Chapitre 25 - La forêt de Dood

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Au début, Yona trouvait l'enfoncement dans la forêt agréable. Elle qui avait grandi dans ce genre d'environnement, elle se sentait à l'aise, et retrouvait ses repères. Les arbres respiraient la vitalité, elle apercevait de petits rampants de-ci de-là, et elle entendait des oiseaux gazouiller un peu partout. L'air était frais, amenant une sorte de pureté lors des inspirations.

La piste sur laquelle ils évoluaient était clairement délimitée, et avancer tout droit dans la forêt. Cette dernière devenait de plus en plus dense, sans pour autant obstruer leur avancée. Mais comme l'avait dit Welse, au bout d'environ trente minutes de marche, la forêt changeait du tout au tout. Les arbres qui semblaient dans la force de l'âge dépérissaient un peu plus à chaque pas, jusqu'à devenir complètement rachitique, formant une ligne bien marquée en plein milieu de la forêt. C'était à se demander si tous les végétaux n'étaient pas morts à cet endroit précis.

Lorsqu'elle voulut regarder en arrière, Yona ne s'étonna qu'à moitié de ne pas du tout voir l'extérieur, bien trop loin d'eux. Pourtant, au fond d'elle, elle aurait apprécié apercevoir une échappatoire rassurante.

- Qu'est-ce qui s'est passé ici ? demanda Yona.

– Alors ça, dit-il en frottant sa main contre un tronc desséché, je n'en ai pas la moindre idée.

Yona sentit son employeur hésiter autant qu'elle. Elle prit les devants, et franchit la première cette sorte de frontière. Dès que son corps fut de l'autre côté, elle comprit que c'était bel et bien une délimitation. Ici, la température montait légèrement d'un seul coup. Comme si l'air stagnait depuis un moment. Il devenait également plus épais, rendant chaque respiration plus difficile, sans pour autant causer de problème.

Ils continuèrent alors leur chemin, s'enfonçant toujours plus au cœur de la forêt.

De ce côté de la frontière, la végétation perdait de plus en plus toute logique. D'abord reprenant une vitalité d'un vert pimpant, la flore se mit subitement à changer de couleur, pour montrer des tons automnaux, puis revenir des centaines de pieds plus loin à un visuel clairement issu d'un été aride. Pour finir, après plusieurs variations de saison, la végétation gagnait en... noirceur.

Yona n'aurait pu l'expliquer autrement, mais tout devenait plus sombre. C'était en partie dû au Soleil de plus en plus caché par la flore qui se densifiait, mais aussi pour les couleurs environnantes. Les troncs d'arbres viraient au gris, l'herbe d'un vert plus foncé qu'elle n'en avait jamais vu, et la mousse au niveau des roches se rapprochait du moisi.

Dans les premiers temps une promenade, leur excursion devenait de plus en plus compliquée. La piste qu'ils suivaient s'était petit à petit effacée, laissant place à un sol sauvage aux nombreux caprices. Yona avait failli se tordre plusieurs fois la cheville, à cause d'une racine sous terre ou d'un caillou un peu trop présent.

Ainsi, Yona perdait ses repères autant temporels que spatiaux. D'après son horloge interne, elle estima qu'ils étaient en début d'après-midi. Son estomac et celui de son compagnon criant famine, ils se reposèrent un instant le temps de se restaurer.

Malgré la pause, Yona n'arrivait pas à se sentir à l'aise dans cet environnement. Ses yeux s'étaient habitués à la luminosité faible, du moins assez pour voir où elle marchait, mais impossible de percevoir à plusieurs dizaines de pieds devant elle. C'est comme si une sorte de pénombre les entourait petit à petit. Elle ne toucha finalement qu'à peine à son déjeuner, et ils reprirent la route.

Elle remarqua qu'un silence pesant régnait en ces lieux. D'abord entre Ries et elle, mais vu l'ambiance de cette forêt, elle ne s'étonna pas que l'envie ne soit pas à la discussion bucolique. Mais le problème, c'est que la forêt aussi paraissait anormalement vide. Pas un oiseau dans le lointain. Pas un petit couinement de mammifère. En dehors de leurs bruits de pas et de respiration, il ne semblait pas y avoir âme qui vive à des lieues autour.

Voyage au centre du soleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant