{ Terraink } - Notre Conquête Intemporelle

Chapitre 19 : Coup de sang

- Tout reconstruire... Ensemble ? Avec moi ? répétai-je, toujours abasourdi par ce nouveau monde raconté en quelques mouvements de lèvres.

- Oui, chef. Et c'est toi qui nous conduira à la justice. Je te le promets.

- Mais je...

- Je t'assure que tu nous a prouvé de nombreuses fois à quel point tu es le plus digne de grimper en haut de cet immeuble pour brûler cet étendard. Celui orné d'un pétale de jasmin trempé dans du sang d'innocent. Ce Détenteur s'en repaît, du moindre globule des plus démunis. 

Complètement désorienté par ce cauchemar permanent, j'essayais de mettre mes neurones en action pour trouver la meilleure solution. Je n'étais même pas sûr de ce qui était réel. Comment pouvais-je aider ces pauvres malheureux ? Peut être que le mieux à faire était de fuir. De retrouver une bonne fois pour toute mon époque. Quoique... Ce n'était jamais moi qui avait décidé de mon sort dans le temps, depuis cette affaire de voyante. Faire le tour du monde en volant sur des oiseaux ou en courant le plus vite possible ne m'amènera peut être jamais là où je souhaite aller. Ou alors... Je me rendors comme tout à l'heure, et peut être me réveillerai-je dans un endroit nouveau. En priant pour que je retrouve les deux diamants bleus qui me servaient de repères.

En attendant, c'était deux miroir d'onyx qui me fixaient, pleins d'espoir. Ces pierres précieuses étaient aussi sombres que le passé qui s'était déroulé devant ses yeux. Hazvineï... Elle avait tout perdu, mais elle restait attachée à un optimisme presque fanatique. C'était la dernière solution pour survivre dans cet environnement de papier brûlé : espérer. Et même en n'ayant pas le nécessaire pour vivre correctement, elle avait le courage de nourrir une petite fille qui n'était pas du même sang qu'elle. La générosité infinie. Voilà ce qui se cachait dans ces pupilles cendrées par l'incendie de l'apocalypse. 

J'eus soudain une honte immense en me rendant compte qu'en ayant moins de moyens que moi, elle était déterminée à se battre jusqu'au bout. Et je suis persuadé que même en changeant d'époque comme je le faisais, elle aurait toujours la même rage, celle qui mêle l'envie de changement et l'amour de ses prochains. Elle alimenterait sa rage par son courage, dilaterait l'orage parmi les âges. 

Et moi j'étais là, minable, cherchant un prétexte pour fuir mon destin. Alors qu'une survivante ne demandait que mon aide. On comptait sur moi. Et cette fois-ci, je n'avais pas à penser qu'à moi. Il fallait que j'honore mon coeur d'être humain. 

Ces gens, survivants de l'apocalypse, étaient prisonniers d'un système corrompu. Moi, j'étais comme qui dirait un survivant de la folie sécrétée par cette voyante, et j'étais prisonnier du temps. Peut être n'étions-nous pas si différents... Mais comment pouvais-je aider à retrouver une liberté déjà enterrée dans ce monde de fou ? C'était... C'était impossible.

" Ou ça paraît, impossible. Parfois on peut tout faire avec la clef qu'on a toujours détenu. On fait juste semblant de ne pas voir la porte", m'avait un jour fait remarquer Terra dans un jeu où il ne fallait jamais se tromper de serrure. Il se donnait des airs comme ça, mais il n'avait pas tort...

 Je relevai lentement la tête vers ma partenaire, encore rouge de honte. La prise d'une décision vitale vit vibrer mon coeur valheureux de plus en plus vite. Le rayon de son iris rentra en contact avec le mien, et l'amitié traça une ligne entre nos regards. Je ne prêtais plus attention à la poussière perpétuelle présente dans l'air. Le rayon de soleil qui s'était allumé avait tout fait disparaître. Depuis quand avais-je cette envie d'être particulièrement héroïque ?

- Je vais vous aider. Je ferais tout pour changer les choses. Vous sauver vous, c'est me sauver moi. On va brûler tout ça, toute cette société qui n'en est pas une. Et ensuite, on criera tout ce qui nous a motivé à garder espoir.