La Chasse Hierdun - Et si tout était faux ?

16.

La nuit n'a pas été aussi salvatrice que je l'espérais. Je n'ai fait que des cauchemars, j'ai fini par être officiellement réveillée à 6h du matin. Pour moi qui suis une grande dormeuse d'habitude, je suis loin d'être en forme aujourd'hui. Je ne fais que de réfléchir, passant les souvenirs d'hier soir dans ma tête, encore et encore.

Je me demande si c'est une bonne idée de retourner voir Edouard aujourd'hui, si je vais être en sécurité avec lui, s'il n'est pas en train de totalement me mentir ou prévoir de me tuer.

Je croirais entendre Rose, à être aussi dramatique !

Mais la question doit se poser et je dois aussi la poser à mon ami, qui dort comme un bébé.

Je suis vraiment jalouse de la façon qu'il a de s'endormir comme cela et de faire des nuits complètes. Jamais à s'inquiéter de la vie, des autres ou alors, il cache bien son jeu.

Dans tous les cas, à ce moment précis, je l'envie. J'essaye de me placer autrement dans le lit, espérant que cela facilite la tâche. C'est ce que je fais constamment depuis 10 minutes et Morphée n'a toujours pas décidé de m'aider.

Je ferme les yeux et me focalise sur ma respiration pour la calmer.

Inspire, Expire... Inspire, Expire... Inspire, Ex... quand j'y pense, cette garce était vraiment culotée à l'inviter à danser alors que j'étais là !

Je me rappelle son petit regard de séductrice, avec ses cheveux bruns bouclés telle une diva. Elle avait cette manie de battre des cils comme une charmeuse sacrément expérimentée.

Machinalement, je me mets à imiter ses battements de cils avec presque l'expression de ses sourcils.

Inspire, Expire...

Ça ne marche pas ce truc !

Impossible de dormir. Je sors doucement des draps et me dirige vers la salle de bain pour boire un verre d'eau et essayer de me calmer. 6h25... Je me regarde dans le miroir, les yeux encore gonflés par les larmes et la fatigue. Je ne sais pas ce qui m'arrive mais je manque définitivement de sommeil.

Super !

Je retourne dans le lit et attrape le petit carnet de voyage que j'ai emmené pour écrire. En le feuilletant pour trouver une page blanche, je retombe sur le dessin du petit écureuil que j'avais fait, juste avant de rencontrer Kaïs.

Je me souviens de l'excitation que j'ai ressenti en voyant la bête. Je ris un peu devant mon livre en repensant à ce souvenir puis m'arrête, me rappelant que je ne suis pas seule.

Une fois que j'ai bien vérifié que mon ami dormait encore, je commence à écrire quelques lignes, exprimant le début de mon voyage, mon ressenti face à toutes les choses que j'ai appris, vu, ressenti. Je veux tout garder en tête au cas où j'ai envie de replonger dans ces souvenirs, d'ici quelques années.

Ecrire dans un journal est devenu une habitude pour moi qui me suis toujours sentie seule ou pas assez bien. Il semble que la seule chose que les gens aient envie d'écouter ce sont des potins. Or ce n'est pas le genre de discussion que j'aime avoir et dans lequel je me sens le mieux. Je n'ai jamais rien à raconter de toute façon, ce qui fait que je suis souvent seule au final et personne n'est là pour entendre ce que j'ai à dire.

C'est pour cette raison que je préfère écrire plutôt que parler, dessiner au lieu de raconter et tous ces souvenirs restent gravés en moi.

Je prends le temps d'écrire aussi mon ressenti face à mon partenaire de voyage. Je me demande pourquoi il est aussi secret et ce qu'il cache vraiment. Je me demande aussi pourquoi il a accepté de faire ce voyage s'il comptait pas être un minimum ami avec moi.

Pourtant, j'aimerais tellement apprendre à le connaître. Il ne doit pas avoir beaucoup d'ami et je ne suis pas sûre qu'il a déjà été du genre à beaucoup blaguer.

J'aimerais entendre à nouveau son rire.