Voyage au centre du soleil

Prologue - Voyage vers l'inconnu

Media : carte du monde que j'ai réalisé, pour mieux s'y  retrouver ! 

La neige la fouettait depuis maintenant plusieurs heures malgré la forêt dense qui l'entourait. Les larmes s'étaient transformées en une fine couche de givre sur ses petites joues. Son corps était recouvert d'épais vêtements de fourrure, mais le froid arrivait quand même à pénétrer son cocon de chaleur. Elle ne sentait plus son visage depuis un bon moment. Le soleil s'était couché, et la nuit avait encore plus entravé sa progression déjà lente. L'air glacial lui brûlait les poumons à chaque inspiration. Ses jambes semblaient lui peser des tonnes.

– Papa... Papa...

Rien de tout cela n'aurait dû arriver. Elle avait simplement voulu s'échapper le jour de son huitième anniversaire, pour faire une bonne balade dans la forêt, comme une grande. Mais ce jour-là, elle avait battu tous ses records. Elle vivait à la lisière de cette forêt aussi loin qu'elle s'en souvienne, mais son père l'accompagnait chaque fois qu'elle avait voulu s'y rendre. « C'est dangereux, Yona. On peut vite s'y perdre, et les animaux sauvages rôdent en permanence. Quand tu seras plus grande, tu pourras t'y débrouiller, j'en suis persuadé », avait un jour dit son père. Mais pour ses huit ans, elle était sûre de pouvoir l'impressionner. Les heures avaient défilé sans qu'elle s'en rendre compte, et la nuit s'était montrée plus rapidement que prévu. Au moment de retrouver son chemin, Yona comprit qu'elle s'était totalement égarée. Paniquée, elle ne se souvenait plus où le soleil s'était couché. Aux pieds des arbres où elle se situait, il était impossible de se repérer grâce aux étoiles. Tout semblait perdu. Si elle le pouvait, elle aurait sûrement continué de pleurer, sombrant dans le désespoir un peu plus chaque minute. Mais elle avait déjà trop versé de larmes pour aujourd'hui.

Soudain, elle entendit un hurlement de loup, provenant de derrière elle. Plusieurs lui firent écho, certains se révélant dangereusement proches. Yona se mit à courir le plus vite qu'elle put. Mais ses petites jambes épuisées ne lui permirent pas d'aller très loin. Elle percevait des bruits de plus en plus à proximité d'elle. Elle jetait des coups d'œil à droite à gauche, mais impossible de voir quoi que ce soit dans cette pénombre. Mais elle savait que les bêtes se rapprochaient, et bien trop vite. En tournant la tête vers l'arrière, elle trébucha sur une racine cachée sous la couche de neige. Le souffle court, elle s'étala de tout son long au sol. Son crâne venait de heurter quelque chose de solide — probablement une pierre — et une certaine chaleur se répandait sur le dessus de sa tête, descendant lentement vers son front. Elle se retourna sur le dos. Tout devint flou, autant sa vision que ses souvenirs. Elle était seule, cligna des yeux, et se retrouva nez à nez avec une gueule de loup affamée. Mais avant que les crocs puissent l'atteindre, une large botte de cuir s'écrasa dans le museau de l'animal.

– Je l'ai trouvée ! cria l'homme qui venait de la sauver.

Yona entendit d'autres personnes, avant de perdre conscience.

À son réveil, elle se situait dans un lit, emmitouflée de plusieurs couches de draps. Sa tête lui faisait un mal de chien. En voulant la toucher, elle sentit un bandage lui cerner le front. La gorge sèche, elle se décida à se lever pour trouver un peu d'eau. Une fois debout, le sol se mit à tourner dangereusement. Elle se rassit aussitôt, patientant un petit moment, le temps de s'habituer à la position. Elle en profita pour analyser un peu plus la pièce. Plongée dans la lumière de la lune, elle se révélait assez simple. En dehors du lit sur lequel elle était installée, il n'y avait aucun meuble. Une tête de cerf décorait un des murs en bois, et un large tapis de peau — sûrement du même animal — recouvrait le sol. Une chaise en pin était disposée près de la porte, avec quelques vêtements soigneusement pliés. Elle se mit à ressentir la faible température de la chambre, et se décida donc à s'habiller. Mais en enfilant les multiples couches, elle entendait la discussion assez animée qui avait lieu de l'autre côté de la porte. Le son était étouffé, mais elle comprit tout de même les propos des interlocuteurs.