21. ☁️

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Donghyuck ferma les yeux en tirant une bouffée de sa cigarette. Taeil l'avait forcé à venir chez Jeno et Renjun après l'avoir gardé les deux jours suivants sa... dispute avec Mark s'il pouvait appeler ça de cette façon.

D'un côté il comprenait son frère, lui non plus n'aurait pas supporté d'avoir un gosse qui passe ses journées à déprimer sans dire un mot. Mais Donghyuck était incapable de lui raconter. Taeil avait posé de nombreuses questions et Jeno ensuite mais il n'avait pas pu leur répondre.

Il avait tellement honte.

Il n'en avait jamais parlé à personne.

Il souffla lentement et regarda la fumée s'enrouler dans la nuit avant de disparaître. Lui aussi il s'enroulait dans sa nuit.

-C'est pas en fumant que tu vas régler tes problèmes.

Donghyuck grogna en tirant malgré tout sur sa cigarette.

-Qu'est ce que tu fais debout, demanda-t-il.

Renjun s'assit à côté de lui, le regard dans le vague. C'etait une des choses qu'il appréciait le plus dans son appartement avec Jeno, leur accès au toit.

-Je tente d'avoir des nouvelles de Jaemin, lui expliqua-t-il.

Donghyuck se mordit la lèvre.

-Merde il s'est barré à cause de moi hein ? Jeno m'a affirmé que non mais je m'en doutais, soupira le brun.

Renjun se contenta de grimacer et d'hocher la tête.

-Ça devait arriver tôt ou tard de toute façon. J'espère juste qu'il va bien et qu'il ne traîne pas n'importe où.

Ils se turent. Le silence les enveloppait, apaisant. Le bout rougi de la cigarette se ralluma quand Donghyuck tira dessus.

Il rejeta la tête en arrière, profitant de la paix qui s'infiltrait dans ses poumons. Il imagina la fumée couler dans son sang, remonter jusque dans son cerveau, tout éteindre. Puis descendre, sinueuse, vers son cœur.

Le brun ferma les yeux, concentré. Il renversa le plus possible sa tête.

Mais ce mouvement le déséquilibra et il tomba brusquement en arrière.

Renjun sursauta en entendant le cri et le bruit qu'avait fait Donghyuck et se tourna dans sa direction.

Son ami était sur le dos, par terre, l'air totalement choqué. Il ne s'attendait vraiment pas à tomber. Renjun ne put s'empêcher de laisser échapper un petit rire tant la surprise qui déformait les traits de son cadet était drôle.

Rire qui s'éteignit rapidement quand il vit qu'au lieu de se relever, Donghyuck commença à trembler.

Renjun se leva rapidement et le rejoignit, soudain inquiet. Il se sentit paniquer en voyant la peur dans les yeux de son meilleur ami.

Donghyuck s'était recroquevillé, n'étant plus rien d'autre qu'une masse tremblante. Il vint s'agripper à Renjun, la bouche s'ouvrant et se fermant sans un son.

Et puis enfin une plainte franchit ses lèvres. Une plainte qui se transforma en un sanglot mal contrôlé et Donghyuck sembla éclater sous la tristesse.

C’était des larmes incontrôlables, chaque inspiration le secouait tout entier alors qu'il semblait se battre pour respirer.

La chute, aussi débile soit-elle, venait de casser tout ce qu'il tentait de bloquer depuis des jours, des mois, des années.

Donghyuck asphyxiait à moitié dans les bras de son meilleur ami. Enfin était-ce seulement son meilleur ami ? Ne devait-on pas tout raconter à son meilleur ami ? Renjun ne lui avait-il pas tout raconté ?

Et Donghyuck n'était qu'un menteur face à lui. Un enfant perdu qui n'avait fait que lui mentir. Un premier mensonge qui lui avait coûté ses nuits. Un mensonge qui en avait entraîné beaucoup d'autres. Beaucoup trop.

Il hurla rageusement et s'essuya les yeux, les frottant jusqu'à en avoir mal. Il se releva et partit s'appuyer sur la bordure en soufflant sans douceur. Il entendit Renjun se lever à son tour dans son dos.

-Tu sais, commença son ami, je ne te reconnais plus. J'ai l'impression que mon meilleur ami, celui qui a grandi avec moi, n'existe plus. Quand je te regarde je ne vois qu'un étranger.

Donghyuck écarquilla les yeux dans le noir, sans se retourner vers lui. Son cœur le lança douloureusement et ses mains se resserrèrent sur la rambarde. Il ne se sentit pas la force de répondre et battit furieusement des yeux pour repousser les larmes.

-On devient trop différents et je ne te vois plus mûrir. Où est passé mon meilleur ami, Donghyuck ? Je ne t'ai même pas vu commencer à fumer, je ne t'ai même pas vu triste avant que tu ne te mettes à pleurer. Je n'ai jamais eu le privilège d'entendre ta voix avant les autres. Je ne t'ai pas vu depuis une éternité et entendu me raconter ta vie depuis plus longtemps encore. Où est passé mon meilleur ami, Hyuck ?

Renjun s'était exprimé calmement mais le désespoir et la douleur pointaient dans sa voix.

-Pas toi, murmura Donghyuck la gorge nouée, ne me lâche pas maintenant, tu m'avais promis d'être toujours là.

Il se mordit la lèvre pour l'empêcher de trembler et rentra la tête dans son cou. Il avait encore espoir que Renjun change d'avis et l'écoute.

-J'avais promis à mon meilleur ami d'être là mais ce n'est pas lui que j'ai devant les yeux. Bonne nuit Haechan.

Et Renjun tourna les talons, laissant celui qu'il avait appelé meilleur ami un jour, seul.

Donghyuck ne bougea pas, tremblant sur place tellement la colère bouillonnait. Ses muscles tressautaient seuls et il sentait ses poumons se gonfler au même rythme que ce qui pulsait dans ses veines. Il entendit la porte se refermer et attendit un instant avant de se mettre à hurler.

-Eh bien je suis désolé que tu aies eu pour meilleur ami un enfant rongé par les remords, un enfant qui a tellement menti qu'il ne sait même plus dire la vérité. Un enfant qui t'a fait passer avant lui. Je suis désolé que tu ne saches pas que ça fait des années que je revoie ce que j'ai fait dans mon sommeil et même pire. Mais tu étais où toi hein quand c'est arrivé ? Tu étais où quand je me suis réveillé en hurlant pour la première fois ? Parce que moi j'étais là quand ça t'es arrivé ! Moi j'ai toujours été là pour toi ! Et toi ? Et toi ! Et toi tu m'abandonnes quand j'ai besoin de toi ? Tu m'avais promis Huang Renjun tu m'avais putain de promis !

Donghyuck s'arrêta, debout sur le toit, les mains écartées de chaque côté du corps, le coeur battant, à bout de souffle. Il aurait voulu encore dire tout ce qu'il avait sur le cœur mais il ne savait plus l'exprimer. Alors il hurla à la place. Il hurla de toutes ses forces et quand il n'eut plus d'air, il hurla encore en se laissant tomber à genoux.

Il resta prostré là, le corps déchiré par ses larmes qui le secouaient plus fort que jamais.

Pretty Boy -MarkhyuckOù les histoires vivent. Découvrez maintenant