Lundi 27 Décembre

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- Je vais les butter.

- Léo, calmes toi.

- Tous les trois !

Je laisse l'indienne déverser toute sa colère en marchant de long en large. Elle a tenté de joindre les trois militaires sans succès. Je sirote mon thé tout en attendant l'arrivée du Doc. Nous devons faire le tour des mamans du sanctuaire. Une véritable nurseries, entre la renarde, la jument, la puma et le python arc en ciel, nous avons de quoi faire. Je suis contente de revoir Peter et surtout de pouvoir travailler en binôme. Je crois que c'est cet aspect qui m'a manqué le plus.

Carolina pénètre dans la cuisine en évitant la femme énervée et m'interroge en prenant une tasse de café qui manque de finir sur le sol car celle-ci est sur le chemin de Léo.

- Qu'est ce qu'elle a ?

- Ces trois idiots sont injoignables !

Je souris en apercevant la grimace de ma copine qui courbe l'échine devant la véhémence de Léo. Elle me murmure :

- J'en connais trois qui vont morfler.

- Oui.

Je me lève en remarquant la voiture du vétérinaire se garer en face du perron. Ma fuite ne passe pas inaperçue car Caro me demande :

- Tu vas où ?

- Faire notre tournée des locataires. Bon courage.

- Emmènes-moi, pitié ! Je passerai le balai, je porterai ta sacoche.

Son ton suppliant me fait sourire, mais mon sadisme lui fait faire la moue quand je lui annon cela fatalité qui l'attend .

- Cela aurait été avec plaisir ma Caro, mais tu vas devoir aider Léo pour les courses. Ce que je ne peux hélas pas faire avec mes béquilles.

- Mi Amor, j'ai horreur de ce genre de corvée.

- Je sais mais tu ne supporteras pas certains des patients. Nous allons voir des bébés python.

Son cri de dégoût me fait sursauter, la voir reculer en secouant les mains d'effroi me fait sourire. Elle a la frousse de tous les serpents, dangereux ou non.

Elle est tombé dans les pommes au zoo la dernière fois qu'on y a été ensemble, le passage dans le vivarium a été fatal pour sa tête. La cicatrice sur son arcade est le vestige de sa rencontre avec un banc situé à coté des cobras royaux. Ce souvenir précieux m'a aidé a tenir pendant ma cavale. Mon amie me glisse d'une voix blanche :

- Les courses, c'est parfait. Je vais porter les sacs pour Léo. Je vais la suivre sans râler. Elle ne fait pas si peur en fin de compte.

- Je savais que tu préférerais. A tout à l'heure, Caro.

Je me rends près de Peter qui m'attend adossé à sa voiture. Son sourire bienveillant me rassure. Cet après-midi va être une partie de plaisir comparé à celui de mon amie en compagnie d'une Léo remontée comme une horloge. Je ne lui serai pas d'une grande utilité vu mon handicap, mais je la soutiendrai moralement.

- Prête ?

- Oui. Par qui commence t-on ?

- Le sanctuaire. J'ai appris que le python arc en ciel n'était plus seul.

- Vous allez aussi faire la connaissance d'une petite renarde très protectrice.

Je grimpe peu gracieusement dans la voiture. Peter démarre et j'ajoute essoufflée :

- Celle que Lex avait sauvé.

C'est tout un sport de monter dans une voiture rehaussée quand on est blessé à la jambe et que l'on ne peut pas s'appuyer dessus.

- Sa petite protégée à eux des petits ?

- Oui, Deux. Trop mignon, mais elle est difficile à approcher.

- Sans Lex, je vais peiner à les ausculter et dans ce cas nous devrons sûrement attendre son retour.

- En fait, je l'ai déjà fait, vous n'avez qu'a faire un contrôle de routine.

- Elle vous laisse l'approcher ?

- Oui.

- Donc je serai votre assistant. Je tiens à mes doigts.


Je n'ai jamais autant rigolé devant le manège de maman renard avec le Doc. Ils se chicanent, elle tente de lui mordiller les doigts alors qu'il l'agace avec ses instruments. Il lui touche les pattes avec le stéthoscope ce qui l'énerve et elle tente de se venger. Ils sont tellement occupé à s'embêter que j'ai tout le temps dont j'ai besoin pour ausculter les petits.

La visite de la maman python se fait en douceur, avec les serpents il n'y a pas grand chose à faire mise à part veiller à ce qu'ils ne disparaissent pas n'importe où.

Je rigole quand le Doc recule devant la véhémence de maman puma. Elle est peut-être blessée, mais pas impotente et lui fait bien comprendre. Il me supplie penaud :

- Elle ne me supporte vraiment pas. Elle est pourtant sous calmant. Je ne sais pas d'où elle tire ce regain de force pour me menacer, même affaibli par les médicaments, elle est impressionnante.

Je pose ma main sur la porte et son petit arrive en trottinant pour se frotter à moi. Peter s'exclame dégoûté :

- Forcement, si vous soudoyez son petit c'était sûr que je ne pouvais pas réussir.

- Disons que nous avons un passif commun toutes les deux. J'ai fait nourrir son petit pendant que je l'opérais. Après nous n'étions que deux à pouvoir s'occuper de lui, elle me tolérait grâce aux calmants pour changer ses pansements.

- Je comprends mieux. Les garçons avaient raisons.

- A propos de quoi ?

- Vous avez un don. C'est flagrant.

- Mais non, pas plus que vous.

Il me montre la scène dans laquelle je suis actrice. Il est vrai que, contrairement à lui, j'ai pu entrer dans la cage et je suis actuellement en train de changer le bandage de ma récalcitrante patiente qui grogne pour la forme sans geste agressif. Je termine tranquillement le sourire aux lèvres.


Cette après-midi est très fatigante, je baille en sortant de la grange. Je m'excuse auprès de Peter.

- Je comprends, vous devez vous reposer. Vous aussi vous êtes en convalescence.

- J'avoue que ma blessure me tire un peu. Je vais aller dormir. Peter ?

- Oui ?

Je ne sais pas comment lui annoncer, mais cet après-midi m'a démontré que je devais en finir avec mon passé et mon ancienne clinique pour repartir à zéro. Je me rapproche de lui pour le prendre dans mes bras.

- Merci pour tout. Je ne vous remercierai jamais assez pour m'avoir permis de garder pied. Grâce à vous, je sais que je dois reprendre ma vie en main, je vais rentrer pour mettre de l'ordre dans cette vie que j'ai fuit. Je le dois à mes patients.

- Je comprends. Ma porte vous sera toujours ouverte jeune demoiselle, j'ai cruellement besoin d'un associé et j'espère que ce sera vous dans un futur proche. Prenez le temps dont vous avez besoin.

- Je ne sais pas quoi dire.

- Gardez juste ma proposition en tête. Votre situation est exceptionnelle et vous devez prendre le temps de régler l'ensemble pour repartir sur de bonne base. Aller vous reposer et faites ce que vous avez à faire. Je vais prévenir Léo, ne vous inquiétez pas. Elle comprendra et vous laissera au calme.

- Merci Peter.

La Magie de l'AvantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant