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Point de Vue de Marion Van de Kampf

Samedi 4 octobre, 18 heures.

( pour ce chapitre et peut être le suivant, Marion Van de Kampf passe en personnage principal. Nous reviendrons à Enzo par la suite )

-J'annonce que le laboratoire A.G.N.E.S soutiendra la candidature de Nadhir Wilde...

Désespérée, j'éteins le bouton de ma télévision.

Ça faisait plus de dix jours que j'avais été humiliée publiquement. Depuis, j'étais exclue de la course sénatoriale.

J'avais tout donné pour être ici. J'avais refusé d'ouvrir mon propre laboratoire, j'avais travaillé avec Nadhir pendant cinq ans contre mon gré. Enzo était prêt à me soutenir. Et quand tout allait parfaitement, je me faisais rouler dans la farine par la presse.

J'avais perdu tous les sponsors depuis l'affaire. Ce scoop avait fait le tour du monde, et, encore une fois, c'était moi et seulement moi qui en subissait les conséquences. J'étais là seule à avoir été rabaissée et humiliée.

J'étais partie me recueillir dans ma villa près de la mer, au Sud de l'Angleterre. Il y avait une petite plage devant laquelle j'aimais méditer, et réfléchir, seule.

J'avais donné congé à Elisa, ma manager. Elle n'avait plus vraiment de quoi travailler, de toute manière.

J'étais en bas des sondages. L'écart qui me séparait de Nadhir était maintenant irrattrapable. Je voyais mon rêve filer entre mesdoigts.

Je pensais à Enzo. Cela faisait depuis l'incident que je refusais de lui parler. Je ne répondais pas à ses messages. J'ignorais ses appels. J'étais déçue, tout de même, qu'il soutienne Nadhir, mon adversaire. Je pensais qu'il m'aimait.

Je ne pouvais compter sur personne. Je n'avais pas de famille, j'avais seulement mon travail, dans lequel j'étais entièrement dévouée. Je n'avais plus Enzo. Je n'avais plus rien.

Je décidais de sortir un peu. Je sorti de ma villa après avoir attrapé un manteau au hasard, que je posais n'importe comment sur mon corps. Mes cheveux étaient en bataille. J'avais des cernes. Je m'alimentais n'importe comment.

Je me dirigeais vers la plage, marchant lentement, regardant le sol. Je n'étais pas dans mon état normal. J'étais anéantie par la tristesse et l'humiliation.

Je pensais aux articles, aux photos de moi embrassant Enzo, aux moqueries, à toutes ces choses qu'on reprocherais à une femme qui vit sa vie.

J'arrivais au niveau du sable. Je m'assis sur un rocher. Il y avait quelqu'un d'autre sur la plage. Je n'avais jamais vu personne ici.

La personne s'approcha de moi. J'avais du mal à distinguer son visage. C'est alors que je vis une jeune femme d'à peu près mon âge.

Elle avait des cheveux crépus très noirs avec des frisettes. Ses yeux étaient d'un noir intense. Elle portait un simple jogging noir et un sweat. Elle n'était pas maquillée, pourtant, je fus surprise par la beauté de son visage. C'était une très très belle femme.

Elle me fit un sourire gentil.

-Il n'est pas prudent de rester ici, la marée va se mettre à monter.

Sans réfléchir, je répondis.

-Je n'ai vraiment plus rien à perdre, de toute manière.

Elle prit une mine désolée. Elle posa une main sur mon épaule, pour me rassurer.

-Je ne sais pas ce qui vous arrive, mais dites vous qu'il y a toujours une solution, aussi improbable soit elle. Rien n'est jamais terminé.

Elle ne savait pas ce qui m'arrivait ? Elle ne savait pas qui j'étais? Je fus surprise, mais c'était positif. Au moins, il y avait une personne qui n'avait pas conscience de l'humiliation que je venais de subir.

Le cri  de la merOù les histoires vivent. Découvrez maintenant