17.

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Kaïs finit par se réveiller plusieurs heures après moi, pendant que je suis en train de lire un livre en attendant, sans bruit. Je l'entends tourner toutes les 30 secondes et il ouvre enfin les yeux vers moi, l'air surpris que je sois réveillée avant lui. Je lui affiche un petit sourire avant de marquer la page de mon livre et de le refermer pour discuter avec mon ami. Il baille bruyamment, me faisant rire au passage.

- Bonjour la bête, dis-je en souriant.

- Bonjour la belle, finit-il par dire. Pourquoi tu ne dors plus ?

- Je ne fais que penser, je n'ai pas vraiment bien dormi, à vrai dire.

- Ça se voit, tu as une tête horrible.

Je fronce les sourcils avant de lui lancer mon coussin dans la tête puis je ris un peu, amusée. C'est la première fois qu'il me charrie comme ça mais je suis plutôt contente de voir qu'un début de complicité se créer. Il sort de son lit et va prendre un t-shirt pour l'enfiler. Je le laisse faire sans regarder, voulant lui laisser le peu d'intimité qu'il peut avoir, même s'il n'a jamais été très pudique.

- Kaïs, il faut que je te pose une question. C'est par rapport au gars d'hier soir...

- Je viens à peine de me réveiller, Amélia, soupire-t-il.

Je baisse les yeux, un peu vexée.

- Je t'écoute, reprend-t-il finalement.

- Il m'a demandé de le retrouver ce matin, mais je ne sais pas si c'est une bonne idée.

- Tu sais pourquoi il veut te voir ?

- Non.

- Tu veux y aller ? ajoute-il en se retournant vers moi.

- Je suis curieuse mais je ne sais pas si c'est une bonne idée... Comme tu as dit hier, je ne sais rien de lui et je ne sais pas si c'est quelqu'un de bien ou non.

- Je peux toujours t'accompagner au cas où. Mais s'il voulait te faire du mal, il l'aurait déjà fait.

Je souris un peu en lâchant un soupir. Il n'a pas tort. Je ne sais pas à quoi m'attendre mais cela serait idiot de partir sans entendre ce qu'il veut me dire. Je veux en savoir plus sur l'histoire de nos familles.

Il ne semble pas vouloir me tuer ou autre mais une petite voix dans ma tête me dit de rester sur mes gardes avec lui.

Kaïs se rapproche de moi et s'assoit à mes côtés en prenant ma main. Ce contact me surprend autant qu'il m'apaise instantanément. Je sens son parfum flotter à côté de moi, faisant disparaître le brouillard qui règne dans mon esprit.

- Il ne t'arrivera rien, tant que tu es à mes côtés, Amélia.

Mon prénom sonne tellement bien avec le son de sa voix et je regarde nos mains entremêlées l'une dans l'autre. Je sens que je rougis un peu mais je n'ai pas envie que ce moment s'arrête, je veux rester comme ça pendant encore quelques minutes, silencieuse, apaisée et confiante. Il procure un calme en moi que je n'ai pas ressenti depuis longtemps.

Je lève les yeux vers les siens et je remarque un petit sourire sur ses lèvres. Je vois plus clairement ses yeux au travers ses bouclettes.

Il a raison, tant que je suis à ses côtés, je sens qu'il ne m'arrivera rien, qu'il me rend plus forte que je ne l'ai jamais été.

Soudain il se lève en retirant sa main de la mienne et se dirige vers le téléphone de la chambre pour appeler le service. Je suis triste qu'il parte sans rien dire de plus.

- Tu devrais te préparer avant de voir ton prince. Je ne suis pas sûr qu'il craque sur toi comme ça.

- Je ne suis pas venue ici pour trouver l'amour de toute façon. Mais je te remercie du compliment, dis-je en me levant.

- Je vais commander deux cafés et de quoi manger.

- D'accord.

Je rentre dans la salle de bain en soupirant puis me regarde dans le miroir. En effet, je suis toute rouge mais surtout très cernées et les cheveux ébouriffés à force de tourner dans le lit. Je prends ma brosse et essaye de dompter ma chevelure d'or, perdue de nouveau dans mes pensées.

Mon cœur bat si vite et si calmement à la fois. Je ne comprends pas vraiment ce que je ressens à ce moment précis mais je ne me sens plus autant dépassée que la veille ou même ce matin. Les paroles de Kaïs m'ont mis du baume au cœur et j'en avais grandement besoin.

Pendant que je me maquille, je ressens de nouveau son touché sur ma main, les images de sa danse avec la fille me reviennent, puis celles de ma danse avec Edouard. Notre danse était comme un rêve éveillé.

Je ne sais pas quoi penser de tout cela. Ce sera surement plus clair quand je l'aurai revu de nouveau ce matin, n'étant plus saoule.

J'entends soudainement la sonnette de la chambre, me coupant dans mes pensées. J'ouvre la porte et vois Kaïs récupérer la commande. Je ne peux pas m'empêcher de le regarder longuement, silencieuse. A partir de quel moment a-t-il décidé de changer comme cela ? Pourquoi, désormais, il prend plus soin de moi ? Et pourquoi, maintenant, je me sens plus attirée par lui ?

- Tu as commandé quoi ? demandé-je.

- Deux tasses de cafés et des... croissants je crois.

- Miam !

Je m'approche de lui et m'assois sur notre petite table à côté de la fenêtre. L'odeur de café enivre la pièce et je me sens un peu comme à la maison. Même si j'ai hâte de visiter de nouveaux endroits, je me sens bien dans cette petite chambre. Je me sers et croque dans mon croissant qui fond sous ma langue. Il est aussi bon que les pains au chocolat de la veille.

- Alors, tu as choisi si tu allais le voir ou non ?

- Oui et je vais y aller. Si tu es toujours d'accord, j'aimerais que tu m'accompagnes.

- D'accord. Laisse-moi boire ce café, me préparer et j'arrive.

Il n'hésite même pas une seconde, comme s'il comptait vraiment prendre soin de moi et devenir plus amical. Je vois une nette différence de comportement depuis que l'on s'est rencontrés et encore plus depuis notre discussion d'hier soir. Je suis tellement heureuse de pouvoir discuter tranquillement avec lui, sans être trop intrusive, comme il me l'a demandé la veille.

Mais, à défaut de pouvoir lui poser des questions, je l'observe pour le comprendre, avec le maximum de discrétion possible. Je regarde ses gestes, ses expressions, sa façon de parler, de réagir. C'est un homme pur, droit et tellement dénué de conversation qu'il en devient très brutal. J'ai du mal à croire qu'il a déjà blessé quelqu'un un jour. Il semble si simple et être une bonne personne.

En revanche, je doute qu'il ait déjà eu une vie sociale très importante. Je me demande ce qu'il s'est passé avec sa famille. Pour partir en voyage avec une inconnue c'est qu'il doit avoir aucune attache nulle part. C'est ce que je vois au travers de ce que j'observe depuis le début en tout cas.

Une fois notre petit déjeuné terminé, nous partons en direction du château. Je ne le sais pas encore à ce moment-là, mais ce que je suis sur le point d'apprendre va changer mon voyage à jamais et ma vie au même moment.

La Chasse Hierdun - Et si tout était faux ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant