chapitre 16

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Je n'avais pas dit un mot. Chilla m'avait soufflé sa dernière phrase comme une fierté. Elle servit toute les personnes de la table avec l'étrange potage qu'elles avaient préparé. La chose n'avait pas l'air très appétissante et beaucoup trop épicée.

Les deux hommes me regardaient bizarrement. L'un avait une drôle de moustache noire qui lui couvrait presque la bouche et l'autre était parfaitement rasé. Ils avaient sûrement une trentaine d'années et se ressemblaient énormément. Je leur avait demandé si ils étaient frères, ils m'ont alors regardée comme une extraterrestre. C'était bizarre d'être dévisagée comme ça...

Le moustachu me répondit qu'ils étaient cousins et qu'il était grand temps de manger.

Après le dîner Chilla vint dans ma chambre.
- Tu aurais pu éviter... souffla elle.

Hein?! De quoi est ce qu'elle parlait encore? Et pourquoi avait elle tué son enfant en plus? C'est vrai quoi, ça ne servait à rien de s'enfuir si elle n'avait plus d'enfant...
- De quoi?

Elle roula des yeux et me lança:
- Pourquoi tu as parlé à Eschmant? Le monsieur avec la moustache?

Euh...comment lui expliquer qu'elle commençait à être bizarre?! J'avais essayé de tenir une conversation, où était le problème? Je me suis assise sur le matelas.
- Bah pour discuter...
- Tu ne le connais même pas, essaye de te faire discrete si tu veux rester!
- Mais...

Elle n'écouta même pas ce que j'avais à dire et s'en alla.

Au bout d'une heure je m'étais endormi. Le pièce humide était inconfortable et ne me donnait guère l'envie de roupiller...

Elle entra dans la chambre allumant toutes les lampes.
- Allez! Premier jour aujourd'hui! Dépêche toi!

Chilla ouvra grand les rideaux et m'aida à me relever.
- Tu as déjà mis un sari? Me demanda elle.
- Euh non.
- Bah lève toi je vais t'expliquer.

Elle me guida vers les étagères et sorti une tenue colorée.
- Pendant que tu seras enceinte tu mettra un sari (elle me tendit un genre de T-shirt rouge et une jupe orange) ça, c'est un choli et ça un jupon met les.

Une fois les avoir mis elle me tendit un foulard immense.
- Ça c'est le sari. Je vais de montrer comment le mettre, c'est pour que l'on ne voit pas trop ton ventre.

Effectivement mon bide n'était pas joli à voir et dépassait horriblement du choli.

Chilla me coinça le sari dans le jupon, fit un tour de mes hanches et le releva jusqu'à mes épaules. Le tissu était splendide, magnifiquement brodé et incomparable. Il était rouge parcouru de reflets dorés et de dessins de fleurs.
- Tu le porta tout les jours jusqu'à ton accouchement. En suite, tu mettra une lengha, c'est la tenue traditionnelle de l'ouest. Bon on y va, je t'accompagne jusqu'à l'école.

Elle sortit et je la suivi. Le température extérieure était horriblement chaude et me faisait affreusement tourner la tête! Elle me conduisit jusqu'au bâtiment en béton que j'avais vu la veille.
- Bon je te laisse ici. À ce soir.

Elle sourit et repartit. Plusieurs personnes marchaient autour de moi manquant me bousculer. Les hommes me regardaient de haut tendis que les jeunes étudiantes semblaient avoir un grand respect pour moi.

Quelqu'un se planta devant moi. C'était un homme de petite taille très poilus. Il me sourit s'inclina brièvement et me dit:
- Oh! Hello! Are you Maria, the new teacher? My name is Hebal. Welcome to the French school!

La seule chose que je parvint à dire était 《hello》et 《yes》. L'anglais ne me réussissait pas trop... Il me dirigea vers l'intérieur du bâtiment. Nous étions passé dans un grand  couloir et avions pris un escalier qui nous mena à une vieille salle de cours. La pièce était muni d'un tableau et d'un tabouret. C'était la première fois que je voyais une salle aussi démunie et rudimentaire de toute ma vie!

Hebal me fit signe que le tabouret était pour moi. C'était génial et c'était sûrement le plus beau cadeau qu'on m'ai fait dans toute ma vie! Il sortit de la salle et laissa entrer une dizaine d'élèves. Les filles portaient pour la plus part un long sari et les garçons s'étaient habillé de Sherwani de couleurs sobres. Ils m'avaient salué d'une mini révérence et s'asseyaient déjà à même le sol. Ils me regardaient tous en silence.

Bon.

OK.

J'étais le centre des attentions, c'était génial!
- Excuse me, what's your name? Demanda un jeune homme au fond de la salle. Il me regardait en levant toujours la main.

Ça devait être le moment des présentations je suppose...

Je me suis levé du tabouret et ai pris une craie pour écrire sur le vieux tableau en ardoise qui avait l'air d'avoir du vécu.
- Je m'appelle Marie Desronce,... euh pardon Maria Desronce.

J'écris mon nom sur le tableau et me tournai vers mes élèves. C'était bizarre puisque la plupart d'entre eux étaient bien plus âgés que moi.
- Euh... levez la main ceux qui parle un peu français.

Toute la classe répondit à l'action.
- Très bien... donc aujourd'hui chacun va se présenter à la classe. Euh...on va commencer par monsieur devant.

Le garçon que j'avais désigné se leva et se plaça à côté de moi. Il devait trouver cette démarche de présentation de maternelle ridicule puisqu'il tirait une vieille tête de déception. Après tout, qu'est ce que j'en avais à faire? Il devait faire ce que je lui demandais, non? Avec un vieil accent indien et dit:
- Jé m'appéllé Sulio et j'ai vïnnt anssss. J'étudié le françaisss et la philosophié. J'adore vénir en coursss.

Ah.

D'accord.

Je devais jouer les profs de primaire quoi. Je n'avais vraiment rien compris à sa présentation mais je continuais avec un vieux sourire bien faux.
- Très bien Sulio. On enchaîne, au suivant.

Une magnifique femme brune se leva et prit la place qu'avait occupé son camarade il y avait deux minutes. Un garçon au fond de la classe la siffla. Elle parut se concentrer et dit:
- Bounjour, je m'appeller Laslam et j'avoir dix neuf ans. J'être déjà traductrice en allemand et je travailler mon français.

Bon, mes élèves me désespéraient déjà.
- Bonjour Laslam. C'est très bien mais essaye de conjuguer tes verbes pour que je puisse comprendre un minimum de ce que tu me racontes.

Un homme tout petit arriva et enchaîna ultra rapidement:
- Bon..Bonjour, je..je suis Galton. J'ét..j'étudie les langues. J'ai..j'aime ça.

Il se rassit immédiatement à sa place.
- Euh ok... suivant.

Les élèves s'enchaînèrent pendant toute l'heure. Certains étaient de vraies calamités, d'autre parlaient plutôt bien. J'avais ensuite commencé à leur expliquer un minimum de conjugaison pour commencer un programme facile et je leur avais fait écrire une leçon sur les modes impersonnels.

La journée continua comme ça pendant des heures qui me parurent interminable, j'avais dans ma journée enchaîné trois classes sans même faire une pause pour manger.

À dix huit heure Hebal vint me dire que j'avais terminé ma journée. En rentrant, épuisé, je devais aider pour la cuisine. Au final, l'on ne m'avait presque rien servis dans l'assiette.

Les journées s'enchaînèrent comme ça pendant plusieurs semaines. Mes yeux étaient cernés et j'avais considérablement maigris. Pour couronner le tout j'avais des contractions qui venaient perturber mes journées et mes courtes nuits de sommeil.

Vers mon neuvième mois de grossesse l'on m'autorisa à rester à la maison pour me reposer.

Le pire dans toute cette merde dans laquelle je m'étais fourrée, c'était que ma poitrine me faisait souvent mal en repensant à ma tante. Je savais ce que c'était bien entendu. On m'en avait souvent déjà parlé.

Bref, j'étais triste.

Sa Vie Mon JeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant