La Magie de l'Avant

Samedi 18 Décembre

Je retire mes gants chirurgicaux en m'essuyant le front. L'opération s'est très bien passée. La salle d'opération est enfin propre.

- Je prends la permanence demain. Rentres, tu as une soirée je crois.

- Merci Peter, oui. Restaurant et soirée dansante.

- Je suis sur que Léotie va bien s'occuper de toi.

- Je sais et cela m'effraie. Elle est trop exubérante pour moi.

- C'est sa personnalité, je ne l'ai jamais connue autrement.

Je dois avouer qu'en presque vingt jours, Léo est toujours égale à elle même. Pleine de vie et d'entrain, elle mène son petit monde d'une main de maître. Une main de fer dans un gant de velours, cette expression lui correspond tellement. A croire qu'elle a été créée pour elle. J'ai peur de ce que cette dernière va me prévoir. Je récupère mes affaires pour rentrer au gîte.

Sur le chemin, je me demande où Lex va m'emmener manger, car mis à part chez Angelo, je ne connais pas les autres restaurants de cette petite ville.

En sortant de la douche, je hurle de frayeur en tombant nez à nez avec une Léotie souriante, installée sur le bord de mon lit. Elle bondit de joie en s'écriant.

- Kenza ! Je dois te remercier. Ma soirée était trop bien !

- Je n'ai rien fait. Qu'est ce que c'est ?

Elle me tend une housse avec un cintre que je ne prends pas. Devant mon refus, elle me le coince entre mes bras croisés ce qui manque de faire tomber la serviette qui m'entoure.

- Mon frère ne va pas tarder, on vous rejoindra sous le chapiteau.

- Léo...

- Je te laisse te préparer. A tout à l'heure.

Cette femme est une tornade ambulante qui repousse mes intentions de refus envers ses assauts répété pour changer mon look. J'ouvre la housse pour y découvrir une robe magnifique. Celle-ci est violette en bustier sans bretelle, plissée et courte. Trop courte. Je maudis Léo car je n'ai pas le temps de chercher autre chose, le son des coups portés sur ma porte me fait dire que Lex est derrière.

- J'arrive !

Je prends ma veste au volet rejoins l'homme qui patiente dehors, son visage étonné me fait hésiter. Léo m'aurait-elle induit en erreur en ce qui concerne la tenue? Je le détaille moi aussi et je dois avouer que sa tenue simple et classe ne me laisse pas indifférente. Je ne remarque pas qu'il s'est approché de moi, ses mains encadrant mon visage me font sursauter, son murmure accompagné d'un baiser langoureux me détendent.

- Ce n'est que moi, tu es magnifique.

......

Le restaurant était parfait, une table à l'écart de tous, un vrai rendez vous. Je ne savais plus à quoi cela ressemblait. L'établissement se cache dans une petite ruelle, sa déco vintage nous a fait faire un bon dans le temps des année 40. Nous avons rejoint le reste de notre petit groupe et je profite d'un slow en souriant. Kevin, égal à lui même, est en pleine drague, Léotie est dans les bras d'un Bryan ravi et aux anges. Ce dernier me fait un clin d'œil en me remerciant. Je n'ai rien fait de spécial pourtant. Mon cavalier me demande en m'embrassant dans le cou au dessus de mon foulard.

- Je suppose que tu as trouvé la meilleure sortie.

- A coté du bar, sur la droite derrière les rideaux.

Je gémis sous les assauts gourmand de mon cavalier car ses mains ne sont pas en reste sous ma veste. Ma robe est faite de telle manière qu'une agrafe tient le haut du bustier dans mon dos, mais il manque du tissu sur le reste de la surface et Lex a fait cette découverte par hasard en dansant un rock. Ma veste ayant eu la bonne idée de se soulever, pour son plus grand bonheur.

A la fin de la chanson je retrouve mon amie et lui demande.

- Vous voulez rentrer dans combien de temps ?

- Fatiguée ?

- Un peu, avec les deux opérations d'aujourd'hui qui étaient stressantes, j'avoue que je suis crevée.

- On se retrouve à la voiture, je vais prévenir les gars.

- Merci Léo.

Son frère me prend dans ses bras et m'interroge.

- Que mijotes-tu avec ma sœur ?

- Rien, je suis crevée et elle m'a proposé qu'on se retrouve à la voiture. Désolée d'écourter la soirée.

- Il est déjà deux heures du matin, tu n'écourtes rien. Viens.

J'apprécie qu'il accepte ma décision, cela me change tellement de mon vécu. C'est avec son bras autour des épaules qu'il me guide dans la rue principale. Je sais que nous nous sommes garé plus loin dans cette rue. Je respire à plein poumon l'air frais quand une voix nous interpelle.

- Je n'aurais jamais cru que tu oserais me tromper.

Cette voix me crispe des orteils jusqu'aux cheveux quand Lex demande à l'étranger en se retournant pour lui faire face.

- On se connaît ?

- Nous non, mais je connais Hope, n'est ce pas ? Ou devrais je dire, Kenza ?

Je suis dans l'incapacité de répondre, je prends mes distances avec Lex car la tension que je sens en lui me fait peur. Mon pire cauchemar vient de prendre vie et se trouve devant moi.

- Tu devrais avoir honte de toi, Hope. Tromper ton fiancé après l'avoir abandonné devant l'hôtel.

- Non... Non... Tu ne peux pas... Pas aussi vite....

- Kenza, qu'est ce qu'il raconte ?

Lex me fixe avec incompréhension alors que mon bourreau ricane. Mon cerveau à fait une crise cardiaque, il refuse de m'aider à construire une phrase cohérente. Je suis tétanisée alors que l'homme qui nous fait face, continue son opération de démolition me concernant.

- Racontes lui Hope, dis lui quelle menteuse tu es. Dis lui ce que tu m'as fais.

Plus je recule, plus Lex et l'intrus avance vers moi. Je ne peux pas. Je dois partir. Maintenant. Sauf que les clés sont avec Bryan et Léo qui ne sont pas encore arrivés. Quelques neurones décident de reprendre leurs fonctionnements et je parviens enfin à parler malgré mes tremblements.

- Fiches moi la paix Noah. Tu racontes encore des histoires.

- Je ne crois pas Hope, c'est toi qui est recherchée, pas moi. Aaron nous laisse une chance pour que je te ramène avant d'intervenir.

- Je ne viendrais pas. C'est terminé.

- Je peux savoir ce qu'il se passe ici ! Lex ! Tu fais quoi, bordel ?

Il faut dire que la situation est abracadabrante, elle doit sortir d'une dimension parallèle. Noah, mon pire cauchemar, se tient devant moi avec Lex qui le devance de quelques pas.

- J'essaie de comprendre, Bryan.

- Léo, amène Kenza dans la voiture.

Bryan, Léotie et Kevin viennent de se placer autour de moi, mon amie s'exécute sans un mot quand Bryan ordonne :

- Kevin, restes avec elles. Lex, bouges ! Quand à vous, vous restez à distance. Que je ne vous trouve plus à roder autour d'elle.

- Vous faites erreur, ce n'est pas moi le méchant de l'histoire. Elle a tenté de me tuer. Elle est recherchée par la police fédérale.

- Je sais et je sais aussi qu'ils ont ordre de tirer à vu car vous la faites passer pour dangereuse et psychotique. Sauf que je ne vous laisserai pas faire. Elle n'est plus votre chose, elle est libre.

- Sa liberté va se résumer à de l'internement si je ne lève pas ma plainte et je ne le ferai que si elle me revient.

- Dans tes rêves connard ! Lex, sois tu viens sois je te laisse ici !