Chapitre 19

27 3 8
                                    

« Pourquoi m'avoir demandé si on pouvait s'embrasser si tu ne le fais pas ? demandais-je.

— Tu demandes comme si tu en avais envie, dit-Ayame.

— Bien sûr que non ! dis-je en sentant mes joues s'empourprer. Je me posais juste la question.

— Parce que je trouve quand même ça un peu déplacé. Tu étais le copain de Yuuka après tout. Elle était mon amie. Et tu n'as embrassé personne d'autre depuis, si ? Je n'ai pas envie que mes lèvres effacent le souvenir des siennes.

— Ça n'arrivera pas, rien ne peut l'effacer. Et elle sait que tu fais ça pour elle. Ce n'est pas comme si tu essayais de piquer son copain.

— Qui sait ? dit-elle avec un sourire espiègle.

— Tu... Quoi ?

— Je rigole Ciel, voyons. Il n'y a que Yuuka qui t'aime. Et je ne crois pas que tu puisses aimer quelqu'un d'autre de toute manière, alors ce serait une quête vaine. »

Je ravalai ma salive, elle m'avait vraiment surpris sur ce coup.

Elle attrapa le col de ma veste, se rapprocha rapidement et déposa ses lèvres sur les miennes. Mes yeux s'agrandir de surprise. Pourquoi maintenant ?

Ses lèvres, elles ne faisaient que renforcer le souvenir de celles de Yuuka. Je me revoyais l'embrasser, la première fois, dans cette étrange situation. Et toutes les fois d'après, même si elles ne furent pas nombreuses. Sa présence me manquait, son corps me manquait, ses lèvres me manquaient. Si seulement elle était là, à la place d'Ayame.

Je me laissais emporter par l'idée que c'était elle et mes lèvres l'embrassèrent en retour. J'attrapais sa taille pour la rapprocher de moi. Je sentis les larmes me monter aux yeux, ce n'était pas elle, et je le savais, mais pourquoi mon coeur ne pouvait s'empêcher de fermer les yeux sur cette information ?

Elle finit par écarter ses lèvres des miennes, j'en aurais voulu plus, juste une seconde de plus avec le souvenir de Yuuka.

« L'agent d'entretien était là, se justifia-t-elle. Tu sais que c'est lui qui a répandu la rumeur sur la malédiction. Je pense qu'il ne faudra pas longtemps pour que le lycée entier sache ce qu'il vient de voir. »

J'acquiesçais, honteux de m'être laissé emporté.

« Je sors marcher un peu » dis-je avant de m'éloigner.

✩ ✩ ✩

Ayame attendit une heure dans leur chambre avant de partir à la recherche de Ciel. Il avait besoin d'être seul, certes, mais ça en devenait inquiétant. C'était fou comme un simple baiser pouvait faire remonter tant d'émotions, c'est ce qu'elle avait vécu et elle supposait que c'était aussi le cas de Ciel.

Elle le trouva exactement là où elle l'avait supposé. Il s'était adossé contre le banc, celui où il avait rencontré Yuuka pour la première fois. Elle alla s'asseoir à côté de lui.

« Ça va ? demanda-t-elle.

— Sincèrement, je ne sais pas. »

Ciel ne voyait pas pourquoi il devrait cacher à Ayame comment il allait et ce qu'il ressentait. Il n'en parlait jamais, mais il la savait aussi brisée que lui, et cela lui donnait l'impression qu'il pouvait tout dire.

« Tu as déjà pensé à ce que tu aurais pu faire différemment, pour ne pas en arriver là ? demanda-t-il. Pour sauver ta famille et Yuuka ?

— Souvent. Mais plus j'y réfléchis, plus je me dis que je ne pourrais rien changer même en retournant dans le passé. La plupart de ce qui m'est arrivé, n'était pas de ma faute, en soi. Tout est parti d'un détail qui a tout embrasé, mais un détail sur lequel je n'avais aucun impact. Et il n'y a qu'à une occasion que j'aurais pu changer le reste de mon destin, mais je ne veux pas annuler ce qui a été fait. C'est peut-être horrible mais je préfère être dans cette situation que de ne pas avoir rencontré les gens que j'ai aimés, l'homme que j'ai aimé. C'est toutes ces expériences qui ont forgé ce que je suis aujourd'hui. J'ai l'impression d'être un monstre en disant que je ne veux pas me sacrifier pour les sauver...

— C'est aussi ce que je ressens, dit-Ciel. Une partie de ma vie n'est absolument pas changeable, parce que je n'avais pas d'impact dessus. La suite aurait pu être différente si j'avais légèrement dévié ma route. Mais sans ça, je n'aurais jamais rencontré Yuuka, je n'aurais jamais connu l'amour. Et peu importe ce que j'aurais fait après ça, elle aurait été destinée à mourir. Je préfère que mes parents soient morts plutôt que l'idée de ne pas l'avoir rencontrée. Et j'ai aussi l'impression d'être un monstre en pensant ça. »

Il avait eu raison, il pouvait parler avec elle, elle le comprenait. Il avait rencontré un être semblable à lui, porteur d'une même tragédie, et en quête, comme lui, d'une solution*.

*Cette phrase est une citation venant d'une lettre de Friedrich Nietzsche destinée à Malwida Von Meysenbug.


Mon histoire d'amour avec Ciel Phantomhive tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant