Chapitre 21

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Marc était un garçon que Luc et Paul connaissaient depuis le primaire. Ils étaient de simples connaissances mais s'arrangeaient toujours pour aller aux fêtes de ce dernier car elles étaient réputées pour leur bonne ambiance et les nombreuses rencontres que l'on pouvait y faire.
Marc était un "gosse de riches" comme aimait dire Esther. En effet, ses parents ne lui refusaient rien et la fortune de son père le laissait vivre dans un cadre de vie plutôt ... Aisé. Même très aisé.
La petite voiture des trois amis rentra dans l'allée de la grande propriété. Le portail était resté ouvert pour que tous les invités puissent venir garer leurs voitures et un panneau indiquait que la maison se trouvait trois cent mètres plus loin. Ils traversèrent la propriété, et leur souffle resta coupé le long des trois cents mètres. Ils étaient déjà passés par là plusieurs fois mais c'était toujours la même admiration qu'ils éprouvaient face aux grandes haies taillées, au gazon bien tondu ou encore à la fontaine centrale.
Ils arrivèrent devant une grande bâtisse en marbre qui était en fait la maison privée de Marc (ses parents ayant une autre maison pour eux). Des lampions multicolores décoraient la façade, et le bord de chaque fenêtres était garni de fleurs. Paul trouva un emplacement pour garer sa voiture et tout le monde descendit. Ils furent accueillis par un maitre de maison et furent conduis à l'entrée, où l'on leur retira leurs vestes. Une chaleur étouffante émanait de ce lieux et le bruit des conversations mêlées à la musique résonnait au creux de leurs oreilles. Marc vint à leur rencontre, entouré de deux jeunes demoiselles pendues à ses épaules.

-Bonsoir les amis ! Quel plaisir de vous voir !

Tous les trois savaient que c'était totalement faux et que Marc était un crétin de première qui souhaitait simplement étaler sa popularité.

-Allez éclatez vous bien les gars, il y a de la donzelle, des chambres libres évidement, de l'alcool comme il faut et j'ai même un coin fumette. J'ai entendu dire que l'ami d'un ami d'un pote de mon cousin éloigné avait ramené de la bonne marchandise de son dernier voyage en Jamaïque !

Il repoussa une mèche brune qui lui traversait le visage, tandis que l'une des blondes pendues à son épaule lui caressait le torse. "Répugnant" pensa Esther.
Ils se dirigèrent tous les trois vers la salle principale dans laquelle était présenté un immense buffet et une fontaine à champagne. Le plafond était haut et un lustre en verre y pendait. Le monde présent dans cette salle était impressionnant et Luc se sentait déjà perdu. De nombreuses filles se trémoussaient au milieu de la salle tandis que des garçons discutaient. De part et d'autre de la pièce, des banquettes étaient disposées, et la plupart d'entre elles étaient occupées par des couples en train de s'embrasser langoureusement. L'immense pièce sentait l'alcool et la nourriture mais ce n'était ni trop peu, ni pas assez. Luc se dirigea vers le buffet et commença à se servir un peu. Il avait très faim et savait que s'il ne mangeait pas maintenant il n'aurait plus rien après, malgré la quantité importante de nourriture.

-Yeah il a prévu des trucs sans viande ! - cria esther pour recouvrir la musique et se faire entendre - la dernière fois j'ai rien bouffé !

-En même temps qui se soucie des animaux ? Tant que c'est bon ça va non ? - railla Paul.

Esther lui lança un regard noir. Ils avaient plusieurs fois débattu sur le sujet et le moment n'était pas propice pour recommencer.

Luc sentit à ce moment une main sur son épaule. Il se retourna et dévisagea la fille qui venait d'accomplir ce geste. Iris.

-Bon on te laisse, on va danser hein ! - lança Esther - Paulo tu viens ?

Ils s'éloignèrent et Luc se retrouva face à sa camarade de classe.

-Léo m'a trompée.

-Ah. Désolé ...

-Écoute je sais que j'aurais dû te parler plus tôt de ce qu'il s'est passé mais bon, étant en couple j'en avais un peu rien à faire de toi, soyons clair. Tu peux comprendre j'étais maquée.

-Non je peux pas comprendre non.

-Oh je vois. Quoi qu'il en soit je suis désolée, et ça tombe bien parce que ce soir - elle commença à lui toucher les cheveux - je te trouve particulièrement attirant.

Luc esquissa un sourire. C'était comique finalement de la voir célibataire, à essayer de le prendre pour bouche-trou.
Elle prit son sourire pour un jeu de séduction et approcha ses lèvres vers le visage du jeune garçon. Pourtant, celui-ci ne céda pas au charme qu'elle lui faisait et décida d'esquiver. Elle recula, le regarda et piqua une soudaine crise de colère :

-T'es malade ? Je viens te voir, je te donne ta chance parce que monsieur me kiffe depuis deux ans et tu me repousse ? Mais t'es un connard en fait ! C'est ça ? T'es un connard !

-Pardon ? Tu te fais larguer, tu viens me pleurer dessus et après JE suis le connard ? Mais t'es malade ma pauvre ! - le ton avait changé et Luc était passé de la moquerie à la colère - tu connais les sentiments au moins ? Tu y connais quelque chose ou t'as juste une cervelle de salope ? Explique moi je capte pas tout Ok ?

-Donc c'est ça que tu veux. M'humilier devant tout le monde c'est ça ? Pauvre imbécile va.

Luc en avait assez. La colère lui était montée à la tête et il ne trouva rien d'autre de mieux à faire que de lui jeter le reste de champagne qu'il avait dans sa coupe. Iris resta plantée devant lui, dégoulinante d'alcool. Luc s'en alla, il en avait assez de discuter avec elle et n'avait qu'une envie : retrouver Paulo et Esther. Pourtant, le hasard fit en sorte qu'il s'égara dans la fameuse pièce "fumette" dont leur avait parlé Marc. L'odeur était extrêmement forte mais Luc s'installa tout de même sur une banquette libre. Il se retrouva assis à côté d'une jeune fille, qui, après avoir aspiré sur son joint entama une courte discussion :

-Toi, t'es un de mes anciens plans cul non ?

-Euh non.

Un énorme cône circulait dans toute la pièce et Luc n'hésita pas à en profiter quand vint son tour. Il avait déjà tenté ce genre d'expérience et le résultat s'était révélé plutôt positif puisqu'il avait passé une soirée assez tranquille. Sous le coup de la colère, il tira tout ce qu'il pût et ce, jusqu'à la fin du cône.

~

Luc n'entendait presque plus rien et planait. Il avait une étrange sensation de bien-être et il lui semblait que les gens autour de lui étaient pareils. Il souriait bêtement. Jamais une soirée n'avait été aussi bien depuis longtemps. Sa tête tournait, elle lui faisait mal même, mais peu importait, il se sentait paradoxalement bien.

-Suis-moi.

Il avait entendu cette phrase de nulle part mais pourtant quelqu'un lui tenait bel et bien la main et l'entraînait vers un lieu inconnu. Il ferma les yeux sans chercher à comprendre qui était cette personne et où est-ce qu'elle l'emmenait.

Il ouvrit les yeux. La pièce dans laquelle il était était baignait dans l'obscurité. Il devina un lit et une personne étrangère, qui lui tenait toujours la main.

-Assieds-toi contre le mur - lui chuchota la voix.

Luc trouva la voix grave et douce, une voix très profonde qui le rassurait un peu. Il s'assit sans broncher et attendit. Ses oreilles bourdonnaient et la chaleur était étouffante mais il était heureux (et il n'aurait su dire pourquoi).
Il sentit une présence se rapprocher de son visage. Une vague de douceur. Quelqu'un l'embrassait. C'était doux, c'était tendre, pas comme les autres fois. Ces lèvres étaient différentes et Luc les aimaient. Doucement, des jambes se rapprochèrent et des cotes vinrent se positionner contre les siennes. Il resta là, le souffle presque coupé, à déguster cette nouvelle sensation et cette vague de chaleur irrésistible. Il était bien. Il plaça ses mains au niveau du torse et chercha un relief. Visiblement il n'y en avait pas. La voix rigola doucement, tendrement. Le son était doux, posé.

-Tu ne risque pas de trouver grand chose - finit par déclarer cette mystérieuse personne - attends, donne moi ton téléphone.

Luc obéit.
L'autre saisit le téléphone, alla dans le répertoire et créa un nouveau contact. Il enregistra son numéro, puis son nom : Raphaël.

L'espace d'une seconde.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant