chapitre20

284 22 5
                                    

J'avais recommencé mes cours à l'école de français, Chila n'ayant pas voulu garder la petite, je me la trimballais toute la journée dans une poussette bas-prix achetée avec ma misérable paye. La petite grandissait rapidement, j'avais même cessé de lui arracher ses cheveux pour que plus tard je puisse la coiffer. En fait, voir l'avenir avec elle me serrait le coeur, elle était comme un petite poupée fragile, innocente et pourtant, je lui voulais du mal. En la voyant la main qui tenait mon coeur se rétractait, me faisait du mal. Peut être me sentais-je coupable? Non, non, non... tout ça n'était que de sa faute, je n'avais rien à me reprocher. Et d'ailleurs pendant que je me préoccupais de sa petite personne, qu'est ce que je devenais? Ah bah oui! parce que moi pendant qu'elle vivait dans un monde parfait, je me fatiguais, tout mes attributs avaient casiment disparu! J'avais tellement maigris que mes fesses, mes seins et mes poignées d'amours étaient partis! Des cernes et une une peau sèche avaient caché mon auparavant si beau visage, mes longs cheveux châtains étaient secs, je n'avais même plus le temps de les brosser ni de me bichonner...
Hebal me tira par le bras. J'étais encore en retard, mais comment voulait il que j'arrive à l'heure tout en m'occupant d'une gosse de six mois? Je commençais mon cour avec un exercice de conjugaison au passé simple, personne ne paraissait ravis mais tous participèrent. J'avais placé la gamine derrière mon tabouret, et ne prenais casiment pas attention à elle, hors elle criait telle une dégénéré à qui on aurait arraché un bras. Laslam leva la main.
- Oui?
Elle grimaça et désigna l'enfant.
- Est ce que vous pouvoirez la faire silence? Je ne pas arrive à me concentre...
Avec un petit sourire forcé je lui répondis:
- Bien sûr.
Je pris Félicia, ouvris la porte et sous le regard surpris de tous, l'assis dans le couloir. Elle hurla et je fermai la porte.
- Bon on se concentre maintenant.
Après une heure Hebal frappa à la porte. Je l'ouvris. Il portait au creux de son bras le bébé, il me regarda et susurra que si ça se reproduisait il appellerait la police.
Je continuais mon cour en tenant dans mes bras la petite.
En fin de journée quand j'étais assise à la table de la salle à manger Chilla lâcha ses couverts.
- Maria ça ne peut plus durer. Hebal m'a appelée pour me dire que tu étais renvoyée.
Mon coeur s'arrêta.
- je...
Elle me fixa, en fait tout le monde me fixait, me dévisageait avec mépris. Chilla continua:
- Tes élèves se sont plains et Hebal m'a même confié que tu avais laissé la fillette dans le couloir!
Elle s'essuya la bouche avec un morceau de tissu.
- Maria, si tu ne gagnes plus d'argent nous devrons te renvoyer, ou te vendre.
Mon coeur s'accéléra. Ils pouvaient vraiment faire ça, me vendre? La colère bouillonnait en moi, je n'aurais jamais dû partir de chez ma tante... et je ne pouvais plus y retourner, premièrement parce que je voulais garder Félicia qui me rendait un minimum humaine et parce que je n'avais plus d'argent. J'avais tout dépensé pour la petite et pour rembourser Chilla et toute la clique de la maison. J'avais la chairede poule à l'idée d'être à la rue.
J'entendis la petite crier dans ma petite chambre, les larmes me montèrent aux yeux.
Felama chuchota à Chilla une chose que je ne compris pas, en même temps son anglais était tellement incompréhensible que... Chilla déclara:
- Felama a eu une merveilleuse idée ma chérie! Elle propose un mariage organisé avec son frère qui habite à Nagpur au centre de l'Inde. C'est une ville merveilleuse et le mieux c'est qu'il ne te demandera sûrement pas d'enfant, il a déjà quarante ans et plus de treize enfants. C'est un homme très riche qui a perdu sa femme il y a deux mois.
Elle me sourit. Euh... j'avais bien compris ce qu'elle venait de me dire?

Sa Vie Mon JeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant