L'enfer commence, je n'aurais pas dû accepter. Toutes les 5 minutes nous sommes arrêtées devant une boutique. Nous avons essayé une cinquantaine de tenues différentes. Elle tente de me faire porter un nouveau style, des nouvelles choses mais je suis rarement convaincue. Heureusement, parmi quelques articles, j'ai pris quelques affaires et une robe pour la fameuse soirée de ce soir. J'ai opté pour un rouge/rose plutôt profond. Rose ne fait que de dire : « Tu es sublimissime dans cette robe ! ». J'ai fini par la croire et j'ai acheté la tenue complète avec des petits escarpins noirs. Après une énième boutique, Rose se stoppe net devant moi avec un petit sourire malin.
- Qu'est-ce que tu prépares encore ? Nous avons tout ce qu'il nous faut.
- Non ! On doit continuer ton relooking en passant par la case coiffeur !
Je roule les yeux en soupirant de plus belle, j'étais persuadée d'en avoir enfin fini. Mais non. Elle part en chemin vers le coiffeur le plus réputé de la ville. Une fois dans le salon, un homme se présente à nous et observe ma chevelure en hochant de la tête à chaque instruction de Rose. Il ne semble pas persuadé de ce qu'elle lui propose et moi non plus d'ailleurs. Un carré brun ? Complètement l'opposé de ce que je suis maintenant.
Je reprends les rênes de ce qui est supposé être un moment agréable en demandant plutôt au coiffeur de me couper légèrement les pointes et de refaire quelques petites améliorations à ma coupe actuelle. Et ne surtout pas toucher à la couleur. Il est hors de question que je m'empêtre dans une course à la racine. Heureusement, Rose doit partir et me laisse seule dans ce salon. J'ai enfin un petit moment de répit.
***
Une fois devant le miroir de ma chambre, je suis heureuse de ce que le reflet me renvoie. Je tourne et virevolte en m'observant. Je ne suis pas sûre que cela change vraiment grand-chose mais, à défaut, cela m'a fait du bien. Rose m'a finalement bien compris, j'ai besoin de me reprendre en main et c'est avec une volonté profonde de faire des connaissances que je traverse la porte des Lockels.
Cependant, lorsque je vois le monde qu'il y a et ces personnes qui semblent complètement imbues d'elles-mêmes, je déchante rapidement. Je contourne la foule pour aller voir mon amie qui est avec un groupe de filles. Rose me fait un grand sourire et me présente les 5 demoiselles devant moi : Greta, Nicole, Betty, Anne et Julie, toutes plus belles les unes que les autres. Elles se présentent rapidement à moi au travers de quelques mots puis je me présente à mon tour sans aller trop loin non plus. Je ne veux pas vraiment me dévoiler. Mais Rose ne peut tenir sa langue dans sa bouche et leur annonce que je suis une chercheuse à la conquête de nature ce qui fait rire toute la bande.
Je rêve ou elle vient de me rabaisser publiquement ?
Je me sens très rapidement mal à l'aise face à leurs moqueries et pars me réfugier vers le buffet. Soudain, je l'aperçois. C'est lui, l'homme d'hier ! Mais que fait-il ici ? Ni une ni deux, je m'avance rapidement dans sa direction.
- Excusez-moi ? Monsieur ?
Il s'arrête net et se tourne vers moi avant de froncer les sourcils, l'air questionneur.
- Oui ?
- Bonjour, je suis Madame Vi...
- Villente, je sais ! Amélia Villente.
- Oui. J'ai beaucoup de question à vous poser, Monsieur ?
Il retourne les talons et reprend son chemin. Jamais personne ne lui a appris que c'est malpoli de tourner le dos à quelqu'un qui vous parle ! Je me permets d'être insistante, remarquant que, de toute façon, la politesse ne fait pas partie de ses atouts.
- Excusez-moi de vous importuner mais c'est vraiment important ! Je veux des réponses !
- Je travaille actuellement, laissez-moi tranquille, grogne-t-il.
Je ne vais pas me laisser faire comme ça. Je me mets devant lui et le bloque, l'obligeant à m'affronter directement.
- Pourquoi avez-vous dit que la forêt est dangereuse ?
Visiblement, cette question le tourmente vu qu'il s'arrête net et regarde autour pour s'assurer que nul-autre n'a entendu. En vue du brouhaha autour, personne ne risque de nous entendre. Surtout qu'ils sont uniquement préoccupés par eux-mêmes. Il prend mon bras et me tire vers un coin.
- Ne dites pas ce genre de chose en société ! chuchote-t-il.
- Répondez à mes questions, répondé-je sur le même ton.
Il soupire en se redressant et me lâche le bras. Je crois qu'il a compris que je ne compte pas le laisser. Il réfléchit plusieurs secondes avant de me déclarer : « Retrouvez-moi demain à 18 heures là où nous nous sommes rencontrés hier. »
Après ses quelques mots, il part reprendre son service. Je croise les bras, un peu déçue de ne pas avoir eu ce que je veux dès ce soir et devoir attendre encore une journée mais cela vaut mieux que rien du tout. Je prends un verre de vin rouge. Je retourne auprès de Rose qui est encore avec son groupe de pimbêches.
Toute la soirée je ne peux m'empêcher de fixer cet homme qui prend bien soin d'éviter tout contact avec moi.
En voyant que je ne suis pas du tout dans l'ambiance de la soirée et encore moins prête à me faire séduire, Rose me tape avec son coude pour que je revienne à la réalité. Je détourne le regard pour l'orienter vers elle. Elle me fait un grand signe des yeux en direction d'un charmant jeune homme qui essaye visiblement d'attirer mon attention.
Je reprends mes esprits et affiche un sourire presque pensé vers mon nouvel interlocuteur, James. Après tout, je suis là pour faire des connaissances, alors j'accepte de lui parler un petit peu et apprendre à le connaître.
Il me raconte sa vie dans une famille modeste avec ses petits frères qui sont tout le temps en train de se chamailler et de crier dans la maison. Certaines de ses imitations me font rire. Au bout de quelques minutes, je n'arrive plus à suivre la conversation car je suis plongée dans ses beaux yeux bleus. Il est plutôt mignon finalement. Grand, mince, blond aux cheveux courts, bronzé mais pas trop non-plus, comme ces hommes qui travaillent dans les champs, le gendre idéal ! Soudain, je suis surprise par cette pensée, comme dictée par les idioties de mes parents. Je secoue légèrement la tête pour me remettre à écouter notre discussion.
- Pardon vous disiez ? dis-je.
- Je vous demandais si vous aviez des petits frères ou sœurs, Amélia ?
- Oh ! Eh bien, il se trouve que non. Il semblerait que j'ai été une enfant bien trop affreuse pour que mes parents aient envie de réitérer l'expérience, dis-je en riant légèrement.
Serait-ce le vin ou je deviens sociable ?
Nous passons le reste de la soirée a discuté de ses passe-temps, de ses journées de travail. Je suis plutôt intéressée par la conversation bizarrement. Son élocution est très agréable. Je pourrais l'écouter pendant des heures. Parfois, il me pose des questions sur moi, ma famille, mes loisirs. Je reste brève, je n'aime pas vraiment parler de moi. Je trouve cela tellement plus facile de juste écouter. Cela me permet d'observer et de mieux comprendre mon interlocuteur.
Je suis tout de même assez à l'aise pour lui dire que je fais beaucoup de recherche sur l'ancien monde, avant La Chasse. Il est très concentré sur mes paroles mais, malheureusement, je n'ai pas grand-chose à lui apprendre de nouveau. Tout ce que nous savons du monde d'avant nous a été appris dans les livres et à l'école.
VOUS LISEZ
La Chasse Hierdun - Et si tout était faux ?
Paranormal"La Chasse Hierdun est un événement tragique qui a détruit toute la faune et la flore de ce monde, laissant derrière elle le bruit des usines, des voitures ainsi qu'une famine incurable. C'est dans cet univers qu'Amélia va grandir, plongée dans ses...