Mon histoire d'amour avec Ciel Phantomhive tome 2

Chapitre 49

« Je me suis rendu compte que le couteau avait disparu, expliqua Sebastian impassiblement. Alors j'ai fait le tour de l'école à la recherche d'un indice. C'est là que j'ai découvert Shûsei avec le couteau en main. Il avait l'air étrange alors je lui ai demandé ce qu'il faisait là, avec l'arme. »

Sebastian lança un regard à Ayame, elle le regardait avec attention.

« Il m'a dit qu'il en avait marre, qu'il n'était pas revenu pour faire tout ça. Il voulait sauver Yuuka, il était revenu malgré sa haine des démons uniquement pour elle. Mais comme il n'avait pas réussi à la sauver, il ne voyait pas l'intérêt de rester en vie. Il m'a dit vouloir mourir, que c'était la raison pour laquelle il avait pris le couteau. Mais qu'il n'y arrivait pas, que c'était trop dur de passer le pas. Alors il m'a demandé de le faire pour lui, parce qu'il n'y arriverait pas. »

Il ne savait pas comment tourner la suite de l'histoire pour ne pas avoir l'air du connard qui avait juste dit oui sans protester.

« Je lui ai dit que nous avions toujours besoin de lui, que Yuuka aussi. Mais il n'était pas d'accord et a insisté. J'ai... »

Les mots restèrent bloqués dans sa gorge. Impossible d'expliquer les choses sans qu'ils ne le voient comme un monstre.

Il voulut se moquer de lui-même. Il était un monstre, et les deux démons face à lui le savaient très bien. Pourquoi chercher à sauver son image ? Il aurait très bien pu tuer Shûsei de sang-froid, ça n'avait aucune espèce d'importance.

« Alors j'ai exaucé sa demande, tout simplement. Je ne pouvais pas le convaincre de toute manière. »

Il se tourna de nouveau vers Ayame qui lui souriait. Mais plutôt qu'un sourire triste, comme il l'aurait imaginé, c'était le sourire de quelqu'un qui savait que toute la vérité n'avait pas été dite. Sebastian eut presque un sursaut mais garda un visage neutre.

Ayame savait, évidemment. Déjà, elle savait ce que Shûsei ressentait pour Sebastian, et le dégoût qu'il avait de lui-même pour ça. Mais elle n'avait pas compris, jusque là, que ses sentiments étaient réciproques.

Mais Sebastian était trop calme, alors elle avait compris. Il n'était pas insensible à ce qu'il avait fait, il essayait juste de le cacher. Et il le faisait très bien. Si ça n'avait été pour Ayame, qui connaissait trop bien son histoire, personne ne l'aurait su à part lui.

« Je comprends, dit-elle. Merci Sebastian. »

Elle fit demi-tour en laissant un Ciel dérouté et un Sebastian étrangement apaisé.

★★★

Ayame s'installa sur le lit et regarda le plafond. Les évènements s'enchaînaient si vite qu'elle avait la sensation de n'avoir jamais le temps de se reposer.

Elle voulut fermer les yeux un instant mais se rendit compte de quelque chose.

Elle se leva du lit et regarda autour d'elle. Il y avait quelque chose qui clochait, mais elle ne savait pas quoi, comme si quelque chose avait été déplacé.

Elle regarda attentivement et quelque chose lui sauta aux yeux.

« Ils ont disparu » murmura-t-elle avec satisfaction.

Les objets personnels que Ciel et elle avaient mis en place pour le tueur avaient été volés. Ils avaient enfin été pris pour cible, ils seraient les prochaines victimes.

« Parfait. »

★★★

« Je vais retourner au travail » dit Sebastian avant de disparaître, laissant derrière lui un Ciel complètement perdu.

Il se demanda ce qu'il venait de se passer. Sebastian avait tué Shûsei parce qu'il lui avait demandé. Et Ayame était beaucoup trop calme à ce propos, en comparaison de ses réactions habituelles.

Il ne savait pas quoi faire et resta bloqué sur place pendant un long moment, son cerveau tournant en boucle entre aller demander des comptes à Sebastian ou confronter Ayame. Mais son cerveau refusait de se poser sur un choix.

Alors il resta planté là, le regard dans le vide.

★★★

Lorsqu'Ayame arriva vers Ciel, elle remarqua bien que quelque chose n'allait pas.

« Ciel ? » l'appela-t-elle doucement.

Il se tourna vers elle en sursaut.

« C'est peut-être un peu trop soudain pour toi, tout ça, dit-elle. Je suis désolée.

— Comment ça, désolée ? Je ne comprends rien.

— Shûsei avait envie de mourir, Ciel. Ce que Sebastian a fait n'était que pure euthanasie, il ne l'a pas tué. Et au moins... Shûsei n'est pas mort seul. »

Ciel la regarda avec incompréhension.

« C'est sans doute difficile à imaginer. Mais toi-même tu souhaites — ou en tout cas souhaitais — mourir. Tu n'es juste pas prêt à passer activement à l'acte et tu attends que la mort te cueille. Vous n'êtes pas si différents.

— Étiez. Nous n'étions pas si différents. Maintenant Shûsei est mort, et moi je veux vivre. Parce qu'il y a quelqu'un dans ma vie qui me donne envie de continuer. »

Ayame le regarda avec surprise. Elle ne s'était pas attendue à entendre ces mots un jour, surtout pas de la part de Ciel. Elle voulut lui demander de répéter, pour être sûre de ce qu'elle avait entendu, mais elle trouvait cela malpoli. Alors elle resta à le regarder, attendant qu'il dise autre chose, qu'il brise le silence qui venait de s'installer.

« Des tonnes de gens sont morts à cause de mes ordres, dit-Ciel. Sebastian a tué plus de gens que je ne peux me rappeler. La propre sœur de Yuuka est morte à cause d'un de mes ordres. Il y a des tonnes de raisons pour lesquelles je ne pourrais jamais me permettre de juger un meurtre. Et pourtant... Shûsei était le meilleur ami de Yuuka, il était devenu mon ami, c'était le tien, et je pensais Shûsei et Sebastian réconciliés, mais...

— Ils l'étaient, le coupa-Ayame. Ils s'étaient réconciliés depuis longtemps, crois-moi.

— Mais on ne peut pas faire ça à un ami.

— Au contraire, Ciel. C'est parce qu'ils étaient amis que Sebastian l'a fait, et que Shûsei lui a demandé de le faire.

— Je ne comprends vraiment pas. »

Ayame soupira, incapable de lui expliquer. S'il ne le comprenait pas de lui-même, elle serait incapable de trouver les mots adaptés pour qu'il comprenne.

« Dit-moi, si j'étais mourante et voulais partir avant de devoir vivre de terribles souffrances, est-ce que tu accepterais de m'aider ? » je demandais, avant de faire demi-tour pour le laisser à sa réflexion.