balaya son père, si au moins ça pouvait te permettre de te trouver une jolie fille à nous présenter.
Donghyuck serra les dents. Il détestait à quel point son père lui faisait comprendre qu'il n'avait aucun intérêt pour sa vie personnelle et ses sentiments. Oh combien il détestait être l'enfant de cet homme. Il détestait ce dédain dans sa voix.
La boule dans sa gorge grossit brusquement. Il manqua de s'en étouffer. Il avait la voix nouée de colère et de chagrin.
-De toute façon c'est pas en devenant chanteur que t'auras quelque chose à lui offrir. Regarde moi, ta mère je lui ai offert un avenir sûr.
Comment ? Comment osait-il remettre en question sa propre vie en la comparant à la sienne ? Lui présenter tout ce qu'il faisait comme un échec, ne jamais être satisfait ? Enfant il avait vécu dans l'attente de leur satisfaction, il avait jalousé ceux qui recevaient de l'amour. A cause d'eux, il avait jalousé Mark. Il l'avait détruit, à cause d'eux.
Mark...
Il sentit les larmes poindre dans ses yeux et soupira profondément une nouvelle fois pour se contenir.
Taeil jeta un coup d'oeil anxieux à leur mère. Il avait bien vu depuis le début de la soirée qu'elle se rapprochait de l'explosion à chaque soupir de son frère. Elle se leva soudain.
-Oh et ça suffit tes soupirs, arrête de te plaindre comme si tu portais le poids du monde sur tes épaules.
Donghyuck fixa brusquement son regard sur elle. Il tremblait de colère et son cœur se serra encore plus, lui hurlant de tout arrêter. Il voulait juste que ça aille.
-Eh bien excuse moi de porter le poids de mon monde sur mes épaules, c'est déjà bien assez douloureux comme ça pour que je vous laisse interférer dans ma vie. J'en ai ma claque, adieu.
Et repoussant sa chaise, il quitta la pièce, sous les regards abasourdis des autres.
Taeil se pinça l'arête du nez et souffla. Tant pis pour son frère, lui restait ici.
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Donghyuck inspira une nouvelle bouffée, étrangement soulagé. Il ne se rappelait même pas où il avait pris ce paquet et ce briquet. Inconsciemment peut-être. Plus rien ne lui importait à part le banc froid sous ses fesses.
Il souffla, la tête renversée vers le ciel noir, la fumée chargée de ses espoirs montant vers son ange gardien, s'il en avait un. Il ne croyait plus en rien depuis le départ de Mark. S'il avait eu quelque part dans ce monde un protecteur, c'était quand il faisait souffrir son meilleur ami qu'il aurait du intervenir. Lui expliquer. Mais non, il n'avait eu personne. Peut-être qu'en vérité son pseudo ange gardien était comme ses parents, incapable de s'occuper de lui.
Il regarda la fumée s'enrouler et disparaître. Elle était tellement éphémère... Il n'empoisonnerait personne avec, et c'était tant mieux, il avait déjà fait assez de mal.
Il écrasa le bout sur le sol, observant le rouge s'éteindre en un sifflement. Un si petit bâton épuisé en quelques instants qui détruisait tant de vies.
Il se permit un dernier soupir et se releva, jetant le cadavre de la cigarette dans la première poubelle qui passait. Il repartit dans les rues de la ville, à la recherche d'un bus pour le ramener chez lui. Demain à la même heure il serait en cours et il lui fallait au moins une bonne nuit de sommeil pour tenir le choc.
Il n'était pas prêt à affronter les questions de Yangyang, les regards soucieux de Jeno s'il le voyait, il n'était pas prêt à affronter Renjun et encore moins Mark. Mais, encore une fois, avait-il réellement le choix ?
