{ Terraink } - Notre Conquête Intemporelle

Chapitre 17 : Damien's blues

Et voilà. Nouveau mal de crâne, nouveau voyage temporel. Oh putain... Ca n'en finira donc jamais ces conneries ? Je suis où bordel...

Il faisait sombre. J'avais très mal à la mâchoire. J'étais couché sur le sol, humidifié par les égoûts, à en juger par les odeurs immondes qui me tournaient autour. J'aperçus deux silhouettes dans l'ombre de la pièce, en face de moi. Aucune ne pipait mot. J'avais extrêmement mal, je ne pouvais même pas parler.

« - Ouvre-lui.

- Quoi ? Mais votre honneur vous en êtes certain ? Ce type est dangereux, il a fallut le neutraliser avec plusieurs décharges, et je...

- Je te demande pardon ? Ignores-tu qui je suis ? Les ordres sont les ordres. 

- Je suis navré mais je soutiens que...

- Tu soutiens ton chômage maintenant. Laisse-moi passer ou ça va mal se passer pour ta sale gamine.

-  Comment savez-vous que... ?

- On apprend bien des choses lorsqu'un minot se plaint en personne des conditions de travail de son père. Tu te plains n'est-ce pas ?

- Je...

- Peu m'importe. Si tu souhaites revoir ta fille sourire un jour, va voir dans la salle 106.

- Vous n'avez tout de même pas...

- Tais-toi, tu vas gâcher la surprise. D'ailleurs pour ne pas en avoir de mauvaise, tu ferais mieux de partir tout de suite.

- ...

- Tu attends que je vienne te l'apporter en petits morceaux ou quoi ? Allez !!!  >> 

Qu'est ce que c'était que ce type... Il avait l'air d'être un inhumain complètement cinglé. J'entendis des bruits électroniques. Il semblait y avoir un code pour me laisser sortir de cette cellule. La porte grinça pendant de longs instants. Si bien qu'elle semblait s'ouvrir lentement. Très lentement.  J'aurais eu le temps de m'échapper sans soucis. Si seulement  j'avais eu la force de me relever... 

Un courant d'air glacé glissa sur ma nuque. Le type devait être arrivé jusqu'à moi. Je ne pouvais pas encore le voir. J'entendis un pas claquer contre le sol.  Le coup de pied m'éclaboussa avec de l'eau croupie, dans laquelle je baignais déjà depuis un long moment. Je voulais me dégager de ce sol immonde. Mais en voulant bouger ma tête, je ne réussis qu'à bouffer de la terre en inspirant. Je poussai des jurons en crachant. L'homme ricana.

« - Te voilà. Pourriture de Itturalde.

- H... Hein ?

- Je ne donne pas cher de ta peau. Mais avant de choisir une manière de te détruire une bonne fois pour toutes... On va avoir une petite discussion, toi et moi.

- ...Qui êtes-vous ? Où suis-je ? »

Un rire affreux et horrible résonna dans la cellule. L'homme autoritaire vêtu de noir tapa violemment du pied contre le sol mouillé, et éclaboussa les silhouettes devant. Des créatures s'enfuirent dans les trous du mur, apeurées par le bruit. Des rats. Ou des insectes. Soudain, il m'empoigna par le col. Il me regarda intensément dans les yeux. Ses pupilles brillaient dans l'ombre. Je connaissais ce regard. Je connaissais cette lueur. Comme si c'était chez moi. Mais à cet instant, cette lumière habituelle me donna envie de vomir. J'avais mal, j'avais très mal. J'avais envie de vomir à cause de ces égouts, de ces déchets, de cette odeur de sang répandue sur le haut de mon crâne. J'aurais frappé l'homme en question si j'avais eu la force de faire quoique ce soit d'autre à part respirer. Soudain, il relâcha le tissu qui exposait ma blessure, et je retombai lâchement par terre. Il se rapprocha de moi d'une lenteur si extrême que cela me sembla durer des heures entières. Des milliers de bulles multicolores dansèrent sur mes paupières au moment où j'aperçus cette note de ciel bleu dans les ténèbres. J'étais en train de m'évanouir, et c'était tant mieux. Je n'avais aucune idée de là où je me trouvais, mais je savais que c'était quelque part où régnait la peur. Et même si j'avais eu toutes mes capacités physiques, , aussi légères soient-elles, j'aurai été incapable de bien réagir face à mes craintes. C'est la raison pour laquelle mes évanouissements fréquents ne m'alarmaient pas plus que ça en ce moment. J'ai toujours réagi dans le vide lorsque j'étais stressé. Le tyran atteignit enfin ma peau, ce qui eu pour résultat de me faire frissonner de dégoût. De peur. Ou de froid. Ou bien les trois à la fois. Il était désagréablement proche.