Chapitre 6

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Le lendemain n'arriva pas assez vite aux yeux de Ciel. Il tourna et retourna dans son esprit les mots de la baronne. Il fit le tour de son manoir en marchant pendant des heures, le jour venu. Mais elle n'arriva qu'en fin d'après-midi.

« Ce n'est pas trop tôt, dit-il.

— Je ne vous savais pas si impatient, cher comte. »

La femme qui se trouvait devant lui était bien différente de celle qu'il avait vu à la réception. Elle était de taille moyenne, et au physique tout à fait banal. En dehors de ses yeux bleus, elle n'avait rien de particulier. Lui qui s'était senti très mal à l'aise à cause de sa beauté et sa prestance surnaturelle, se trouvait bien plus détendue en la voyant ainsi. Sa pseudo-perfection avait quelque chose d'effrayant, et il s'était fait à l'idée qu'elle l'était. Son avis changeait maintenant, mais peut-être devrait-il éviter de se laisser berner par cette nouvelle image.

« Allons nous installer dans le salon, dit-il. Vous prendrez bien du thé ?

— Évidemment. Un thé noir de préférence, dit-elle en regardant Sebastian. »

Ils allèrent s'asseoir en silence. La baronne ne faisait que regarder Ciel, sans aucun intérêt pour l'intérieur du manoir.

« C'est comme si vous connaissiez déjà le manoir, fit remarquer Ciel. Soyez un peu moins évidente. Vous êtes déjà venue ici ? »

Elle lui sourit doucement, avant de jeter un regard au décor.

« Je ne fais confiance à personne en particulier, dit-elle. Je suis même du genre à déposer mon courrier moi-même aux personnes importantes.

— Donc c'est vous. Celle qui vient sans que Sebastian ne puisse détecter sa présence.

— Non, j'aimerais bien, mais je suis loin d'être assez douée pour ça. Disons que j'ai quelqu'un qui fait le travail pour moi. Comme Sebastian le fait pour vous.

— Quelqu'un comme Sebastian ?

— C'est ça. Exactement comme vous le pensez, cher Comte. »

Donc elle avait un diable sous ses ordres.

« Arrêtez de m'appeler comme ça, dit-Ciel.

— Comment devrais-je vous appeler dans ce cas, cher Comte ?

— Ciel suffira, soupira-t-il.

— Bien, Ciel. Appelez-moi... Ayame, dans ce cas.

— Ayame... Êtes-vous japonaise ? »

Elle lui sourit.

« Oh, de très loin, dit-elle. Plusieurs générations se sont succédées, voyageant du japon jusque là, petit à petit. Je connais ce pays seulement de très loin. Je ne fais que porter le prénom d'une de mes ancêtres, vieille tradition familiale.

— Je vois.

— Je pensais que vous ne vous intéresseriez qu'à votre chère Yuuka, mais vous semblez aussi intrigué par moi. À moins que ce ne soit que pour la forme.

— Qu'est ce que vous savez exactement de Yuuka ? Pourquoi vous ramenez les choses à elle ?

— Parce qu'il me semble que c'est la seule raison qui vous pousse à m'accepter à vos côtés.

— Je ne vous ai pas encore accepté.

— Pourtant... tout ce que j'ai dit jusque là s'est avéré vrai, n'est-ce pas ? Sur l'enquête, et sur le fait qu'elle vous intéresserait. J'aurais pû me contenter de la résoudre moi-même. Pourquoi pensez-vous que je vous ai embarqué là-dedans ?

— Vous savez quelque chose sur Yuuka ? Sur ce qu'il lui est arrivé ? »

La baronne acquiesça doucement. Elle semblait se retenir de faire quelque chose. Elle regardait par la fenêtre, évitant Ciel des yeux.

« Yuuka, commença-t-elle, m'a demandé quelque chose. Je ne fais que suivre sa volonté.

— Je ne comprends pas. Quand l'avez-vous vue ?

— C'est encore trop tôt pour ça, Ciel. Je ne peux pas répondre à vos questions. Pas tant que l'enquête ne sera pas résolue. Et pas tant que... Pas tant que celui qui a fait ça à Yuuka est en vie.

— Qui ? Qui a fait ça ?

— Vous me feriez confiance si je vous le disais ?

— Oui !

— Non. Vous n'accordez pas votre confiance aussi facilement. Je suis sûre que même là vous ne faites pas entièrement confiance à mes mots, vous pensez que j'essaye de vous piéger. Vous pensez sans doute que je suis du côté du tueur, ou que je mens, que je suis manipulée par la reine. Vous n'avez peut-être pas tort... Je ne sais pas si je peux vous faire confiance non plus, sachez-le. Travaillons ensemble, apprenons à nous connaître. On verra ensuite si l'on peut se faire mutuellement confiance. »

Et elle avait raison. Ciel ne lui faisait absolument pas confiance. Il s'était laissé emporter une seconde par ses mots, mais il ne croyait pas en elle. Elle travaillait pour la reine après tout. Il ne se ferait pas confiance alors comment lui faire confiance à elle ? Et qui lui disait qu'elle savait vraiment quelque chose sur la mort de Yuuka ?

Il fallait qu'il se calme, qu'il respire et qu'il réfléchisse sans se laisser emporter par ses sentiments. Il inspira doucement et analysa la manière dont se tenait la baronne.

Elle jouait machinalement avec la bague qu'elle portait au pouce, regardait toujours à travers la fenêtre ; et, si son regard dérivait, il ne s'arrêtait jamais sur lui. Elle passait souvent sa main dans ses cheveux, remettant une mèche en place. Elle se tenait droite, comme crispée.

« Sortons marcher un peu » dit-Ciel.

Mon histoire d'amour avec Ciel Phantomhive tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant