Chapitre 38

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PDV Dji, en voiture

Ça fait une demi-heure qu'on roule et selon le GPS on a encore deux heures à faire avant d'arriver à l'hôtel. Anne, qui est toujours furieuse, garde le silence et observe le paysage défiler en croisant les bras.

La chanson J'te pardonne de Hoshi commence tout juste que Anne soupire et s'enfonce un peu plus dans son siège. C'est marrant de s'dire que les paroles pourraient avoir été écrites pour nous, et j'aimerais bien qu'elle me pardonne, mais c'est pas gagné.

Quand Benji m'a proposé dimanche dernier d'accompagner Anne à sa place, au mariage de sa cousine, sur le coup j'ai vraiment cru qu'il s'foutait d'ma gueule. La situation me paraissait tellement aberrante que j'voyais pas comment on en arriverait là.

D'ailleurs, j'pensais pas qu'il serait capable de lui mentir comme il l'a fait et qu'il la mettrait au pied du mur, mais nous y voilà et c'est à moi de gérer sa colère.

Bordel, autrefois j'aurais pas attendu longtemps avant d'entamer une bonne séance de baise, surtout après sa réplique « et Dji, tu crois que c'est mieux ? » putain, comme j'ai eu envie d'elle, de la punir, de la chevaucher, de la soumettre à mes désirs...

Je quitte la route des yeux pour l'étudier parce que j'aimerais bien lui répéter les paroles de Benji, quand j'lui ai demandé pourquoi il faisait ça :

« Le gros connard, que t'étais à l'époque, ne la méritait, mais t'as changé et quoi qu'elle en dise elle ne t'a pas oublié, alors ne me fais pas regretter de te donner ma bénédiction ! »

Si j'lui répète ça, elle va tenter de sortir de la caisse en roulant, c'est clair.

Du coup, Benji et moi on lui ment sur toute la ligne. Parce que oui je sais où on doit aller, et oui je sais qu'on va au mariage de sa cousine, Alie, qui accessoirement a été sa bouée de sauvetage, y'a huit ans de ça. Quand Benji est passé me voir au salon, mercredi, pour peaufiner notre... non, son plan... j'en ai appris un peu plus sur les deux cousines et sur le fait d'accompagner Anne.

Comme dans toutes les familles, on est vite jugés et catalogués, alors l'échec d'un mariage pour une femme sans enfant est vraiment le combo gagnant pour entrer dans la catégorie de Looseuse, c'est qu'elle n'est assurément pas.

— Tu veux t'arrêter manger un truc ? lui demandè-je pour briser le silence entre nous.

— Pas maintenant, on a encore pas mal de route, soupire-t-elle un peu calmée ou résignée.

— Comme tu veux, approuvè-je.

— T'as conscience de ce que tu fais ? m'interroge-t-elle l'air grave.

— J'te rends service, c'est tout !

— Et ta fille ? s'inquiète-t-elle. C'est encore un bébé, tu ne peux pas la laisser tout un week-end !

— Elle est avec Is, y'a rien à craindre ! affirmè-je.

— Où est sa mère ? me demande-t-elle. Axelle n'a rien dit l'autre soir quand tu lui as confiée, ajoute-t-elle.

— J'ai pas vraiment envie de parler d'Angélique pour le moment, soupirè-je.

— Désolée, je ne voulais pas être indiscrète, répond-elle avant de reprendre son observation du paysage.

— Non, c'est juste que... elle est décédée ! expliquè-je, en me rappelant que Anne veut de l'honnêteté.

— Oh, je suis navrée, Dji, vraiment c'est... j'te demande pardon ! soupire-t-elle, mal à l'aise.

Les dévoyés 🔞 (1er Jet- terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant