Chapitre 34 - Parmi les nobles

13 2 2
                                    


Le visage d'Erlik laissa échapper son trouble l'espace d'un instant, mais son calme et son sourire si radieux revinrent rapidement. Yona fut ravie de cette réaction puisqu'elle s'attendait à pire.

Pour ce soir, elle avait choisi une tenue audacieuse. Fini d'essayer de s'accoutumer à des nobles qui n'en avaient rien à faire d'elle. Elle s'habillerait comme elle le désirait, tout en s'adaptant à la situation. Ainsi, elle était retournée chez le tailleur que Ries lui avait présenté quelques jours plus tôt, en prenant soin d'apporter l'uniforme de la garde. Basé dessus, l'artisan lui avait confectionné deux tenues qu'on qualifierait d'homme, mais adaptées à ses courbes féminines.

Pour ce soir, elle portait un pantalon bleu turquoise, presque blanc aux chevilles, avec une veste de plus en plus foncée, pour finir sur du bleu marine au niveau des épaules. Des fentes typiques de Liggewig révélaient ses mollets et ses avant-bras. Comme touche finale, quelques broderies dorées à la mode venaient habiller ses poignets. Elle avait laissé ses cheveux libres, tombant dans son dos jusqu'à ses omoplates. Une petite broche en forme de fleur s'accrochait au niveau d'une de ses tempes.

Une fois assez proche, Erlik lui prit délicatement la main et y posa un tendre baiser.

– Vous êtes ravissantes ce soir, souffla-t-il en relevant la tête.

- Votre tenue vous va également à ravir ! répondit la jeune femme dans une excitation qu'elle tentait de contenir.

Ils restèrent à court instant à s'observer. Yona le regarda rapidement de la tête aux pieds. Il avait opté pour des vêtements très sobres, une chemise marron avec un col en V — était-ce un début de pectoraux qu'elle apercevait ? –, ainsi qu'un bas de la même matière. Très légère, elle semblait parfaitement adaptée aux températures assommantes de la journée.

- Y allons-nous ? demanda le noble en tendant le bras.

– Avec plaisir, lança Yona en lui saisissant le creux du coude.

Ils se mirent à arpenter les couloirs. Yona ne connaissait pas tout à fait le palais, mais il lui semblait qu'ils se dirigeaient vers l'extérieur.

- Quel est le programme de ce soir ? lui demanda-t-elle.

– Une troupe d'artistes interprétera une ballade, expliqua-t-il. Plutôt qu'un seul barde, plusieurs troubadours donnent de leurs personnes en même temps, ce qui crée une représentation plus complexe. C'est assez récent, ce n'est que la deuxième fois que je vais voir un spectacle de la sorte. Il me semble que cela s'appelle une troupiste.

Intriguée, Yona fut encore plus impatiente d'y assister. Le duo s'approcha effectivement de la sortie, mais ne quittèrent pas l'enceinte du palais à proprement parlé. Ils longèrent l'aile ouest, pour finalement prendre un dernier corridor, qui les mena à l'amphithéâtre. L'entrée débouchait sur le haut de la pièce en forme de croissant de lune centré sur la scène un peu plus bas. Erlik la guida jusqu'au milieu et ils s'assirent au quart de la rangée. Tous les sièges étaient aussi confortables que ceux des appartements privés, à la différence que ceux-ci étaient faits d'osier, sûrement pour mieux résister à l'extérieur. En effet, la salle n'était ni dehors ni dedans. Une antichambre servait de transition avec le palais, pour marquer une séparation. Ici, la scène prenait place aux pieds de grandes vitres rectangulaires en arc de cercle, dont une sur deux avait le verre enlevé, donnant directement sur l'extérieur. Le plafond, lui, avait été entièrement peint, et représentait des arts de tous les domaines. La bûcheronne s'émerveilla devant tant de détails, illuminés uniquement par des lumières. La nuit était tombée maintenant, et seules les flammes permettaient d'y voir clair.

Voyage au centre du soleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant