Chapitre 45

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C'est au levé du jour que ses larmes séchèrent enfin, et qu'elle fut interrompue.

Elle entendit des pas derrière elle. Mais elle ne réagit pas, rien n'avait d'importance maintenant.

« Ayame ? » l'appela Ciel.

Comme elle ne répondait pas, il la contourna. Il vit qu'elle avait le regard dans le vide et un couteau à la main, main qui saignait sans discontinuer, de ce liquide noir.

« Qu'est-ce-que tu as fait ? » demanda-t-il.

Alors, ils en étaient là. Il ne demandait pas comment elle allait mais ce qu'elle avait fait.

Elle eut un sourire sarcastique et ses doigts se serrèrent encore plus sur la garde du couteau. Ciel eut un mouvement de recul et elle crut que les larmes allaient reprendre leur cours le long de ses joues, mais rien ne vint.

« Va-t-en » dit-elle.

C'était à elle de le repousser maintenant. De toute manière, elle avait tout perdu. L'homme qui la soutenait depuis le début, et la confiance de celui qu'elle aimait plus que tout.

Mais Ciel ne s'en alla pas. Il resta là, à la regarder, attendant quelque chose.

« Tu étais où ? demanda Ayame.

— Cette nuit ?

— Oui.

— Dans le parc, pourquoi ? »

Elle savait qu'il mentait. L'ouïe d'un démon était largement suffisante pour l'entendre hurler même de l'autre bout du lycée.

« Je t'ai appelé, dit-elle.

— Je sais, mentit-il en se détournant. Mais je ne pouvais pas te parler.

— Mais maintenant oui ?

— Je suis fatigué Ayame. Toute cette histoire... je n'en peux plus. »

Je n'en peux plus. Les mots exacts que Shûsei avait prononcés avant de mourir.

« Alors meurt, toi aussi » dit-elle en se levant et tendant le couteau vers lui.

Ciel eut un nouveau mouvement de recul.

« Meurt, insista-t-elle, comme tous ceux qui m'ont connue.

— Quoi ? » prononça-t-il, décontenancé.

Elle regarda le couteau, attrapa la lame et le tendit de nouveau vers Ciel, garde vers lui.

« Comme Shûsei » dit-elle.

Le cœur de Ciel rata un battement. Encore ? pensa-t-il. La surprise laissa bientôt place à l'inquiétude.

« Tu vas bien ? demanda-t-il en la détaillant sous toutes les coutures. Tu es blessée ? »

Il attrapa sa main et la força à ouvrir les doigts, laissant le couteau tomber à terre.

« Tu as mal ? demanda-t-il en examinant sa coupure. Il faut te soigner. »

Il la tira par le poignet pour la ramener à leur chambre et Ayame se laissa faire. Mais arrivés là, il se rendit compte qu'il n'avait absolument pas de quoi la soigner et qu'il ne savait de toute manière pas comment faire.

Ayame n'avait plus une seule larme en réserve, ses émotions s'étaient éteintes pendant la nuit.

« Ayame ? l'appela-t-il en la forçant à s'asseoir sur leur lit. Ayame ? Réponds-moi, s'il te plaît. Est-ce que ça va ? »

Les mots n'arrivèrent d'abord pas à franchir ses lèvres.

« Ayame...

— Shûsei est mort. »

Alors, c'était vrai. Ciel n'en croyait pas ses oreilles.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » demanda-t-il.

Elle le regarda, mais c'était comme si elle ne le voyait pas. Elle ne savait même pas ce qu'il s'était passé. Et il y avait tellement d'hypothèses qui lui vinrent d'un coup en tête qu'elle crut devenir folle.

Et si c'était Ciel ? Il avait menti après tout.

Ou Sebastian ? C'était lui qui avait récupéré le couteau de Phipps et devait l'analyser.

L'une des têtes de Cerbère de la reine ? Ils les voulaient sans doute tous morts. Mais elle n'avait, techniquement, plus personne à ses côtés. Ayame et les garçons avaient coupé toutes les ficelles qu'elle pouvait tirer.

Mais dans le fond... elle savait déjà qui l'avait fait, elle ne voulait juste pas se l'avouer, c'était trop dur.

« Ayame ?

— Il était déjà en train de mourir lorsque je suis arrivée, je n'ai vu personne... Je ne comprends pas. Il a été poignardé et il a... disparu. Soudainement. Il n'y avait plus rien... Juste— »

Elle s'arrêta soudainement.

« La bague, il faut retrouver la bague, murmura-t-elle tristement.

— Je vais demander à Sebastian d'aller la chercher, dit-il.

— Mais il n'est pas là, si ?

— Je peux l'invoquer. »

Ayame en oubliait tout. Oui, il pouvait, évidemment. Elle ne pouvait pas le faire avec lui, parce qu'ils n'avaient pas de contrat ensemble, rien ne les liait.

En un dixième de seconde Sebastian était là. Ciel ne prit pas le temps de lui expliquer mais lui demanda juste de retrouver la bague de Shûsei dans le parc, et le couteau.

Quand, une minute plus tard, Sebastian était de retour, il avait la bague en main mais pas le couteau.

« Il n'était pas là, dit-il simplement. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

Ciel lui expliqua la situation pendant qu'Ayame serrait la bague dorée dans sa main. Sebastian n'afficha aucune expression faciale, comme à son habitude. Il ne réagit que par un ah lorsque Ciel eut fini.

« Est-ce que tu vas bien ? » demanda Sebastian à Ayame.

Elle leva les yeux vers lui. Il se rapprocha d'elle et posa un genou à terre. Il lui fit un délicat baise-main avant de la regarder dans les yeux.

« Je suis désolé, dit-il de sa voix la plus douce. Ça n'aurait jamais dû arriver. »

Il la prit dans ses bras et elle laissa sa tête reposer sur l'épaule de Sebastian.

« Je vous protégerais, Ma Lady. J'en fait le serment. »

Et pour la première fois, Ciel ne fut pas jaloux qu'il l'appelle ainsi. Il n'était même pas furieux de ce câlin. Il s'en voulait juste de tout ce qu'il avait fait. S'éloigner d'elle, refuser de lui parler, mentir, les reproches et les mouvements de recul. Il avait mal fait son job. Et il s'en voulait de ce qu'il n'avait pas fait. Comme ce câlin qui aurait dû venir de lui et non pas de Sebastian. Un autre homme la consolait parce qu'il était incapable d'être quelqu'un de bien, un petit-ami normal. Il n'avait tout simplement pas pensé qu'elle puisse en avoir besoin. Car il ne connaissait rien aux besoins basiques.

Il s'éloigna pour aller se rafraîchir dans la salle de bain. Son reflet dans le miroir le regardait avec jugement et dédain.

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Si je m'en sors comme prévu, cette histoire sera terminée en février :)

Mon histoire d'amour avec Ciel Phantomhive tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant