trente-cinq

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Sans même avoir pris la peine d’arriver au bout du premier couloir, je me mets tout bonnement à courir, traversant le reste de l’immeuble, ne m’arrêtant plus jusqu’à arriver à l'accueil, dans lequel je déboule aussi vite en entrant qu’en sortant. Je foule de mes chaussures le trottoir froid, de par une nuit glaçante, avant de m’enfoncer dans l’obscurité, serrant ma capuche sur ma tête.

Bien vite, je cherche à m’éloigner le plus loin possible de l’agence, bien trop inquiet que l’on vienne me chercher et me sermonner comme il se doit. Mes jambes s’activent alors toutes seules, malgré le froid, galopant presque, dans les rues, les chemins, les ruelles, et pourtant, je n'arrive pas à savoir où est-ce que je devrais aller.

Je ne veux définitivement pas retourner sur mes pas, je ne peux pas me retrouver en face des garçons, sous risque d'exploser ou de craquer. Mes nerfs ont complètement lâché et c'est en m'arrêtant, proche d'un banc, que je regarde cette fichue page, entre mes doigts.

- J'en peux plus, grognais-je en venant la déchirer de frustration, mon visage se crispant plus le bout de papier ne s'éparpille dans mes mains.

Juste après, ils se retrouvent tous dans la poubelle à quelques mètres de moi, dans laquelle je les ai brusquement jeté. Les mains libres, je me résous à attraper mon téléphone, dans ma poche, le déverrouillant sans prendre la peine de regarder mes notifications.

Une première idée me vient, celle de retourner à l'appartement, étant le mieux pour m'éviter les problèmes, et pourtant, je décide d'aller encore un peu plus loin aujourd'hui, lançant un appel avec le grisé, priant pour qu'il ne se soit pas déjà endormi.

Une première sonnerie retentit, laissant place à toutes ces congénères, avant de tomber sur la messagerie du garçon. Ne désespérant pas tout de suite, je relance alors le numéro deux fois de suite avant de finalement entendre la voix du grisé me parvenir.

- Oui ?... Chan ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu ne m'appelles pas souvent, marmonne-t-il, semblant avoir été aux portes du sommeil.
- Je suis désolé de te déranger, je sais que tu allais au lit, et que-
- Tu ne me déranges pas, chuchote-t-il. Je fermais les yeux mais Morphée ne m'avait pas encore eu, ricane-t-il, me faisant un bien fou.
- Tant mieux, souriais-je faiblement en laissant traîner un silence que je ne sais combler tant je me sens soudainement bête.
- Tu veux me dire quelque chose ? Dis-moi ce qu'il se passe, commence à s'inquiéter le grisé.
- Bah… Je… Cherchais-je mes mots comme un enfant perdu, mes pieds vacillants, ma gorge se nouant une nouvelle fois.

Mes yeux trouvent mes pieds, que je ne lâche pas, les observant sans but, me trouvant simplement un point fixe, le cœur battant, le souffle me manquant quelque peu.

- Je… Recommençai-je, d'une voix basse, qui finira par se briser dans mon aveu. Je ne me sens pas très bien Minho.

Voulant cacher un sanglot soudain, je martèle ma lèvre inférieure en la mordant, tout en remontant une main contre ma bouche, la pressant rudement, me coupant pratiquement le souffle.

- Ne cherche pas à te retenir, non, pas avec moi mon amour.
- M-Minho, hoquetait-je à l'entente du surnom rempli d'amour, nouant un peu plus ma gorge, les mots ayant du mal à se former.
- Viens à la maison, rejoins-moi. Je vais t'ouvrir la porte, pas question que tu ne sois pas prêt de moi.
- J'ai besoin d'un câlin, couinais-je.
- Alors tu auras un câlin.

C'est alors que je me permets de laisser échapper une première larme, perdant alors le contrôle de mes émotions. Mes mains commencent doucement à trembler alors que, toujours en appel avec le garçon, je lève les yeux pour observer le passage de quelques taxis.

- M-merci infiniment, je dois tellement t'embêter mais j'ai besoin de toi, soufflais-je doucement, mon cœur se serrant.
- J'ai tout autant besoin de toi, et c'est faux, il n'y a pas de problème, si mon petit ami ne se sent pas bien, alors je veux pouvoir le réconforter.
- C'est t-tellement gentil. J-je vais prendre le taxi, je suis devant chez-toi dans environ 15 minutes, l'informais-je en essuyant les quelques larmes sur mon visage avant de lever la main pour faire arrêter un des taxis de la ville.
- D'accord, je serais là pour t'accueillir.
- Je t'aime.

svt ; boys in love ᶜʰᵃᶰ⁺ᵇᵒʸOù les histoires vivent. Découvrez maintenant