[Sterek] A travers moi

Chapitre 3

27 Juillet 2015
Forêt de Beacon Hills

- 't'rends compte qu'j'ai sauvé son cul d'dizaines d'fois ? Et lui ... m'me pas capab' d'me rem'r'cier.
- Stiles ...

Affalé dans la terre froide, la tête reposant sur une grosse racine qui dépasse du sol, je ricane maladroitement. J'attrape la bouteille pour en avaler encore quelques gorgées mais Scott me la prend des mains et l'éloigne de moi. Je penche la tête en arrière pour le fixer avec un air d'incompréhension. Je voudrais lui reprocher quelque chose mais je reste silencieux, parce qu'il comprend sans que j'aie besoin de parler.

- Je crois que t'en as assez bu.
- Quoi ? S'rieux, j'soif !
- T'as pas soif, Stiles. T'es triste.
- Tr'ste ? Pff ... n'import' quoi ! Donnes !

Je l'entends soupirer légèrement, et j'échappe un rire ravi lorsqu'il me tend la bouteille de whisky que j'apporte immédiatement à ma bouche. Ma vue est devenue floue depuis longtemps, mais Scott n'a pas besoin de savoir ça : il risquerait de mettre fin à cette si délicieuse soirée et je n'ai aucune envie de quitter la torpeur qui me soulage de bien des maux. Agitant la bouteille entre mes doigts, j'essaie d'argumenter sur quelque chose mais même pour moi, les mots n'ont plus aucun sens dans ma bouche. Je ris à nouveau, d'un rire complètement décousu, comme si même ma voix n'avait plus vraiment de sens.

- D'quoi j'pa'lais d'jà ?

Scott ne répond pas, se contentant de m'observer avec attention. Oh, j'aimerais tellement qu'il puisse se bourrer la gueule, lui aussi. Quel rabat-joie ! Je roule légèrement sur moi-même pour me retrouver sur le vendre et lui faire face. J'essaie de lui lancer un regard réprobateur mais je m'effondre de rire et alors que je sens un noeud se former dans ma gorge, j'enfonce mon visage dans le creux de mon bras pour y cacher quelques sanglots impromptus. Voilà ce que je suis, désormais : un ivrogne minable qui n'a même plus la capacité de gérer ses émotions.

- Pourquoi tu lui écris pas ?
- J'mais d'la vie !
- Pourquoi ?
- Pa'c'que.
- Allez, lève-toi, on rentre.
- Naaan !

Mais je suppose que je n'ai pas mon mot à dire : Scott s'est levé de sa place et approché de moi. Il me tend une main et je sais bien que si je ne la prends pas, il m'attrapera de force pour me faire partir d'ici. J'aimais bien, pourtant. J'aurais voulu rester là pour toujours. Continuer d'oublier à travers l'alcool, ou du moins donner moins d'importance à mes sentiments en engourdissant mes sens. Voyant que je peine à me décider, Scott attrape la bouteille entre mes doigts et prend mon poignet pour me tirer vers le haut. Ca tourne violemment autour de moi, je m'écroule presque sur lui mais il me retient sans peine : encore ses foutus dons de foutu loup-garou qui lui sont foutument bien utiles. Parfois, je me demande pourquoi j'ai refusé la morsure, quand j'ai eu l'occasion de la recevoir. J'aurais peut-être pu refaire ma vie loin d'ici, moi aussi. Mais mon attachement à mes proches est trop grand, je crois. Humain ou loup-garou, je ne pourrais pas me résigner à quitter mon père et tous ces amis qui m'entourent et que j'aime.