L'espace d'une seconde.

Chapitre 23

"Salut, euh en fait je me permets de t'envoyer un message, tu m'as vaguement laissé ton numéro hier soir. Écoute on se connait pas, je sais juste que ton nom est Luc mais on a pas vraiment fait connaissance puisque tu étais défoncé ... C'était un peu déplacé de ma part de t'emmener dans cette chambre et puis t'embrasser, j'aurais du faire les présentations et tout ça ... Je suis désolé. En tout cas ça m'a bien plu et c'est ce qui m'a poussé à écrire ce message, parce que j'ai cru comprendre que toi aussi tu avais bien aimé. Alors, je voulais savoir si c'était possible de se revoir ?"

Oh putain.

"Euh ... Raphaël c'est ça ? J'ai pas pu t'embrasser toi c'est pas possible ... Enfin c'est ridicule je ne sors qu'avec des filles"

En vérité Luc n'était sorti avec aucune fille. Il n'avait jamais eu de petite amie auparavant et l'idée d'embrasser un homme ne lui avait jamais effleuré l'esprit.
Son téléphone vibra une minute plus tard.

"Je te promets qu'on a passé une bonne soirée tous les deux"

"Mais t'es malade, je sais même pas qui t'es et tu me sors ça comme ça !"

"Mais j'avais pas de seins ! Tu l'as vu par toi même ! Ouvre les yeux Luc tu n'accepte pas d'avoir embrassé un garçon !"

Luc n'en croyait pas ses yeux. Sa tête tournait, il voyait trouble. Il était énervé qu'un inconnu lui envoie ce genre de choses, et il était déterminé à le lui faire comprendre.

"Mais jsuis pas PD ! Tu l'imprime ça ?"

Il attendit quelques instants. Il reçut trois minutes plus tard une question simple, et pourtant si troublante.

"Mais as-tu aimé ?"

À l'évidence oui. Il avait passé le meilleur moment de sa vie. Il avait goûté à une saveur nouvelle et avait partagé avec quelqu'un d'autre une expérience exquise.

Il l'avait partagée avec un homme.

Il ne répondit pas à ce message. Il était incapable de déclarer quoi que ce soit.
Il était encore nu, entouré d'une serviette de bain et cherchait le déodorant d'Esther (celle-ci préférant les déodorants d'hommes plutôt que ceux pour les femmes). Il s'habilla rapidement et retourna dans la chambre, où Esther l'attendait.

-T'as l'air perturbé. Qu'est-ce qu'il se passe ?

-Oh rien, la fatigue sûrement. Je vais pas tarder à rentrer, il faut que je sois un peu avec ma mère et que je fasse une sieste je suis épuisé. Merci pour tout ma grosse, les fringues, le pieux et tout. On se voit demain au lycée !

Il lui embrassa le front, récupéra ses affaires et s'en alla.