Chapitre 23

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Ciel observait Ayame à la dérobée. La journée passait avec une lenteur exacerbée.

« Arrête donc de me regarder comme ça, dit-elle. J'arrive. »

Elle s'installa face à lui, à la table.

« Je suis d'humeur généreuse, continua-t-elle. Sais-tu comment la famille Lazuli et la famille Commère sont reliées ? Une pause. Évidemment que non. Alors je vais te le raconter. Tu te souviens de l'histoire du mariage des Commère ? Le père de Yuuka a forcé la mère à se marier avec lui en pensant que c'était la femme du mariage arrangé auquel il participait. La femme en question, celle qui s'est enfuie pour ne pas se marier avec lui, c'était la future Baronne Lazuli mère. Ma mère, en somme.

— C'est pour ça que Sebastian n'a pas trouvé de lien entre vos familles, il n'était pas direct.

— Exactement !

— C'est grâce à ça que vous vous êtes connues ?

— Perspicace, cher comte.

— Arrête. Vous vous étiez déjà rencontrées avant qu'elle ne fasse ma connaissance ?

— Une ou deux fois, pas plus. Puis je l'ai revue à Londres quelques semaines après que tu aies disparu. Elle te cherchait, j'ai essayé de l'aider. On a refait connaissance. Après ça je suis allée lui rendre visite en France à quelques reprises.

— Et vous êtes réellement devenues proches ?

— Pourquoi est-ce que j'aurais menti là-dessus ? Oui, on est devenues proches. Je peux te demander quelque chose en échange ? Tu n'es pas obligé de répondre.

— Vas-y.

— Pourquoi tu as disparu ? »

Ciel regarda dans le vide un long moment.

« À cause de la reine, évidemment. Mais tu t'en doutais, non ?

— Oui.

— Lorsque je suis retourné la voir, elle m'a défendu de revoir Yuuka. Elle avait kidnappé son père, pour montrer son sérieux. Alors je n'ai rien pu faire. Yuuka ne savait pas que son père avait disparu, il me semble que ses parents ne lui ont jamais dit. J'ai disparu aussi longtemps que la reine l'a voulu. Jusqu'à ce que Yuuka retourne en France.

— Et après ?

— Après, j'ai essayé de la revoir. Mais son père est mort, et la reine m'a fait comprendre très clairement que c'était elle et que c'était un message. Si j'essayais de m'approcher alors elle tuerait tous ceux dont Yuuka était proche. Je ne pouvais plus rien faire. Au bout d'assez de temps, je me disais que la reine était sans doute passée à autre chose. J'ai envoyé Sebastian trouver Yuuka. Elle était devenue la cheffe de l'organisation de ses parents, sa mère était mal en point. Mais quand j'ai essayé d'aller la voir, elle avait déjà disparu.

— Tu n'as pas pensé que c'était la reine ?

— Si, bien sûr. Le timing était parfait. Mais la reine n'a rien dit à ce propos, même lorsque je l'ai interrogée, elle est bien plus directe que ça, alors je pense qu'elle me l'aurait dit si c'était elle. Ne serait-ce que pour se vanter de me faire souffrir. Je garde cependant toujours cette hypothèse dans un coin de ma tête, après tout je n'ai aucune autre piste. »

Ayame acquiesça en silence. Ils ne dirent plus un mot pendant un moment.

« Donc tu as fait ça en espérant protéger Yuuka, conclut-elle.

— Oui, même si au final ça n'a servi à rien. Son père est mort, elle est morte, sa mère s'est suicidée. Je n'ai sauvé personne.

— Yuuka serait reconnaissante que tu aies essayé. On fait comme on peut. Je n'ai pas non plus réussi à la sauver. Quelqu'un est mort à cause de moi. Quelqu'un dont j'étais proche. On se sent évidemment coupables... »

Un nouveau silence s'installa.

« Ciel ? Est-ce que je pourrais dormir dans le lit cette nuit ?

— Mh ? Bien sûr, je m'installerais sur le canapé.

— Non, je voulais dire... avec toi.

— Pardon ? » s'exclama Ciel en tournant son regard vers elle.

Elle ne le regardait pas dans les yeux et triturait sa tasse de thé comme une enfant timide.

« Je sais que tu étais réveillé ce matin, lorsque je suis sortie du lit. Enfin... Je ne l'ai pas compris tout de suite, mais ta réaction quand je suis revenue m'a vendu la mèche. Et je crois qu'on a tous les deux mieux dormi, non ?

— Mh, oui... C'est vrai.

— Alors, je me disais que ça ne coûtait rien de continuer. Ça n'engage à rien. Et si ça ne marche pas, alors on arrêtera. Tu peux évidemment dire non, changer d'avis à tout moment, me traiter de folle, ou en profiter pour me séduire.

— Tu ne prends donc jamais rien au sérieux Ayame ? demanda Ciel, d'une voix blasée pour ne pas trahir son trouble.

— Au contraire, Ciel, au contraire. Je prends tout bien trop au sérieux.

— Alors pourquoi toujours faire des allusions qui laisseraient penser que l'on puisse avoir un intérêt romantique l'un pour l'autre ? »

Ayame soupira puis se tût un instant. Ciel attendit patiemment qu'elle reprenne la parole.

« En quoi consiste notre mission Ciel ? Tu as beau avoir l'air de plus en plus à l'aise avec moi, tu agis toujours plus comme avec une amie qu'avec ta femme lorsque l'on est face aux gens. J'ai l'impression d'être la seule à tenir le panneau qui nous sert de couverture.

— Je vois... » dit-il.

Ciel ne savait pas s'il était rassuré ou déçu de cette réponse. Ayame regardait ailleurs, l'air triste.

« On a deux semaines pour travailler là-dessus » dit-il.

Mon histoire d'amour avec Ciel Phantomhive tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant