Chapitre 56 - Invasion

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La peur et la panique la figeaient sur place. De la fumée montait désormais de plusieurs endroits. Elle entendait des cris venir de partout. Le chaos s'emparait de la ville.

– Yona ! hurla Ries.

Les yeux ronds, elle regarda son employeur.

– Faut qu'on bouge, et vite !

Il la prit par le bras, et la traîna dans une rue moins bondée. Après seulement quelques secondes de course, une boule de feu explosa là où ils se tenaient un peu plus tôt. Le souffle balaya les alentours jusqu'à leur parvenir. La puissance la fit tituber malgré la distance, et la chaleur faillit lui brûler la peau. De son bras valide, elle se frotta de partout, de peur qu'un feu ait pris sur ses vêtements. Elle regarda ensuite Ries, qui ralentissait au niveau d'une intersection.

- Où est-ce qu'on va ? s'écria-t-elle pour se faire entendre dans le vacarme ambiant.

Un bâtiment s'écroula un peu plus loin dans la rue adjacente dans une grande cacophonie, créant au passage un opaque nuage de fumée.

– On file à l'auberge, on récupère nos affaires et les chevaux, et on se casse d'ici. Suis-moi !

Ils traversèrent le carrefour pour aller en face, puis tournèrent à gauche pour essayer de revenir vers le centre de la cité. Ils croisèrent de nombreux citoyens tout aussi perdus qu'eux. Certains couraient pour leur vie, comme s'ils avaient la mort en personne aux trousses. D'autres se chargeaient d'un maximum d'affaires avant de déguerpir comme les premiers. Et enfin, il y avait ceux qui profitaient du chaos, pillant dès que l'occasion s'y présentait. Les bras lestés de butin, ils jetaient des coups d'œil pour s'assurer qu'on allait les laisser tranquilles.

Ils arrivèrent à une nouvelle intersection, assez grande pour être qualifiée de place. Yona s'arrêta à l'entrée, horrifiée par ce qu'elle voyait.

Les cadavres jonchaient le sol ensanglanté un peu partout, dans des états plus ou moins épouvantables. Au moins deux bâtiments étaient en feu, et autant écroulés. Au milieu, entre deux chariots de commerce ambulants renversés, deux personnes prenaient place. Les responsables de toute cette désolation.

En tenue noire de la capuche aux chaussures, elle les voyait canaliser de la magie tout en rigolant. Avant même que son cerveau ne puisse réfléchir, elle s'élança vers eux. Son bâton apparut dans sa main, déjà agrandie. Elle prit appui sur un débris, et dans un cri de rage, sauta sur les étrangers. Ils se retournèrent, mais trop tard.

Yona eut à peine le temps de discerner qu'ils portaient des masques que son arme vint les exploser. Le premier reçut un coup en plein dans le visage, rapidement suivi par le deuxième. À terre, à priori inconscients, la jeune femme nécessita quelques secondes pour récupérer son souffle et s'assurer que ce n'était pas de la comédie. Ries la rejoignit pendant ce temps.

Après avoir regardé les adversaires quelques secondes, il prit la parole.

– Ça pue la guilde noire cette histoire, souffla-t-il.

- Tu les connais ? s'étonna-t-elle.

– Non, mais j'ai une idée de qui ils sont. Les mages s'organisent en guildes, toutes régies par le Haut Conseil. Mais certains souhaitent pratiquer la magie de manière illégale, ce qu'on appelle des guildes noires. Enfin, je suppose qu'eux ne se nomment pas comme ça.

Du bout du pied, il enleva les débris de masques en bois pour voir les visages des deux mages. Un homme et une femme dans la trentaine d'années, aurait estimé Yona.

Voyage au centre du soleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant