Chapitre 5

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PDV Anne

Lundi 11h32,

Je suis dans la grande allée de la partie végétation du Corolle, le grand magasin jardinerie/animalerie où Jaja, Manon, Axelle et moi travaillons.

Je vérifie les pots d'Etoiles de Noël, poinsettia « Dark Pink », car décembre est la pleine saison et les clients ne choisissent que les plus belles plantes pour orner leur table de fête, il faut donc que je les bichonne.

Certaines personnes ne viennent que pour la décoration féérique de cette fin d'année, alors tous les rayons sont blindés de monde. Je tourne la tête et dois y regarder à deux fois parce que le mec du Skull, celui aux yeux gris acier, marche droit dans ma direction.

Saleté ! C'est bien la dernière personne que je pensais voir ici et j'ai besoin de prendre du recul par rapport à la nuit de merde que j'ai passée sans m'en souvenir. Comme pour me donner du courage je ressers ma queue de cheval et replonge dans mon travail, priant pour qu'il passe sans me voir, mais c'est lou-pé !

— Alors t'as réfléchi ? me lance-t-il d'une voix dure.

— Salut, je vais bien, merci beaucoup pour cette sollicitude débordante de compassion, répliquè-je en regrettant d'avoir tourné la tête vers lui parce qu'il a accroché mon regard direct.

— T'es mal embouchée ou t'as tes règles ? s'agace-t-il en croisant les bras sur son torse ce qui fait craquer son blouson.

— Comment t'as su où me trouver ? m'étonnè-je en le tutoyant pour ne pas me démonter, parce qu'il m'impressionne un peu trop à mon goût.

— J'sais où tu crèches, où tu bosses et qui tu fréquentes, tu peux pas m'échapper ! répond-il en plissant les yeux.

— T'as copine ne t'as jamais dit que t'étais flippant ? soupirè-je avant de reprendre mon activité dans le rayon.

— Si tu fais référence à Mira, tu t'goures, mais j'suis là pour m'assurer que tu lui causeras pas d'embrouilles avec les flics ! crache-t-il d'un ton sévère qui me force à le dévisager.

Je sens qu'elle est son point sensible et puisqu'il m'emmerde, je vais appuyer dessus :

— Ah bon j'aurais cru, à la façon dont tu la regardes quand tu bosses au Skull et la manière dont vous vous tournez autour, lancè-je d'un haussement d'épaules.

Il fait un pas en avant et me fixe comme s'il s'imaginait m'étriper :

— C'est pas les mômes qui collent leur planning sur le frigo ? demande-t-il, le ton acerbe.

— Quoi ? soufflè-je, surprise qu'il puisse être entré chez moi.

— Ton compte en banque est plutôt bien fourni, ajoute-t-il pour bien me faire comprendre que c'est un grand malade.

— T'es un détraqué ! l'accusè-je, en reculant d'un pas.

— Fais gaffe petite, j'pourrais bien te mettre une fessée déculottée là tout de suite que tu pourrais rien y faire !

J'écarquille les yeux parce que j'ai peur de lui et il le sait :

— Dis-moi pourquoi... balbutiè-je avant de déglutir. Pourquoi c'est si important que je n'en parle pas aux flics ?

Il se détend légèrement et relâche la prise invisible qu'il a sur moi. Il me dévisage et soupire :

— On aide Mira à monter son affaire, explique-t-il. Si y'a des soupçons de drogue et de viols liés aux soirées qu'elle organise, les banquiers et les burocrates qui gèrent les licences verrouilleront son projet.

— A combien de filles ils ont fait ça avant moi ? répliquè-je, en sentant la colère montée. Combien ils ont violées ? insistè-je pleine de fiel.

— Les autres on s'en fout, s'étonne-t-il. Y t'ont rien fait. Grâce à Mira et à moi ! ajoute-t-il.

— D'abord je dois oublier qu'ils m'ont privée de ma volonté et de l'usage de mon corps et maintenant tu veux me priver de mon droit de leur demander des comptes, tout ça parce que ça arrange la meuf que tu veux te faire !

Il me jette un regard haineux :

— De toute façon, tu t'rappelles de rien, j'me trompe ! me balance-t-il.

— Tu te forces à être un gros connard ou c'est naturel ?

— J'en fais un art de vivre, répond-il en affichant un sourire en coin, fier de lui.

Dépitée par la situation, je concentre mon attention sur les fleurs tout en sentant qu'il m'étudie.

— Je n'irai pas porter plainte ! acceptè-je avec regret.

— Bien, approuve-t-il. A un d'ces quatre, Blondi ! lance-t-il en me faisant un salut de deux doigts.

— J'espère que non, marmonnè-je alors qu'il disparaît au détour d'une allée.

Les dévoyés 🔞 (1er Jet- terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant