Chapitre 3 : Un pas en avant et 17 en arrière.

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Dans la tête de Thomas :

Quelque chose de puissant semblait cogner contre mon crâne. Un souvenir dont je ne voulais probablement ne pas me rappeler. Mes oreilles sifflaient, et ma gorge brûlait de l'intérieur, comme brouillée par une fumée intense. Je revis des fleurs et des lumières danser devant mes paupières.

Tout me revint : la boutique, la voyante, et... mes sentiments pour Damien mis à nus devant lui.

Damien... En y repensant, j'eus un éclair de douleur dans la poitrine qui me donna envie de pleurer. J'arrivais à peine à respirer. Soudain, un rayon de soleil passa devant mes yeux clos. J'avais peur de retomber nez-à-nez avec Terra. Je n'étais clairement pas en mesure d'inventer des excuses aux prédictions amoureuses de cette italienne cinglée. Le mal-être à l'intérieur de mon torse m'élança de plus belle, et je décida d'ouvrir finalement les yeux. Un plafond blanc se dessina alors. Je me releva doucement sur une surface moelleuse. Une couette à rayures. Au dessus, un poster de Toy Story et des affiches de CS:GO.

En face, un gros ordinateur sous un casque audio. Des rideaux roses immondes. Mais... Bordel.

Qu'est-ce que je foutais dans ma chambre chez mes parents ?

Je me relevai d'un coup. C'était vraiment mon ancienne chambre. Mais qu'est-ce qui s'était passé ? Ca faisait plus de dix ans que j'y avais fait le vide ! Qui avait tout remis comme avant ? C'était vraiment du foutage de gueule ! En plus, cet ordi ne marchait même plus...

Je sortis mes jambes de la couette. Je comptais demander à mes parents comment j'étais arrivé jusqu'ici, lorsque je me mis à vaciller. Mon corps n'arrivait pas à me porter. Je pris une grande inspiration et marcha droit vers ma porte. C'est là que je vis mon vieux miroir. Je décida d'y jeter un coup d'oeil afin de voir l'étendue des dégâts subis sur mon crâne. Je voyais un peu flou, alors je me rapprochai.

Mon coeur s'arrêta de battre. Je n'avais plus de barbe ! J'étais encore plus petit que d'habitude, et ma tignasse bouclée était abondante. Quelques boutons rouges décoraient mon front. Qu'est-ce que c'était que ce bordel ??? La vieille m'aurait vraiment jeté un sort ? C'était vraiment une maladie grave là ! Une... Calvitie de la barbe et un début de varicelle ??? Dès que je sors de chez mes parents j'appelle Damien et je porte plainte putain ! J'appuyai sur la poignée pour sortir, quand un calendrier accroché tomba à mes pieds. Je décidai de le rescotcher quand je vis la date « d'aujourd'hui ».

Jeudi 31 Mai 2005.

C'était un calendrier qu'on m'avait offert à Noël, avec des blagues douteuses. Elles étaient tellement vieux jeu et débiles que... Je me souviens l'avoir jeté dès que je l'ai reçu. Il y a...

17 ans.

Je déglutis. La journée venait de commencer et je ne comprenais déjà rien.

J'actionnai la poignée avec des sueurs froides. Qu'est-ce que la voyante m'avait donné comme foutue maladie ?

Je descendis les escaliers, et trouva ma mère dans la cuisine.

« - Alors fils, tu as bien dormi ?

Entendre sa voix me rassurait. Elle me connectait mieux à l'espace réel.

- Euhhh ouais super merci maman. Juste un peu mal au crâne.

- Tu abuses. Je te dis tous les jours d'arrêter avec tes jeux électroniques. Tu vas te fusiller les yeux.

- Haha ouais c'est vrai ! Même si ça fait partie de mon métier maintenant.

- Qu'est-ce que tu racontes Thomas, dit-elle en soupirant. Tu me fatigues avec tes bêtises.

- ... ?

- Allez, dépêche-toi, tu vas encore être à la bourre. »

Elle se retourna et rempli un bol de lait chaud. J'étouffai un cri. Elle semblait rajeunie de dix ans, et elle avait les cheveux longs, ce qui n'était plus le cas depuis des années. Elle avait fait un burn-out qui lui avait fait perdre ses cheveux. Désormais, elle avait les cheveux courts.

- M...Maman ? Qu'est-ce que t'as fait à tes cheveux ? T'as acheté une perruque ?

- T'arrêtes cinq minutes tes conneries ? Bois ton lait et va prendre le bus. Je ne veux plus de retard ce mois-ci. Ras-le-bol d'avoir le directeur sur le dos .

- Euh , je dois vraiment être malade pour rien comprendre mais... De quoi tu parles ?

- Faut te le dire en quelle langue ??? Dé-pêche-toi ! Le collège va finir par te laisser à la porte !

- LE COLLEGE ???

- Qu'est-ce que tu m'énerves ! Le bus arrive dans 8 minutes. Emmène une crêpe Whaou et file, allez. »

Je la regardai pendant plusieurs minutes sans comprendre. Elle me poussa à l'extérieur, me balançant un sac à dos. Hébété, je fixais la porte de ma maison. J'avais un très mauvais pressentiment. Je tâtais mes poches à la recherche de mon portable, dans l'espoir d'appeler Damien. Rien ne s'y trouvait. La voyante m'avait probablement volé. Pas étonnant pour une charlatante. Vol, en plus d'avoir... Ensorcellé mes proches ? On aurait dit que ma mère ne me reconnaissait plus. J'ouvris mon sac à dos et découvris des cahiers, un agenda. Je ne comprenais plus rien. Il y était également inscrit « 2005 ». Mes sueurs froides me reprirent, lorsqu'un bus me klaxonna. D'instinct, je sortis un ticket et rentra sans comprendre. Des gens que je n'avais pas vu depuis plus de dix ans étaient assis, riant devant leurs portables à clapet. Je reconnus Fred et Paul, mes potes de l'époque. Mais qu'est-ce qu'ils foutaient là ? On me faisait une blague. Dix putain d'années que je ne les avais pas vu ! Ils me firent un signe de la main et je remarquais que Fred avait une vieille DS. Ils semblaient si jeunes.

« - Beh alors mon pote ? T'as vraiment l'air défoncé ce matin.

- Carrément. T'es sûr que ça va, demanda Paul, l'air inquiet.

- Euh ouioui ça va les gars... !!! »

QU'EST-CE QUE C'ETAIT QUE CETTE VOIX AIGUE IMMONDE !???  

« - Wow, on dirait que j'ai jamais mué... Putain les mecs, ça fait grave longtemps qu'on s'était pas vus !

- Tu déconnes ?

- Hein ?

- Pas depuis hier quoi, souffla Paulo. »

Non... 

Quoi ?...

Bordel. 

Qu'est-ce que je foutais en 2005.


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