Fucking Roomie [TERMINÉE]

Chapitre 1

KAYLEE

— Désolée Kaylee, je ne vais plus pouvoir t'aider.

Voilà la phrase que je me passe en boucle depuis un quart d'heure, tout en détruisant mes poumons afin de ne pas arriver en retard, à mon premier cours de la journée. Mon cœur tambourine et menace de sortir de sa cage thoracique à n'importe quel moment. Mes jambes me supplient de cesser cet acharnement, mais mon cerveau n'en a que faire de ces jérémiades.

J'avais rendez-vous ce matin avec mon ancienne propriétaire, je pensais que la discussion serait rapide et qu'elle ne me mettrait pas en retard. Apparemment, j'avais tout faux. En plus d'avoir été complètement inutile, elle s'est éternisée et m'a plombé le moral pour les semaines à venir.

— Je t'ai accordé plusieurs semaines alors que les demandes se multipliaient. Je ne peux pas me permettre de conserver cet appartement sans locataire, plus longtemps, m'a-t-elle dit de son air le plus triste.

Tu parles, je lui demandais seulement une ou deux semaines de plus, histoire d'avoir un petit temps supplémentaire pour trouver un colocataire. Mais quand on est étudiante, sans garant, la confiance n'est pas au rendez-vous.

Bon, une part de moi — la plus raisonnable et la moins têtue — comprend que je ne suis pas le nombril du monde et que les gens doivent bien vivre. Miranda m'a fait une fleur en me mettant l'appartement de côté, le temps que je trouve un remplaçant à mon traitre d'ancien colocataire, qui se trouve être mon meilleur ami.

Après avoir filé le parfait amour avec son nouveau petit-ami, Nolan Harry Grey a décidé qu'il était primordial d'emménager avec lui, et d'abandonner sa seule complice, comme une vieille chaussette indésirable.

Il te laisse quand même squatter son canapé, sa salle de bain et son frigo, sans rien te demander en échange, me souffle la voix raisonnable dans ma tête.

— La ferme, grommelé-je un peu trop fort, à en juger les quelques étudiants qui me dévisagent.

Je n'y prête pas attention et continue ma course sans fin. Mon cours commence dans six-minutes trente et je dois encore me taper les quatre étages qui me séparent de l'amphithéâtre. J'active le mode Warrior et grimpe les marches quatre à quatre. Pour une fille qui n'est absolument pas sportive, je trouve que mon corps est plutôt résistant, après ces dix minutes de course intense.

Trois minutes quarante.

Je m'autorise enfin à reprendre mon souffle lorsque j'aperçois l'objet de mes désirs. Et non, ce n'est malheureusement pas un bon gros plat de Gnocchis alla Romana, mais bien ma salle de cours pour les deux prochaines heures. Je comble la distance en marchant, tout en ordonnant à mes poumons et à mon cœur, de ralentir. Je respire comme un bœuf, et sachant que les gens me prennent déjà pour une folle qui parle seule, inutile d'aggraver mon cas. Pas que l'avis des autres me touche, mais la société exige certains « codes » que même les plus rebelles ne peuvent transgresser.