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24 septembre, 00:02, villa de Enzo Brown.

J'ouvrais les yeux. J'étais allongé sur les genoux de Marion. Elle me caressait les cheveux.

-Enzo, tes crises sont de plus en plus fréquentes. Tu devrais penser à voir quelqu'un.

Je me frottais la tête. Je regardais Marion, son visage doux au dessus de moi. Je me relevais.

-Merci, Marion...

Elle me fit un sourire.

Deux ans après, j'étais toujours aussi affecté par mon expédition chez les sirènes. J'étais obsédé par elles, mais en même temps, je les craignais. Marion ne se doutait de rien. Elle passait son temps à prendre soin de moi, sans jamais savoir l'horrible et fascinante vérité.

Ce qui me terrifiait, c'était que les sirènes avaient disparu depuis deux ans. Que s'était-il passé ? Étaient-elles en réalité toutes stériles ?

Je ne pensais pas. C'était étrange.

Je tournais mon visage vers Marion. Elle passa une main dans ses courts cheveux blonds.

-Tu vas mieux ?

Je lui répondis que oui, avant de l'embrasser.

Elle soupira.

-Enzo, j'ai l'impression que tu me caches quelque chose. Je veux que tu sois honnête, et que tu me dises ce qui ne va pas.

Jamais je ne lui dirais. C'était un secret à garder jusqu'à dans ma tombe. Je trouvais rapidement un mensonge, histoire qu'elle arrête de s'interroger.

-Je suis stressé. La presse me met la pression pour les élections sénatoriales. Je sais quel candidat je vais soutenir, mais j'ai peur de la réaction des médias.

Marion me lança un regard amusé.

-Enzo, tu annonceras que tu me soutiens quand tu en auras envie. Ne les laisse pas te manipuler, mon ange.

Elle continua, se levant, allant se servir un verre de champagne.

-Tu sais, dit-elle, portant le verre à sa bouche, l'élection est très importante pour moi. Nadhir est en tête dans les sondages. Je dois absolument être la prochaine sénatrice.

Je tournais mon visage vers elle. Sa détermination avait créé une étincelle dans ses yeux bleus. Elle était intelligente, forte, déterminée. Elle n'avait rien à voir avec ces démons sanguinaires qui m'avaient kidnappé. Voilà pourquoi elle me fascinait.

Elle rebondit :

-Tu sais que mon programme est entièrement féministe. Sur les deux dernières années, énormément de femmes ont disparu, et Nadhir ne semble pas s'en occuper. Il prétend défendre les femmes, mais ça lui est égal.

Je me levais à mon tour, la serrant dans mes bras.

-Je sais, ma chérie. Ton programme me plaît. Fais-moi confiance.

Elle me fit un câlin. Je pouvais sentir son parfum doux et léger.

Nous nous posâmes sur le canapé, regardant tous les deux une série datant du siècle dernier, Game Of Thorens. C'était une série très politique et intéressante. Nous étions absorbés par l'écran. Nous ne vîmes pas le temps passer.

Étais-je amoureux de Marion ? Je ne dirais pas ça. Marion était une brillante scientifique, elle était douce, drôle, aimante et surtout patiente, mais elle comme moi n'étions pas amoureux. J'étais bien avec elle, et ça me suffisait. Elle me suffisait.

Je m'endormis dans ses bras, heureux.

J'étais dans le cabinet médical de Agnès. Elle avait détaché son afro rose et noir. Elle portait une blouse blanche légèrement entrouverte. En dessous, elle avait une robe courte en dentelle noire.

Le cri  de la merOù les histoires vivent. Découvrez maintenant