L'odeur de l'amortentia

11 - Inui x Koko

   Inui plaqua sa main contre sa bouche pour se calmer, il serra la poignée de la portière de la voiture et tenta de se contenir, alors que Koko soufflait longuement.
— J'ai réussi absolument tout dans ma vie, pourquoi est-ce que ça, je n'y arrive pas, s'énerva Koko avec frustration.
Inui explosa aussitôt de rire. Son petit ami, qui était en train de s'énerver sur le volant de sa voiture depuis une bonne dizaine de minutes tourna vivement sa tête vers lui et le fusilla du regard.
   — Hajime regarde devant toi, s'exclama Inui, hilare.
   — MAIS JE REGARDE DEVANT MOI !
   — ALORS POURQUOI T'AS GRILLÉ LE FEU ROUGE ABRUTIT, cria Rindo à l'arrière de la voiture.
   — QUEL FEU ROUGE ???
   Inui hurla de rire en se cramponnant à la portière de la voiture. Des larmes d'hilarité tombaient du coin de ses yeux tellement il riait, et derrière lui, ses amis étaient aussi pliés de rire, alors que Koko essayait tant bien que mal de bien conduire parmi toute cette agitation.
  — Koko je t'en supplie regarde la route, je ne veux pas mourir avant d'avoir réussi à sortir avec Izana, supplia Kaku, qui était assis derrière le siège d'Inui.
   — Oui et moi je ne veux pas mourir tout court, dit Ran en s'étouffant de rire.
   — Moi j'aimerais juste pas mourir à cause de Koko, ce serait trop la honte, dit Rindo d'un air dégoûté.
   — Euh alors déjà, Kaku si tu te bouges pas plus t'auras le temps de mourir dix fois avant de refrenchkisser Izana, et Rindo tu devrais être honoré de mourir de ma main, c'est la meilleure mort possible, répliqua vivement Koko en se tournant vers ses amis.
   — Regarde la route Hajime, s'écria Inui en lui tournant la tête vers l'avant de la voiture. Tu veux vraiment nous tuer ou quoi ?!
   — Eux oui, toi jamais de la vie mon amour, dit Koko avec un sourire charmeur.
   Inui éclata de rire et lui donna une petite tape sur la joue.
   — Allez, concentre toi sur ta conduite, sinon tu l'auras jamais ton permis.
   Koko se tut et fit de son mieux pour se concentrer, alors qu'à l'arrière, Kaku, Ran et Rindo ricanaient discrètement. Inui relâcha un peu sa prise sur la portière et regarda avec attention les gestes de Koko.
   Ce n'était peut-être pas la meilleur idée de donner un cours de conduite à Koko en présence de leurs amis. Ils étaient trop excités et ne faisaient que déconcentrer Koko. Même si Koko n'était généralement pas concentré, et qu'il faisait n'importe quoi, qu'il soit seul ou non.
En acceptant de faire de la conduite accompagnée avec son petit ami, Inui n'aurait jamais pensé qu'il puisse être aussi nul au volant. Koko, qui réussissait tout ce qu'il entreprenait, qui était le meilleur en tout, comment pouvait-il être si nul en conduite ? Il ne savait toujours pas comment passer les vitesses, il confondait les pédales, une fois il avait même confondu sa droite et sa gauche ! Inui en venait à penser qu'il avait triché à l'examen du code de la route, ce n'était pas possible qu'il ait réussit seul, sinon comment était-ce possible qu'il ait eu son code ?
— À droite, dit Inui en regardant la route.
Koko enclencha son clignotant en fronçant les sourcils, et Inui explosa de rire.
— J'ai dit à droite, pas à gauche !
— MAIS JE ME SUIS TROMPÉ.
Inui se pinça l'arrête du nez et ferma les yeux pour se retenir de partir dans un nouveau fou rire.
— Si on arrive sain et sauf à la fac, je t'offre Mcdo, déclara Rindo en s'accrochant à sa ceinture, alors que Koko tournait sur sa droite.
— Pour de vrai, s'exclama Koko en se tournant aussitôt vers son ami.
— HAJIME REGARDE LA ROUTE, cria Inui en attrapant le volant pour le faire tourner, et ainsi éviter à leur voiture de percuter des piétons. Putain mais Rindo ferme-la, tu le déconcentres !
— J'essaye juste de le motiver.
— Koko aussi t'es trop con, pourquoi tu te tournes vers nous, dit Ran d'un ton moqueur.
— Mon dieu je vous en supplie, gardez-moi en vie, je vous promets que je serais gentil jusqu'à la fin de ma vie, pria Kaku en joignant ses mains sous son menton.
— On arrivera jamais entier à la fac, soupira Ran. Je savais que j'aurais pas dû monter dans la voiture.
— J'aurais dû laisser ma place à Sanzu, dit Rindo en dodelinant de la tête. Lui il mériterait de mourir avec Koko.
— J'espère qu'Izana viendra à mon enterrement au moins, ajouta Kaku dans sa prière. Et qu'il m'oubliera pas trop vite.
— Putain, je vais mourir célibataire, alors que Koko, qui est le pire conducteur au monde va mourir avec son mec. Non c'est trop là, dit Ran.
   — Après je suis placé au milieu, peut-être qu'avec un peu de chance je serais protéger de l'impact, pensa Rindo.
   — Bon, quitte à avoir un accident de voiture, je veux juste qu'on meurt dedans, parce que j'ai aucune envie de terminer ma vie dans un fauteuil roulant, dit Kaku.
— Bon taisez-vous, s'énerva Inui, partagé entre la colère et l'amusement. Hajime doit rester concentré et vous dites n'importe quoi.
Tout le monde se tut. Inui se massa les tempes, désespéré de ses amis et de son petit-ami. Qu'avait-il fait pour mériter ça ? Méritait-il vraiment de mourir d'une manière si stupide, entouré de quatre imbéciles ?
   Le silence retrouvé, Inui se détendit un peu. Ça ne servait à rien de s'énerver et de stresser, ça ne faisait qu'ajouter plus de pression à Koko. Mieux valait rester calme et lui donner des instructions en gardant la tête froide.
   — Il me fait trop peur Sei quand il est en colère, murmura Koko au bout d'un moment.
   — Pareil, chuchota Rindo.
   — J'osais pas le dire, répliqua Kaku.
   — Je vous entends les gars, dit Inui avec fatigue. Hajime ralenti, tu vas finir par écraser des étudiants.
   — Oh un de plus, un de moi, c'est pas ça qui fera la différence, dit Ran d'un ton très sérieux.
   — Grave, dit Rindo. En plus ils sont trop soûlant les étudiants.
   — Tu es toi-même étudiant, fit remarquer Inui.
   — Oui, mais les autres, ils sont chiants. Moi je suis cool.
— Ça va les chevilles, demanda Inui en riant.
— Ben maintenant que tu le demandes, j'ai des ampoules partout sur les chevilles à cause de mes nouvelles chaussures, regarde, s'exclama Rindo en levant son pied pour le faire passer entre les sièges de Koko et Inui.
— Mais Rin c'était pas une vrai question, dit Inui en virant son pied. Et va mettre des pansements sérieux, tes ampoules saignent c'est degueulasse.
— Qu'elle idée de mettre des bottines en cuire en plus, lança Koko d'un ton plein de jugement.
   — Sanzu m'a dit que ça m'allait pas et que je serais incapable de tenir deux jours avec, donc je vas les porter tout le mois pour lui prouver qu'il a tord, dit sèchement Rindo. Même si j'ai les chevilles en sang à cause de ces putains de Doc Martens.
   — Je savais que Sanzu était con mais là Rin, t'es pas mieux que lui, soupira Ran.
   — En plus pourquoi il dit que ça te va pas ? Ça te va super bien, ajouta Inui d'un air sceptique.
— Parce qu'il est chiant en ce moment. Je sais pas ce que je lui ai fait mais il me dit plein de trucs comme ça, raconta Rindo avec indifférence. Je crois qu'il s'ennuie avec moi.
— Sérieux, s'exclama Inui avec incrédulité.
Rindo ne répondit pas tout de suite. Inui fronça les sourcils et réfléchit un instant. Sanzu était un peu particulier, Inui ne le connaissait pas tant que ça car il ne faisait pas vraiment partit de leur groupe d'ami. Mais il était assez spécial et lorsque que Inui le voyait avec Rindo, il ne donnait pas l'impression d'être son petit ami, en tout cas il était presque sûr de ne jamais les avoir vu s'embrasser.
Le jeune homme réfléchit un instant. Il fit tourner le volant de Koko, qui s'apprêtait à tourner à droite au lieu de tourner à gauche, et se tourna vers son ami.
— Pourquoi il te dit ce genre de chose ?
— Je pense qu'il ne m'aime pas, dit Rindo au bout d'un moment.
Koko freina brutalement, Inui se sentit projeté en avant et sa ceinture lui coupa le souffle.
— Koko putain, s'énerva Kaku en donnant un coup dans son siège.
— Attends mais t'as entendu ce qu'il vient de dire ?! Rindo tu dis ça comme si de rien était mais ça va pas, s'exclama Koko en se tournant vivement vers son ami. Moi si je pense que Seishu m'aime plus je tombe en dépression !
— Parce que t'es sûr qu'il t'a un jour aimé, réplique Rindo. Vous êtes fous l'un de l'autre, je ne vois pas ce qui pourrait te faire un jour croire que Inui ne t'aime plus.
   — Koko tu t'es arrêté en plein milieu de la route, redémarre, dit Kaku en regardant une voiture qui passait devant eux en les klaxonnant bruyamment.
   — T'es en train de dire que Sanzu ne t'a jamais aimé, demanda Koko en ignorant son ami.
   — Non... enfin je sais pas... il veut juste s'amuser et coucher avec moi je pense, dit Rindo en haussant les épaules.
   — Mais plaque-le !
   — Oh la la Koko t'es bête ou quoi ? Moi je l'aime vraiment, et même si c'est pas totalement réciproque je suis avec lui et ça me convient. Maintenant on arrête de parler de ça parce que de un ça me rend triste, et de deux on va vraiment avoir un accident donc s'il te plaît regarde devant toi.
Koko soupira et reprit la route avec frustration.
— N'empêche, ce n'est pas très gentil ce que fait Sanzu, dit Inui avec perplexité. C'est-
— Un connard, compléta Ran.
— J'allais dire que c'était irrespectueux pour Rin, dit Inui. Sanzu n'est-
— Pas fait pour toi, plaque-le, coupa de nouveau Ran.
— Non, Sanzu n'est peut-être pas doué pour exprimer ses sentiments, corrigea Inui. Je suis aussi comme ça, je n'arrive pas à dire à une personne que je l'aime, même avec Koko c'était difficile avant. Peut-être que Sanzu est-
— Un connard.
— ... amoureux de toi et qu'il-
— Veut juste te baiser.
— ... ne sait pas comment s'y prendre avec toi et qu'au fond il est-
— UN CONNARD.
— Bon Ran on a compris, tu peux me laisser parler sans m'interrompre, s'énerva Inui.
— Je ne fais que donner mon point de vue, dit Ran avec calme.
— Oui, ben si tu pouvais arrêter de dire que mon mec est un-
— Un connard ?
— Oui.
— Ben désolé mais c'est un connard. Je le sais, tu le sais, on le sait, et il le sait. Franchement Rin, je veux bien que tous les meilleurs soient pris dans notre groupe, mais ça ne veut pas dire qu'il faut se rabattre sur Sanzu, dit Ran d'un ton plein de jugement.
— T'es juste jaloux parce que t'as personne.
— Pas du tout, je suis très bien tout seul. En plus si c'est pour avoir un mec comme Sanzu, Izana ou pire, Koko, bah non merci.
Koko freina brutalement et fusilla Ran du regard.
— Comment ça je suis le pire, s'écria-t-il d'un air consterné.
— KOKO REGARDE DEVANT TOI, crièrent Inui, Kaku, Ran et Rindo en même temps.
   — MAIS ARRÊTEZ DE ME CRIER DESSUS VOUS ME FAITES PEUR !
   — T'AS FAILLI ÉCRASER UN ENFANT, s'exclama Inui avec horreur.
   — Mais euh... je m'en fiche !
   — Koko t'es un danger en voiture, désolé mais je vais finir le trajet à pied, dit Kaku avant s'ouvrir la portière près de lui.
   — Hein ?!
   — Moi aussi, s'empressa de dire Ran en l'imitant.
   — Je me tire aussi, déclara Rindo.
   — Pareil, dit Inui en sortant de la voiture.
   — Vous êtes sérieux là ?! Seishu ?! Seishu reviens !
Inui se pencha vers son petit ami, il prit son visage entre ses mains et plaqua ses lèvres sur les siennes.
— Je t'aime mais je tiens à ma vie, désolé mon chéri, dit-il avant de s'écarter et de claquer la porte de la voiture.
Inui se détourna de la voiture et partit rejoindre ses amis avec un petit rire. Koko n'était pas près d'avoir son permis, heureusement qu'Inui n'attendait pas de faire une balade en voiture avec lui.
— T'as conscience que laisser ton mec seul dans la voiture revient à le laisser se tuer dans un accident, dit Kaku en riant.
— Mais non, il aura personne pour le déconcentrer là alors il va regarder la route et faire attention, dit Inui en haussant les épaules.
— Non il me fait de la peine, je me sacrifie je retourne avec lui, dit Ran avant de partir vers la voiture de Koko.
— Adieu, dit Kaku.
— J'espère que ton testament est prêt, dit Inui avec sérieux.
— Tu veux un cercueil en chêne ou en acajou, demanda Rindo.
— Très drôle, allez en cours au lieu de dire n'importe quoi !
Inui ria légèrement et regarda Ran monter à l'avant de la voiture. Ran était sans aucun doute le plus protecteur de leur groupe d'ami, il les considérait tous comme ses petits frères, c'était pour ça qu'il acceptait de monter en voiture avec Koko. Il était beaucoup trop gentil avec lui.
— Qui me porte pour aller en cours, demanda Rindo avec sérieux.
— Moi non, dit Kaku. Si Izana me voit porter quelqu'un ça va l'énerver et on va encore se disputer parce qu'il va dire que je te préfère et-
— Super, il sera jaloux, ça veut dire qu'il t'aime. Allez porte moi, ordonna Rindo.
Kaku soupira et lui lança un regard agacé. Rindo répondit par un sourire insolent et Kaku finit par se baisser pour le faire monter sur ses épaules.
— Quelle idée de mettre des chaussures avec lesquelles tu peux pas marcher, marmonna Kaku.
— Le style avant tout écoute.
— Je suis d'accord, dit Inui. Le style c'est primordial.
Le jeune homme mit son sac de cours sur ses épaules et s'avança sur le trottoir, sur lequel se trouvaient déjà de nombreux étudiants. Ils n'étaient plus très loin de la fac, elle se trouvait juste à l'angle du mur. Bon. Il espérait quand même que Ran ne se ferait pas tuer en voiture, ce serait vraiment dommage sinon. En tout cas, Inui ne remettrait plus jamais, ne serait-ce qu'un pied, dans la voiture de Koko. Ça c'était sûr.