Synnfōs.

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PDV LUCY

     J'ai mis pied à la vallée morte il y a seulement deux heures. Croyez moi, on ne l'appelle pas comme ça pour rien. Il n'y a rien de vivant ici. Même pas une fourmi. Ça va me permettre de laisser libre court à ma colère. J'ai intérêt à en profiter puisque je ne serai plus là dans deux jours. Il faut que j'aille dans la cité de l'Aube.

     Alors que je marche vers une destination inconnue, je sens l'air s'alourdir et devenir irrespirable.

??? : nous nous revoyons finalement Lucy.

     Mais... Qu'est-ce qu'il fait là?!

Lucy : Zílio? Pourquoi n'as-tu pas disparu? Tes maîtres ne sont pourtant plus de ce monde.

Zílio : je suis un Dieu des ombres. Qui a dit que c'est parce qu'ils disparaîtraient que je les suivrais?

     Ça, c'est vrai. Je n'ai pas vraiment réfléchi à la question.

Moi : dis comme ça...

     Je souffle et lui demande :

Moi : qu'est-ce ce que tu veux? Je n'ai pas vraiment le temps pour toi. Je dois t'éliminer et vite fait.

     Ce disant, je fais apparaître une orbe de lumière dans la paume de ma main.

Zílio : tu dois vraiment me faire disparaître?

Moi : tu es une menace, alors oui. Dis moi ce que tu veux.

Zílio : je vois que malgré le mal qui grandit en toi, tu es toujours du côté du bien. Dommage. J'avais un marché.

     Hm?

Moi : lequel?

Zílio : je sauve ta fille et en échange, tu te laisses submergée par la puissance que tu détiens. Je veux que tu m'aides à conquérir les deux mondes et... Que tu deviennes mienne.

Moi : pardon?!

     Il prend une forme humaine et se place en face de moi. Il est beaucoup trop proche à mon goût.

Moi : éloigne toi.

Zílio : accepte ma proposition. J'ai besoin de quelqu'un comme toi à mes côtés.

Moi : désolée, mais je ne veux pas. J'appartiens déjà à quelqu'un d'autre, je suis mère de trois enfants et ma famille entière m'attend. De plus, je n'ai pas besoin de ton aide. Ma fille va être sauvée très bientôt et je ne te laisserai pas faire de mal à mon royaume ou à Earthland!

     Je mets l'orbe en face de moi, ce qui l'oblige à s'éloigner.

Moi : et puis, ça m'étonnerait que tu sois intéressé par moi.

Zílio : et pourtant c'est le cas. Deviens ma reine.

Moi : il y a une autre raison pour laquelle tu me convoites, pas vrai?

     Un sourire mi-moqueur mi-charmeur naît sur son visage.

Zílio : oui, c'est vrai. La graine maléfique que tu as en toi m'intéresse également. Mais...

     Il disparaît subitement et avant même que je ne puisse comprendre ce qu'il se passe, de puissants bras m'étreignent la taille et le tour du cou, tandis qu'une voix chuchote à mon oreille :

Zílio : somnus.

     Presque aussitôt, je me laisse glisser au sol, ne sentant plus mes jambes ainsi que le reste de mon corps, accompagnée par Zílio.

Ellipse de plusieurs heures.

     Je me réveille dans un lieu inconnu. C'est plutôt sombre, mais joli. La pièce est grande. Je crois que je suis dans une chambre... Attendez! Mais qu'est-ce que je fais là?! Et où suis-je?

     Je me lève diligemment et regarde avec un peu plus d'attention : tout est luxueux ici... Mais la décoration est toute sombre. Entre gris et noir... Par contre, je trouve ça joli quand même. En revanche, ma question reste la même : où est-ce que je suis?

??? : vous êtes enfin réveillée, ma reine.

     Je tourne la tête du côté gauche pour voir une femme au visage impassible et inclinée en un signe de salut.

Moi : qui êtes-vous? où suis-je?

??? : je m'appelle Rita, ma reine. Vous vous trouvez dans le château de son Altesse Zílio.

     Mais qu'est-ce que...

     Je descends du lit et remarque que je suis vêtue d'une longue robe de princesse noire.

Moi : qui m'a habillée?

Rita : c'est moi, majesté.

     Je soupire de soulagement. Elle me présente une paire de talons hauts que je mets en la remerciant. On toque à la porte, et Rita va l'ouvrir. Une autre servante entre et s'incline.

??? : sa seigneurie veut voir son épouse immédiatement.

     Son quoi?!

Moi : tant mieux, parce que j'ai à lui parler!

     Je sors de la chambre en courant, et utilise un sort de localisation pour retrouver cet enfoiré. Entre temps, ma colère accroît.

     Tout en me rapprochant de la salle du trône, je ralentis et marche les poings serrés à m'en faire saigner et la mâchoire contractée. Me voyant approcher avec haine, les deux gardes postés de par et d'autre de la grande double porte en matière précieuse se figent.

     Qu'est-ce qui n'est pas fait de matière précieuse ici?

     J'ouvre violemment les portes, et lance un regard pire que meurtrier à Zílio tandis que les servantes qui sortent avec préméditation de la pièce paniquent.

Moi : enfoiré! Comment as-tu osé m'amener ici alors que je n'étais pas consentante?!

Zílio : j'adore sentir cette colère emmenant de toi.

     Il apparaît soudainement devant moi et me prend par la taille. Je pose mes mains sur son torse pour l'éloigner le plus possible de moi.

Moi : lâche moi ou tu vas le regretter. Je ne suis pas d'humeur pour tes bêtises. Laisse moi partir.

     Son visage s'assombrit et il me répond :

Zílio : jamais. Tu vas rester avec moi.

Moi : je suis déjà une femme mariée! Et mes marques le prouve.

Zílio : peu importe tes marques.

     Je réussis à le repousser, et fais trois pas en arrière. Je croise mes bras en dessous de ma poitrine et tente de me calmer. Pour cela, je pense à ma petite Alicia.

Moi : dis moi au moins où je me trouve.

Zílio : tu es dans mon royaume : Synnfōs.

Moi : ton royaume ?

Zílio : le royaume des ombres. Malheureusement, à cause de tes amis et toi, plus du trois quart de la population a disparu.

Moi : je n'ai jamais entendu parler d'un royaume uniquement fait pour les ombres. Où se situe-t-il?

Zílio : dans un lieu gardé des Enfers.

Moi : impossible. J'ai détruit ce lieu lors de ma première guerre.

Zílio : il semblerait qu'une partie ait survécu alors.

     Moi qui avais prévu retourner auprès des autres...

𝕮𝖔𝖆𝖑𝖎𝖙𝖎𝖔𝖓 : 𝕭𝖎𝖊𝖓 𝕰𝖙 𝕸𝖆𝖑. [TOME 3]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant