13 - Rindo x Sanzu

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   Rindo ouvrit lentement les yeux, faiblement, et regarda difficilement autour de lui. Sa vue était toute floue, il ne voyait presque rien, juste des formes bouger dans tous les sens devant lui, les lumières du plafond jouaient devant ses yeux et clignotaient. Un bip régulier résonnait près de lui, il avait froid, et il sentait quelque chose sur son visage. Le jeune homme leva sa main toute engourdie, couverte de bandages blancs, et tata sa bouche. Il avait un masque à oxygène dessus et il sentait une aiguille plantée dans son bras.
   Rindo battit des paupières. Tout était confus dans son esprit, où est-ce qu'il était ? Pourquoi est-ce qu'il avait mal partout ? Sa vue se précisa au bout de quelques minutes et le jeune homme mit du temps avant de comprendre où il se trouvait. Un chambre d'hôpital ? Qu'est-ce qu'il faisait là ? Il ne se souvenait pas être entrer ici...
   Rindo se redressa avec difficulté. Sa tête tournait horriblement, il avait des bandages cachés sous sa frange, mais il n'avait aucune idée de pourquoi. Sa tête était lourde, vraiment lourde, et qu'est-ce qu'elle tournait... Le jeune homme sortit de son lit et tenta de se mettre debout, mais il s'écroula aussitôt au sol.
   Son corps était tout mou, il ne le sentait presque plus. Rindo avait l'impression de flotter, mais ça n'avait rien agréable. C'était comme s'il était défoncé et soûl, il ne réussissait pas à bouger, son corps était lourd, sa jambe gauche lui faisait horriblement mal, et en même temps il avait l'impression de ne rien sentir, et il avait envie de vomir. Merde... qu'est-ce qui lui arrivait ? Qu'est-ce qu'il avait bien pu faire pour se retrouver là ? Et pourquoi sa jambe lui faisait si mal et était couverte de bandages ?
Rindo regarda autour de lui pour chercher ses souvenirs, en espérant vainement retrouver un peu de mémoire, et vit soudain devant lui deux lumières aveuglantes. Blanches, soudaines, et de plus en plus grandes. Elles étaient accompagnées d'un crissement de pneu, de l'eau s'envola dans l'air suite au passage des roues sur le sol, la pluie tombait, une voiture s'approchait, et puis plus rien. Rindo recula précipitamment contre un mur en hoquetant de peur, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Qu'est-ce que c'était que ça ? Un flash ? Un souvenir ?
Rindo se sentait effrayé, traumatisé, et... et... pourquoi est-ce qu'il avait aussi peur ? Qu'est-ce qu'il lui arrivait ? Une... une voiture lui avait foncé dessus... c'était ça ? Une voiture l'avait percuté. Il avait failli mourir ?
Le jeune homme enleva brutalement l'aiguille de la perfusion qui était plantée dans son bras, il ignora la douleur et la perle de sang qui apparaissait sur sa peau et se força à se relever.
Il ne tenait pas debout, sa jambe gauche le faisait énormément souffrir, et tout son corps était courbaturé mais il n'y fit pas attention. Il avait peur, il ne comprenait rien et il voulait juste s'enfuir de cette endroit.
Rindo se traîna aussi vite que possible jusqu'à la porte de sa chambre et l'ouvrît faiblement, avant se précipiter dans le couloirs de l'hôpital. Il était fiévreux, il pouvait s'effondrer à tout moment, et son mal de tête n'arrangeait rien mais tant pis. Rindo avait vraiment besoin de voir quelqu'un qui pourrait lui expliquer ce qu'il se passait.
Le jeune homme regarda le couloir désert et son regard tomba instantanément sur un groupe de personnes, assises sur des chaises en plastiques. Ses amis... ses amis étaient là. Inui et Koko dormaient l'un contre l'autre sur des sièges, à côté d'eux, Ran était avachi sur Izana, lui même endormi sur Kaku, qui somnolait contre un mur. Et en face d'eux, à l'écart, Sanzu était debout, en train de faire les cents pas devant les portes du couloir, se rongeant les ongles d'un air angoissé. Senju se tenait près de lui, elle le regardait avec un air angoissé.
Au moment où Rindo sortit de sa chambre, Sanzu se tourna vivement vers lui, alors que ses amis et son frère se réveillaient en sursaut.
— Rindo, s'écria Inui en le voyant debout.
— Tu vas bien, s'écria Ran en fonçant vers lui en même temps que ses amis.
— Oh mon dieu mais retourne dans ton lit, s'exclama Izana.
Rindo ne les écouta pas et fonça en courant du mieux qu'il pouvait sur Sanzu, en boitant et en se mettant à pleurer de douleur et de peur.
— Sanzu, s'écria-t-il avant de s'écrouler avec épuisement contre lui.
— Rin j'ai eu tellement peur, dit Sanzu en le rattrapant pour le serrer avec force contre lui.
Rindo explosa en sanglot et passa ses bras autour du coup de Sanzu pour le serrer contre lui, en faisant de son mieux pour rester debout. Ses jambes tremblaient tant qu'elles semblaient être incapable de pouvoir un jour supporter son poids, mais Sanzu le tenait fermement contre lui, il le portait presque, alors il n'eut pas à faire trop d'effort.
— Qu'est-ce qu'il m'arrive, demanda Rindo d'une voix étranglée.
— T'as eu un accident, K-Koko t'es rentré dedans a-avec sa voiture, dit Sanzu en pleurant aussi. J-J'ai cru que t'allais mourir !
— Sanzu j'ai peur, dit Rindo en s'accrochant désespérément à son cou.
— J-je suis là, promit Sanzu en caressant ses cheveux.
Rindo avait de plus en plus mal, surtout que Sanzu le serrait avec trop de force mais il n'en avait rien à faire, il voulait juste que Sanzu le serre contre lui et qu'il sente tout son corps coller au sien. Ses pieds nus contre le carrelage gelé touchaient à peine le sol, ses jambes tremblaient contre celles de Sanzu, et sa vue était complètement brouillée par ses larmes.
Il avait si mal à ses côtes qu'elles semblaient perforer ses poumons, certaines devaient probablement être cassées mais peu importait, Sanzu était là et tout irait bien tant qu'il était là, avec lui Rindo n'avait plus peur.
Le jeune homme prit son visage entre ses mains sans réfléchir et plaqua ses lèvres contre les siennes, sans arrêter de pleurer. Sanzu répondit aussitôt à son baiser, en remuant sa bouche contre la sienne, et resserra un peu plus ses bras autour de sa taille.
   Rindo sentit une douce chaleur venir réchauffer son corps glacé, alors qu'il se blottissait un peu plus contre Sanzu, en mouvant ses lèvres contres les siennes. Il releva ses mains dans ses cheveux pour les caresser, et serrer le visage de Sanzu contre le sien.
— Ok euh je pense que Rindo est un peu trop shooté à la morphine, déclara Ran en écartant son frère de Sanzu.
Rindo manqua de s'écroula au sol, mais son frère le retint et passa son bras autour de ses épaules pour pouvoir le soutenir.
— Rin je te signale que tu l'as plaqué, tu peux pas l'embrasser comme ça, murmura Ran à son oreille.
Rindo ne l'écouta pas. Il fixait Sanzu comme s'il était la seule chose qu'il voyait, comme s'il l'appelait silencieusement à l'aide, et tenta de se débarrasser de son frère pour retourner vers lui.
— Il faut que tu retournes dans ta chambre, dit Izana alors que des infirmières arrivaient dans le couloir. Tu tiens à peine debout, t'es beaucoup trop faible.
— Non... j'ai p-pas envie... j-je veux partir, j'aime pas les h-hôpitaux... S-Sanzu emmène moi avec toi...
Rindo réussit à se libérer de l'emprise de son frère. Il claudiqua faiblement vers son ancien petit ami, mais ses jambes cédèrent soudain à son poids et il s'effondra de nouveau au sol.
   — Rindo fait attention, s'écrièrent ses amis alors que des infirmières se précipitaient sur lui pour l'aider à se relever.
   Rindo avait la tête qui tournait horriblement. Son corps était parcouru de sueurs froides et pourtant, c'était comme s'il mourait de chaud. Il était couvert de sueur, il peinait à respirer et sa vue alternait entre le net et le flou, alors que des taches noires jouaient devant ses yeux. Il était sûrement au bord du malaise.
   — Rindo tu dois te reposer, dit Kaku avec inquiétude. Qu'est-ce qui t'as pris de sortir ?
   — Non... je veux pas..., murmura Rindo alors que ses infirmières essayaient de le forcer à retourner dans sa chambre. Je veux pas...
   — Ne t'inquiète pas, on sera là à ton réveille, promit Ran. Tout va très bien se passer, personne ne te fera de mal.
   — Non mais je veux pas, dit faiblement Rindo.
   — Ça va aller, on t'attends là, assura Sanzu avec un sourire qui se voulait sûrement rassurant.
   Rindo n'avait de toute façon pas la force de lutter contre ses infirmières, il avait l'impression de vaciller entre le conscient et l'inconscient, comme s'il enchaînait les micro-malaises. S'il continuait comme ça, il allait vraiment s'évanouir. Il se laissa donc emmener à contre cœur dans sa chambre, toujours sans comprendre ce qui lui arrivait. Pourquoi il avait l'impression de se réveiller dans un film d'horreur, dans lequel le personnage s'était fait drogué et enlevé avant d'échapper de justesse à un tueur fou qui avait pour projet de le découper en morceaux ?
   La morphine, la gueule de bois et la douleur de l'accident ne faisaient vraiment pas un bon mélange. Rindo était complément à côté de la plaque...

L'odeur de l'amortentiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant