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Donghyuck dormit beaucoup. Dans d'autres circonstances, cela aurait pu être trop ou inquiétant. Mais il trouvait enfin une forme d'apaisement, il gardait un ami précieux.

Yangyang se résigna à le réveiller en milieu de matinée le dimanche. Il n'aurait pas cru Donghyuck capable de dormir une journée et une nuit à la suite. Le brun se réveilla, les yeux toujours gonflés mais un sourire plus apaisé sur les lèvres.

Il se prépara en silence avant de soupirer. La vie lui offrait une nouvelle épreuve douloureuse. Affronter l'enfer qu'étaient ses parents. S'il n'en avait tenu qu'à lui, il aurait coupé les ponts depuis longtemps.

Mais Taeil avait insisté lors de leurs retrouvailles, malgré toute la haine qu'il leur portait, ils restaient ceux qui les avaient mis au monde. Et puis, ajoutait toujours son frère avec un sourire joueur aux lèvres, leur héritage se révélait assez conséquent, mieux valait être sur le testament.

Donghyuck ruminait encore tout ça quand Taeil passa le chercher. Ils s'installèrent en voiture dans le silence. L'aîné ne posa pas de questions, laissant son brun préféré se perdre dans sa tête.

A vrai dire, son frère semblait déprimer. Le soleil ne brillait plus aussi fort qu'avant autour de lui. Il perdait en chaleur, en joie à une vitesse effrayante. Taeil avait eu peur que son cadet ne devienne qu'un gouffre profond et noir en quelques jours, aussi avait il préféré ne pas en assumer la responsabilité. Cependant il semblait que Renjun aussi l'avait fui.

Et brusquement Taeil eut peur. Et s'il était déjà trop tard ? S'ils avaient perdu Donghyuck sans s'en apercevoir et que maintenant il ne parlerait plus ? Si...

-Hyung attention ! T'es pas concentré sur la route, on va avoir un accident si ça continue, le sermonna brusquement le brun.

Taeil s'excusa et se reconcentra sur la route. Pourtant une part de son esprit continuait de s'inquiéter. Sa voix n'était-elle pas trop morne ? Trop fatiguée ? Trop brisée ?
Pourtant l'aîné avait connu des ruptures douloureuses et savait qu'on pouvait s'en sortir. Mais là il s'agissait de son petit frère, celui qui souffrait depuis des années d'un mal de l'âme sans jamais en avoir parlé, il s'agissait de Lee Donghyuck, le plus grand cachottier de tous les temps.

Taeil soupira en mettant le frein à main.

-On est arrivé.

-J'ai vraiment pas envie, grimaça le brun, on est vraiment obligé de ?

-Maintenant qu'on y est. Et n'oublie pas de sourire sinon le repas va encore être vraiment désagréable, tu connais notre mère.

Taeil vérifia un instant son apparence dans le petit miroir de la voiture alors que Donghyuck contemplait la maison devant laquelle ils étaient garés.

C'était une grande bâtisse, toute en hauteur. Elle l'avait toujours mis mal à l'aise, il ne s'était jamais senti chez lui dans cette maison. Elle était froide, glaciale même, jamais accueillante. Et comment lui en vouloir, elle n'avait jamais connu les rires d'une famille heureuse, rien que le bruit des valises une fois de temps à autre, l'espace d'une semaine.

Ils sortirent enfin de la voiture et après un dernier soupir, Taeil sonna.

Presque aussitôt, la lourde porte en chêne s'ouvrit, dévoilant une belle dame. Ses cheveux grisonnants étaient tirés en un chignon serré, venant lisser les plis de sa peau. Sa robe tombait droite et se stoppait en dessous de ses genoux, figée depuis une éternité.

Il y eut un long silence, le temps pour eux de se détailler puis Madame Lee se recula, un sourire s'invitant sur son visage, venant plisser la peau.

-Entrez les garçons, votre père et moi vous attendions.

Donghyuck avala difficilement sa salive et finit par avancer, poussé par Taeil.

II avait les mains moites et la gorge nouée. Il détestait venir ici. Il posa son manteau sur le premier crochet venu et se débarrassa de ses chaussures. Il essuya nerveusement ses mains sur son haut et grimaça. Il voulait partir maintenant.

Un coup de coude de Taeil le ramena à la réalité.

-Fais un effort, c'est juste le temps d'un repas, soupira ce dernier.

Donghyuck regarda la direction que venait de prendre sa mère et souffla. Juste un repas. Il allait y arriver. Il s'enfonça alors à sa suite, chantonnant dans sa tête pour se donner du courage.

Les couloirs étaient propres, il soupçonnait ses parents de payer plusieurs femmes de ménage pour entretenir la maison. Les vieilles lampes murales projettaient leur lumière faiblarde sur les murs pourpres, créant une ambiance lourde et chargée.

Les cadres posaient leurs yeux mécontents sur les arrivants et Donghyuck se retint de s'excuser de déranger. Ces tableaux l'avaient toujours effrayé enfant et il se rendait compte que cela n'avait pas changé en grandissant. Il détestait les regards sévères des personnages qui le jugeaient qu'importe ce qu'il faisait.

Il sentit la main de Taeil se poser sur son épaule en un geste vain de réconfort et décontracta ses épaules. Il haïssait ces couloirs interminables qui sinuaient dans la bâtisse.

Enfin ils entrèrent dans la salle à manger. Comme toujours, la pièce n'était chauffée qu'au strict minimum puisque dans tous les cas "la chaleur se perdrait dans la pierre".  Donghyuck risqua un coup d'oeil et aperçut son géniteur assis dans un fauteuil. L'homme se leva en les entendant et vint à leur rencontre. Sa stature était droite et sa main avenante. Cependant son visage ne trompait pas Donghyuck. Il était d'une froideur polie, comme s'il rencontrait de nouveaux clients.

Taeil le premier serra la main tendue.

-Il fait toujours aussi froid ici, le salua-t-il. Il faisait meilleure figure que Donghyuck mais n'y était pas non plus de gaieté de cœur.

Son cadet laissa d'ailleurs un soupir franchir ses lèvres.

-Oh tu sais, il est inutile de chauffer, la chaleur se perdrait dans la pierre, répliqua d'un ton éducateur leur père.

Donghyuck avait mimé la réponse en silence et cela n'échappa pas à sa mère. Elle pinça les lèvres de mécontentement. Le dîner s'annonçait long.

Pretty Boy -MarkhyuckOù les histoires vivent. Découvrez maintenant