Pretty Boy -Markhyuck

17.

Taeil fixait la porte close de la chambre dans laquelle était Donghyuck avec une moue perturbée.

Son petit frère était arrivé tard hier et il aurait juré l'avoir entendu pleurer cette nuit. Malheureusement il n'avait pas osé entrer.

Ils ne se connaissaient pas très bien. Taeil avait été élevé avec son oncle et sa tante, ignorant qu'il avait un petit frère et Donghyuck ne l'avait appris que vers ses 15 ans. Leurs géniteurs l'avaient délaissé depuis longtemps à cet âge là et Taeil était déjà majeur.

Il l'avait bien vu, que son petit frère avait des secrets qui le rongeait. Mais il n'avait jamais fait le premier pas. Si Donghyuck voulait parler, il le ferait. Du moins il espérait.

Il fut interrompu dans ses pensées par la sonnette. Il descendit l'escalier, dérapant un peu parce qu'il n'était qu'en chaussettes. Il pensa un instant que s'il mourrait là maintenant dans les escaliers, un inconnu attendrait dehors un certain temps.

Mais il était arrivé en vie.

Il ouvrit la porte et tomba face à un jeune homme qu'il ne connaissait pas.

Il s'appuya contre la porte et le détailla.

Des cheveux bleus en bataille, des épaules légèrement voûtées et des mains croisées devant son ventre, une aura timide. Pourtant le regard qui le détaillait tout autant et avec autant d'assiduité, les cernes violacées sous ses yeux, sa mâchoire contractée ne mentaient pas. La force de sa volonté courait sous sa peau.

Mark.

Mark qui rendait son regard à celui qu'il supposait être Taeil. Il semblait à première vue être le contraire de son frère. Il ne semblait pas soucieux de son apparence, habillé avec des vêtements confortables, et pourtant plus que présentable, correctement apprêté. Il s'était appuyé contre la porte, les bras croisés, le menton levé. Il avait beau être plus petit que lui, il savait ce qu'il faisait.

Mark le sentait calme mais méfiant. Et il ne doutait pas de la colère que pouvait enfermer ce petit homme.

-Oui ?

Mark revint à lui à la question de Taeil. Il aimait bien cette voix. Il y perçait une touche d'agressivité mais elle était d'abord douce, apaisante.

-Je peux voir Donghyuck ?

Il voyait bien la ressemblance entre les deux frères. Leur visage rond et les ridules de sourire dans les coins de leurs yeux. Enfin dans ceux de Taeil surtout. Il devait souvent sourire.

Les épaules de Taeil s'étaient affaissées.

-Il ne m'avait pas prevenu qu'il attendait de la visite. Il n'est pas encore levé mais si c'est urgent...

Mark s'empressa d'hocher la tête.

-Très urgent.

Et Taeil le laissa entrer sans plus de cérémonies. Il espérait vaguement que ce garcon aux cheveux bleus soit la cause des larmes probables de son petit frère et qu'il puisse les résoudre.

Mark suivit Taeil, hypnotisé par son aura. Il reconnaissait le calme qui l'envahissait. Il lui arrivait de le sentir quand il était avec Donghyuck.

Il secoua la tête. Il devait se débarrasser de cette sensation. Il ne devait pas s'intéresser au frère de l'autre. Rien qui ne devrait rendre plus dur le fait de couper les ponts.

Qu'importe.

Il avait trop mal.

Il regarda Taeil toquer contre une porte et ne put retenir un petit gloussement quand un grognement leur répondit de l'autre côté.

-J'ai un ami à toi qui veut te voir, lui annonça Taeil sans chercher à entrer.

Mark sentit son ventre se nouer violemment. Il ne savait pas comment il devait agir. Il venait juste récupérer sa fichue clef au départ. Dans quoi s'était-il encore embarqué ?

La porte s'ouvrit, laissant apparaître la tête de Donghyuck.

Et l'ombre de sourire qui flottait encore sur les lèvres de Mark disparut. Le brun déglutit.

-Mark, le salua-t-il.

Il jeta un regard en coin à Taeil et celui-ci lui fit un petit signe de tête avant de descendre pour les laisser seuls.

Mark fixa Donghyuck, un masque impassible sur le visage. Une fois que les bruits de pas furent inaudibles, il se permit de se relâcher légèrement.

-Je viens récupérer ma clef Usb.

Sa voix était lisse, sans émotions. Si ce n'avait été pour son visage encore ravagé par les larmes de cette nuit, Donghyuck aurait pu croire qu'il n'en avait rien à faire.

Et c'est les traces de larmes sur les joues de Mark qui le poussèrent à le laisser entrer.

-Je vais chercher ça, marmonna-t-il terriblement gêné.

Mark lui en voulait. Pas besoin d'être un génie pour le voir. Mais Donghyuck ne savait pas comment se comporter avec lui. Qu'étaient-ils désormais ? Tout changeait trop brusquement et il détestait ça.

Il ignora le craquement dans son cœur quand il vit Mark s'adosser à la porte une fois entré. Il connaissait ce comportement. Près de la porte pour s'enfuir rapidement, pour le bloquer si lui tentait la fuite, pour ne laisser personne l'approcher de dos. Comportement que Mark n'avait que rarement eu en sa présence et encore, uniquement au début. Comportement de quelqu'un qui n'a pas confiance.

Il cherchait, lentement pour se laisser le temps de réfléchir. Il ne s'attendait pas à le revoir de sitôt.

Pas après son message d'hier soir.

Rien que d'y penser, il sentait son corps se remettre à trembler. Il avait toujours bêtement cru que ça le soulagerait, que Mark sache. Que le poids de son secret s'envolerait enfin, que ses nuits seraient plus calmes.

Mark savait désormais, il n'avait plus besoin de mentir. Mais non. La culpabilité le rongeait toujours autant à l'intérieur.

Pire encore sa souffrance s'était amplifiée, le ravageant lentement mais douloureusement.

Il avait eu honte petit. Tellement honte quand il avait compris que c'était à cause de lui que Mark était parti. Qu'il lui avait vraiment fait mal. Si honte qu'il l'avait enfoui en lui, tout au fond de son cœur pour que personne ne sache jamais.

Il referma ses doigts sur la petite clef USB. Il referma ses doigts en une vaine tentative de retenir la joie qui lui échappait à nouveau, de retenir ses larmes qui menaçaient de couler, en une vaine tentative de retenir Mark.

Il lui tendit le petit objet et Mark le prit en murmurant un remerciement. Sans même le regarder. Et Donghyuck le regarda impuissant saisir la poignée de la porte.

Il avait besoin que Mark le comprenne. Que Mark lui pardonne. Oui il avait besoin de son pardon.

Et les mots jaillirent comme un cri du cœur.

-Mark. Attends.

Et Mark s'immobilisa.