Chapitre 19

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Après une interminable leçon sur les tactiques, nous sommes enfin libres.

— Ça te dirait qu'on mange ensemble ?

Je me tourne vers Camille, sous le choc de sa proposition je ne réagis pas, donc elle reprend :

— Je veux pas te forcer la main. C'est que j'aimerais changer d'air un peu. Avec les nouveaux arrivants j'ai réalisé que je ne m'ouvrais pas assez.

— Si tu veux.

C'est tout ce que je trouve à répondre.

Camille semble aux anges et la voir comme ça me met du baume au cœur. Elle m'abandonne pour retrouver ses amis habituels alors que nous nous rendons pour la majorité d'entre nous dans la salle de repos. Certains ont directement bifurqué dans les douches. Pour ma part, je vais attendre qu'il y ait moins de monde, surtout que quand j'arrive à être seule j'exerce mon don. Autant dire que j'ai créé quelques tensions en rendant l'atmosphère glaciale. J'ai l'espoir de mieux contrôler tout ça depuis mon passage à l'infirmerie de ce matin.

Après avoir choisi un livre, je m'installe à une table, comme d'habitude. Nous n'avons pas le droit de les prendre dans nos chambres et je finis par avoir commencé plusieurs romans en même temps. Au début, c'était gênant, mais finalement c'est un peu comme suivre une série télévisée.

Je n'ai pas encore retrouvé ma page que Malou s'assied à côté de moi.

— Je peux ? demande-t-elle en voyant que je la fixe.

— Heu... Oui, évidemment.

— Ça te dit de jouer aux cartes ?

J'acquiesce et m'aperçois que tous sauf Théo s'installent. Ce dernier n'est nulle part, il se lave sans doute. Mais ça tombe bien pour les jeux auxquels ils veulent que nous nous amusions.

Je savoure ces instants. Il y a des rires, des chamailleries et j'en oublie presque que mon corps me fait souffrir.

Je n'ai pas regardé les dégâts, mais je suis certaine d'avoir quelques belles marbrures un peu partout.

Dans les coins de la pièce, certains jouent au baby-foot ou au billard ou pratiquent leur don. C'est la routine, sauf que pour une fois je me sens faisant partie du tout.

Après une grosse demi-heure, les élèves qui étaient aux douches arrivent. Je ne remarque personne se lever, donc je vais en profiter.

Je m'excuse auprès de mes camarades et file à la salle d'eau.

Elle est assez loin. Ces couloirs sont interminables. Je croise un groupe de militaire dont le chef d'aujourd'hui fait partie. Ils sont tous interchangeables de toute façon, les mêmes carrures, les cheveux ras, les corps secs, plus d'une quarantaine d'années. Et tous des sadiques. Je suis un peu angoissée de me prendre une remarque, mais il n'en est rien et j'arrive à bon port.

Je pousse la porte et l'air moite me percute, mais je n'entends rien. Je fais d'abord un passage aux toilettes qui se trouvent directement sur les côtés en entrant. Il y a une vingtaine de cabines.

Après m'être soulagée, j'avance jusqu'au fond de la pièce, non sans me déchausser et retrousser mon pantalon pour ne pas le tremper. Il y a un meuble qui partage en deux l'espace à ce niveau, je dépose mes chaussures dessus, sous les patères qui le surmontent. Sur les étagères, il y a des serviettes, des rasoirs et des brosses à dents à usage unique. Dans nos sanitaires à notre étage, c'est le seul truc qui est différent d'ici, car les consommables sont sur une étagère fixée en haut du mur de séparation. Mais le reste est identique, la rangé de lavabos sur le mur du fond de par est d'autre du meuble et les douches sur les murs à droite et à gauche qui vont jusque derrière les toilettes. C'est les coins les moins exposés, c'est là que je compte aller m'entraîner et me laver. Même si d'abord, je veux faire un essai dans une des vasques.

Au pied du murOù les histoires vivent. Découvrez maintenant