14.

45 10 3
                                    

Une fois mon verre rempli, je préfère sortir sur un balcon plutôt que de les regarder valser. Je n'aime pas la jalousie que je ressens. Je me sens inintéressante, mon égo en a pris un coup. Je m'accoude au bord pour admirer les jardins du palais et continue de siroter mon vin en me perdant dans mes pensées. La soirée ne se passe pas comme je l'avais imaginé.

Petit à petit la colère se tourne en déception et en regret. Soudain un homme arrive à côté de moi, s'adossant aussi au bord du balcon. Je pivote légèrement mes yeux vers lui pour l'observer rapidement mais je n'arrive pas à voir son visage. Je me demande bien pourquoi il vient me déranger.

- Je ne vous ai jamais vu ici, commence-t-il avec une voix plutôt claire.

- Je suis uniquement de passage dans cette ville.

- D'où venez-vous ?

- De Vielburg. C'est de l'autre côté de la rive, répondis-je sans trop aller dans le détail.

- La fameuse ville de Vielburg... J'ai bien du mal à croire qu'une si belle femme vienne de cette ville de misère.

Je fronce légèrement les sourcils en entendant ses mots. Il faut avouer que ce n'est pas le rêve de vivre dans un endroit où il y a plus d'usine que de maison mais de là à dire cela, il est plutôt culoté. Je le regarde dans les yeux pour lui exprimer ma désapprobation, en profitant pour regarder son visage.

Ce jeune homme a le regard d'un bleu glaçant bien que son expression soit aussi chaleureuse que sa voix. Ses cheveux noir ébène font un contraste encore plus déstabilisant mais un charme fou dégage de lui, comme une aura de supériorité naturelle.

- Je vous demande pardon ? finis-je par dire.

- Excusez mes propos mais je n'ai pas vraiment une bonne image de cette ville.

- Je vois ça. Il est vrai que ce n'est pas le meilleur endroit pour vivre mais nous ne sommes pas si malheureux que ça.

- Alors pourquoi êtes-vous partie, si cela n'est pas indiscret ?

- Ça l'est...

Je laisse un petit silence.

- Je voulais voir du paysage, voir autre chose que ma ville et ses éternels usines.

Je me mets à lâcher un petit rire en remarquant qu'il n'a pas tort, finalement.

- Vous avez raison, c'est une ville de misère, avoué-je.

Il émet aussi un léger rire. Ses yeux se tournent vers les environs. Je fais de même.

- Vous êtes arrivé quand ?

- Hier.

- Vous n'avez pas vu grand-chose alors, j'imagine.

- Non, je suis juste allée au port et ici.

- Suivez-moi, dit-il en me tendant la main tel un gentleman.

Je baisse mes yeux vers sa main puis regarde de nouveau ses yeux bleus. J'hésite un peu à suivre cet inconnu mais mon partenaire est encore en train de danser et je n'ai pas envie de rester seule ici. Je glisse ma main timidement, sentant en même temps la douceur de sa peau, prouvant qu'il vient surement du même milieu que moi. Son accoutrement montre qu'il est plutôt haut placé.

Il serre un peu ma main et m'emmène dans un couloir rempli de garde, loin de la fête. Où compte-t-il aller avec moi ? Nous marchons, enfin, nous courrons légèrement dans les couloirs comme des enfants qui jouent dans un palais vide et je profite de cette balade pour observer les murs, les fenêtres, les fleurs, les tapis, les lustres qui défilent devant mes yeux au rythme de notre course.

La Chasse Hierdun - Et si tout était faux ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant