Chapitre 46

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Lorsqu'il sortit de la salle de bain, Sebastian n'était plus là.

« Qu'est-ce que je peux faire, Ayame ? demanda-Ciel.

— Pardon ?

— Je n'ai jamais sût réconforter quelqu'un, je ne sais pas quoi faire. Je suis complètement perdu et j'ai peur de faire une erreur, de dire quelque chose de malavisé. J'ai besoin que tu me dises ce que je dois faire pour t'aider. »

Ayame le regarda un instant, puis elle sembla comme absente. Il attendit patiemment qu'elle revienne vers lui.

« Est-ce que tu sais jouer le dernier des vingt-quatre caprices pour violon de Paganini ? »

Il acquiesça et alla chercher son violon. Il commença le morceau et Ayame le regarda attentivement.

« Il n'y a plus que toi, dit-elle au milieu du morceau. Et je n'ai pas envie de te perdre. »

Ciel s'arrêta de jouer.

« Qu'est-ce que moi je dois faire ? demanda-t-elle. Pour que tu restes en vie. Pour que tu ne meurs pas comme tous ceux qui m'entourent.

— Ce n'est pas toi qui sème la mort. C'est moi. Yuuka est morte de m'avoir connu, mes parents et mon frère sont morts, j'ai tué la sœur de Yuuka avant même de la connaître, ses...

— Le destin est bien cruel.

— ...parents sont morts à cause de moi, les tiens aussi. Je suis l'ange de la mort, pas toi. Tu n'es qu'au mauvais endroit, au mauvais moment, avec la mauvaise personne.

— Tu n'es pas la mauvaise personne. Pas pour moi. Il n'y a que toi qui puisses me comprendre, qui puisse savoir pourquoi je suis ainsi. Il n'y a que toi qui puisse m'aider et m'aimer telle que je suis. Car qui voudrait d'une âme aussi brisée que la mienne ? Je ne suis qu'un vase cassé en millions d'éclats. Et ils sont tous coupants.

— Je suis désolé, dit-il, d'avoir reculé tout à l'heure, lorsque tu tenais le couteau. Je n'ai pas eu peur de ce que tu pourrais me faire, mais de ce que tu pourrais te faire. Je ne veux pas que tu meurs, et j'ai toujours l'impression que tu es plus forte que moi. Tu te montres tellement agressive - pas dans un mauvais sens - et déterminée, que j'ai tendance à te croire invincible. Mais je sais que nos blessures sont les mêmes, alors si j'ai souvent envie d'être mort, pourquoi n'en aurais-tu jamais envie ? »

Ayame ne répondit rien. Il n'avait jamais eu peur d'elle, mais pour elle.

« Ciel, je dois te dire... »

Ciel qui était perdu dans ses pensées depuis un moment marmonna :

« C'est étrange que Sebastian n'ai pas retrouvé le couteau. Ce n'est pas bon signe. »

Il releva la tête vers elle.

« Tu as dit quelque chose ? demanda-t-il.

— Je voulais juste savoir si on pouvait dormir ensemble. »

Ciel accepta et ils allèrent se coucher, car il avait beau ne pas faire nuit, aucun d'eux n'avait dormi et l'épuisement se faisait ressentir après tant d'émotions.

Ils s'allongèrent dans les bras l'un de l'autre et Ciel fut le premier à s'endormir.

« Je ne peux rien te dire, pensa-Ayame. Je mets ta vie un peu plus en danger à chaque vérité révélée. Tu es trop faible pour nous protéger et je crois que Sebastian ne s'y intéresse pas réellement. Je suis la seule à tout savoir - ou presque - et à pouvoir nous protéger. Et pourtant je ne suis même pas sûre d'en être tout à fait capable. Si tu meurs, Ciel, je serais obligée de te suivre. Je donnerais ma vie pour toi. Si tu meurs, mais pour que tu vives aussi. Et c'est peut-être horrible, mais si je dois te mentir jusqu'à la fin de nos jours pour te protéger, alors soit. »

Elle le regarda un instant.

« Dans le fond, c'est peut-être juste pour moi que je te mens. J'ai toujours peur de ce que tu penseras. Et si tu me rejetais après ça ? Je ne m'en remettrais pas. »

Elle revoyait toujours le visage de Shûsei lorsqu'il avait appris la vérité. Cette expression de dégoût. Elle savait qu'il n'y avait pas que la mort de Yuuka, ni sa propre condition, qui l'avaient poussé à ne plus vouloir vivre.

Oui, évidemment, il s'était suicidé. C'était la seule hypothèse qui expliquait sa mort. Il était assez fort pour se défendre, il ne se serait jamais fait tuer. Sauf par un autre démon, bien sûr, mais elle ne connaissait aucun démon qui eut voulu sa mort.

Shûsei ne l'avait jamais vu de la même manière après, il ne l'avait jamais réellement accepté. Il y avait toujours eu une distance entre eux. Elle le dégoûtait autant qu'il se dégoûtait lui-même.

Et ce serait pareil avec Ciel, elle le savait. Alors, non, elle ne voulait rien lui dire, et toutes les raisons étaient bonnes pour retarder indéfiniment ce moment. Elle ne voulait pas voir cette expression sur son visage. Il ne l'aimerait plus après, plus jamais.

Et en même temps, elle ne serait jamais vraiment heureuse si elle devait lui mentir éternellement, sans savoir s'il l'accepterait. C'était tellement contradictoire.

★★★

« Sebastian, tu dois m'apprendre à utiliser mes pouvoirs et à me battre. Je ne serais peut-être jamais aussi fort que toi, ou même qu'Ayame, mais je veux être capable de la protéger et ne pas être un poids pour elle. »


Mon histoire d'amour avec Ciel Phantomhive tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant