Prologue

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La voilà enfin, cette suite que vous attendiez tant. Bonne lecture !

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Deux ans plus tard.

Ciel courait vers la maison en flammes, sans jamais réussir à se rapprocher même d'un mètre. Il tombait, se relevait, tentant en vain de secourir... Qui déjà ? Il était trop tard de toute manière, un clignement d'yeux et la maison était effondrée, le feu déjà étouffé. Il n'y avait plus rien et elle était morte, partie en fumée.

Ciel se réveilla en sursaut. C'était toujours le même cauchemar, rien ne changeait. Chaque micro-détail était le même. Aucun doute, c'était chaque nuit pareil, au morceau de cendre près. Il cherchait désespérément à sauver Yuuka d'une mort certaine et, chaque fois, il échouait. Mais il était chaque fois plus désespéré, comme si la sauver en rêve pouvait changer quelque chose à la réalité.

Ça ne s'était pas exactement passé comme ça en réalité. Lorsqu'il avait atteint le lieu où elle était retenue, le feu était déjà éteint, il n'avait jamais vu la maison brûler autre qu'en rêve. Tout ce qu'il avait trouvé était son corps calciné, car il était trop tard, beaucoup trop. Et aucun de ses rêves ne réussirait à effacer son échec.

Peu importe combien de fois ce cauchemar se répétait, il n'y changeait rien. Yuuka était morte sans laisser de traces de son existence passée.

Il se demandait parfois si elle avait vraiment existé, cette trop courte histoire d'amour qui l'avait changé au plus profond de lui-même ; si ce n'était pas juste un doux rêve qu'il avait pris pour la réalité.

Cette nuit-là et ce matin-là ne furent pas différents. Il se réveilla en sueur, haletant comme s'il avait couru de Marathon à Athènes. Il ne bougea d'abord pas, restant allongé dans son lit. Une larme roula jusqu'à son traversin.

« My Lord, dit-Sébastian, tout va bien ? »

Il demandait, même connaissant par cœur ce qu'il en était de l'état émotionnel de son maître. C'était la même chose depuis précisément deux ans. Ciel ignora sa question. Les sensations de son rêve étaient encore bien trop présentes. Et à quoi bon répondre de toute façon ?

« Je dois le voir », dit-il en se redressant pour s'asseoir contre sa tête de lit.

Sébastian acquiesça sans un mot et sortit de la pièce pour y revenir quelques secondes plus tard, un gros journal dans les mains. Il le déposa sur les genoux de son maître et s'éloigna du lit.

Ciel posa les doigts sur la reliure comme si elle était aussi fragile ou précieuse qu'un vase Ming. C'était pourtant, pour n'importe qui, un carnet ou journal tout ce qu'il y a de plus commun. Sauf pour lui - et Sébastian - mais surtout lui. Parce que c'était la seule et unique preuve de l'existence passée de Yuuka. La seule chose qui était restée intacte sur les lieux de sa captivité, trouvé à quelques mètres de la maison. Sans doute perdu par le kidnappeur après qu'il eut mis feu à la maison.

Lorsqu'il l'avait ouvert pour la première fois, il n'en avait pas cru ses yeux. Yuuka racontait leur histoire, leur drame romantique, comme si c'était la seule chose qui méritait de rester derrière elle.

Il l'avait lu, lu et relu jusqu'à en connaître chaque mot, jusqu'à comprendre exactement ce que Yuuka avait ressentis tout au long de leur histoire ; à quel point elle s'était sentie trahie et effrayée en apprenant la vérité sur lui, comment elle s'était rendue compte qu'elle l'aimait, chacune de ses pensées les plus intimes étaient mises sur papier dans ce journal, pour toujours figé sur le papier sans possibilité de le modifier.

Il s'était essayé à l'exercice, pour comprendre ce qu'elle avait ressenti en écrivant ce qu'elle avait vécu. Mais il n'était pas fait pour ça, il n'arrivait pas à parler de ses sentiments, il ne comprenait pas les émotions basiques, était incapable de les nommer ou même se souvenir de ce qu'il avait pu ressentir. Il avait abandonné, se disant qu'il ne comprendrait jamais pourquoi elle avait écrit ainsi, avec un tel besoin de se souvenir. Comment pouvait-elle se rappeler d'autant de détails alors que ses souvenirs à lui étaient si peu précis ? Comme si elle vivait les choses avec beaucoup plus d'intensité que lui.

La vie lui semblait plate, sans intérêt, sans couleurs. Tout lui semblait sans vie en vérité et si peu digne d'être contemplé. Même avec Yuuka, il avait ressenti quelque chose de plus qu'avec tout le reste, mais il n'avait pas ressenti les choses avec autant d'intensité qu'elle le décrivait. Il n'avait pas eu les papillons dans le ventre, pas de désir impossible à cacher, pas d'effusions de passion, il l'avait aimé mais pas comme elle le méritait. Il se demandait s'il était capable de ressentir des émotions plus fortes.

Mais le destin était en marche, une nouvelle aventure était sur le point de commencer, une aventure qui changerait tout pour Ciel. Et qui sait ? peut-être que cette fois Ciel aurait droit à sa fin heureuse.

Mon histoire d'amour avec Ciel Phantomhive tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant