Chapitre 49

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L'escalier en pente raide est étroit, nous avançons rapidement et le silence finit bientôt par être remplacé par des murmures au loin.

— Ce sont nos camarades, ils sont conduits dans une espèce de bunker. De ce qu'ils pensent, pour les protéger de l'attaque qui vise à les tuer, explique Cyril.

— Il y a beaucoup de soldats avec eux ? demande Martin.

— Dur de chiffrer, mais beaucoup se remémorent la sirène et les deux militaires entrant dans leur chalet pour les évacuer... Cent-vingt. Au moins.

Personne ne répond, au son de sa voix nous avons tous compris que nous étions mal embarqués. Mais de l'extérieur nous parviennent les échos des tirs. Timothée protège nos arrières. Nous ne pouvons pas fuir. Même si nous arrivions à leur échapper, nous n'aurions plus jamais l'effet de surprise. C'est cette nuit ou jamais.

Pour nos amis toujours en vie et ceux sacrifier par ces connards, déclare Cyril pour nous sortir de cette torpeur.

C'est rare qu'il fasse une annonce dans plusieurs esprits en même temps, l'exercice lui demande beaucoup de concentration. Je ne suis pas empathe, mais j'ai eu le sentiment de ressentir sa détermination et je ne semble pas être la seule, car personne n'hésite pour terminer la descente.

Nous débouchons dans un immense tunnel, percé d'autres arrivées comme celles que nous venons d'emprunter. Du béton brut, partout et ces foutus néons blancs qui rendent l'ensemble plus froid qu'une tombe. Mais à notre gauche, à une centaine de mètres ; nos anciens camarades. Et des soldats qui ferment la marche. Notre trio : empathes et télépathe sont concentrés, ils doivent réussir à calmer les adolescents et je sais que Cyril cherche des esprits en particulier pour véhiculer la raison de notre attaque, des gens qui ont confiance en lui. Susceptibles d'y croire... Tout va reposer sur ce point, car nous ne tiendrons pas indéfiniment. Il n'y a pas autant de soldats qu'annoncé par Cyril, j'en dénombre une soixantaine qui se sont retournés et vite positionnés pour nous faire face et nous mettre en joue.

Je jette un œil à Jennifer, Boris et Martin pour vérifier qu'ils ne sont pas à bout et vont pouvoir encaisser d'hypothétiques tirs qui ne sont pas vraiment hypothétiques, car je suis certaine qu'ils vont finir par appuyer sur la détente. Mais c'est à moi d'entrer en jeu, selon l'ordre hiérarchique de prise de parole que nous avons décidé.

— Hey, hurlé-je me sentant stupide de héler la masse devant nous.

Nous avançons à pas mesurés, sans nous montrer agressifs, les mains levées. Les militaires ne nous ont rien ordonné, aucun ne nous a parlé pour le moment. Mais ceux-là ne tirent pas sans sommation, c'est presque bizarre. Si c'était un piège, j'imagine que Cyril le percevrait. Enfin j'espère, il y a tellement d'esprit qui l'entoure, Laura n'aurait pas été de trop !

— Posez-vos armes et laissez-nous parler à nos anciens camarades, crié-je. Nous ne voulons tuer personne, mais nous nous défendrons.

— Mettez-vous à terre, finit par répondre un des militaires. Si vous obéissez nous ne ferons pas feu !

— Le feu, c'est nous, répliqué-je en propulsant mon don de chaleur vers l'avant.

Les élèves ne sont plus juste derrière les militaires, je ne vais pas les blesser, mais j'espère que certains étaient assez près pour entendre. Ma vague de chaleur a à peine frôlés les militaires, car le bouclier de Boris a vite stoppé mon attaque pour me prémunir de la riposte.

La pluie de balle déferle sur le rempart invisible. Notre ami sue à grosses gouttes. Lily a sa main sur sa nuque et tente de l'épauler en insufflant un peu de son énergie en lui, pour « soigner » sa fatigue. Mais ce n'est pas aussi efficace que comme sur une vraie plaie. C'est tout de même mieux que rien.

Au pied du murOù les histoires vivent. Découvrez maintenant