Chapitre 12 : '' C'est moi ! ''

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J'entendai les marches qui menaient à la chambre craquer une à une. Lentement. Ma vision, réduite par le choc de l'évanouissement, ne distinguait qu'une ombre difforme. Vaguement. Je sentis une odeur fétide qui cherchait à achever son but. Haletante. J'avais incroyablement froid, coincé sur le parquet rugueux. Glaçant. Un goût désagréable venant de ma  blessure au menton réveilla mon dégoût de moi-même. Inlassablement.

La forme noire s'allongeait de plus en plus ainsi que son sourire qui s'élançait sur les côtés. 

Un son de ferraille afûtée me convenait comme mélodie élégiaque.

J'avais au moins pu reparler à Damien avant la fin. J'avais déjà eu énormément de chance. J'aurai voulu esquisser un sourire triste et nostalgique, mais je ne réussis qu'à agrandir ma blessure et la trace du sang.

Je me sentis reperdre connaissance. Mes yeux se refermèrent. Des étoiles partirent dans tous les sens. Mon corps sembla plus léger. Et j'eus enfin l'autorisation de relâcher tous les temps, toutes les pressions et tous les coeurs brisés. C'était donc ça la mort. C'était magnifique.

<< - Thomas. >>

La voix d'un ange était en train de m'indiquer le nouveau chemin à suivre. Les spirales célestes me dévoilaient le coeur à suivre. La voix du ciel était très bien trouvée, puisque c'était celle de...

<< - Damien ?...

- Je suis là.  >>


HEIN ? 


Mon regard se réouvrit grâce à celui à qui il avait tant donné. Je sursautai à la vue du ciel pour lequel j'avais envoyé des lanternes, désespérément, pour qu'il me retrouve. Deux pupilles, deux cercles infinis qui m'observaient attentivement tantôt en montrant son noyau, tantôt en montrant sa carapace - via le clignement de ses deux yeux, de ses deux mondes. Mon regard se baissa et vit un drôle de sourire un peu proéminent sur le dessus. Un sourire que je n'avais pas vu depuis la fin de l'adolescence, à la fois jeune dans le physique et vieux dans les souvenirs. Putain ! Putain c'était lui !!! Il m'avait sauvé !

<< - DAMIEN ?? 

- C'est moi ! >>

Ma tête était à l'envers et je me rendis compte que la gravité ne m'atteignait pas. Merde alors. Ce con-là me portait comme une princesse. Un peu dépassé par les évènements et l'apparition soudaine de Terra, je me mis à tourner ma tête dans tous les sens, en quête de repères.

<< - Je... Je peux marcher tout seul.

- Bien sûr que tu marches, tu cours même. La preuve : quand quelqu'un se fait passer pour moi tu fonces direct !

Sa réflexion me mit un peu mal à l'aise, d'autant plus que j'étais dans ses bras.

- C'est hyper cocasse ça, lâche-moi s'il te plaît. 

- Tombe pas.

La différence de hauteur entre le sommet de Terracid et le sol vu de ma bassesse me retourna un peu le cerveau. Mais pas autant que le jeune homme débile penché au dessus de moi. Je me sentais rougir, mais aujourd'hui, avec toutes ces émotions, je décidai de ne même pas le cacher.

- Euhh ouah.  Ca fait longtemps que je t'ai pas vu.

- Haha ouais j'avoue, ricana Damien. Un mois dans une autre époque c'est lon-

- Je parlais de te voir comme ça : imberbe. 

- Super.

J'étais complètement perturbé. L'ambiance était un peu étrange. Nous étions deux adultes (même si gros gamins à l'intérieur) moulés dans des corps d'enfants. J'avais crû lui parler pendant quatre semaines, sauf que je parlais en fait à un fou. Il voulait m'aider en me disant qu'il était le vrai Damien, mais je ne l'ai pas crû. Le souci de la demi-déclaration avec la voyante me semblait bien loin maintenant. Et j'avais eu la peur de ma vie il y a quelques minutes. J'essayais de respirer calmement, mais impossible : à l'instant où son parfum acide décorait mes narines, mon coeur battait en désordre. 

{ Terraink } - Notre Conquête IntemporelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant