Chapitre 33

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Après s'être réveillée, Ayame passa un long moment à regarder le visage endormi de Ciel.

« Cette fois, je te promets une fin heureuse, Ciel. Peu importe les sacrifices que je devrais faire. Il n'y a que deux choses que je ne sacrifierais pas : toi, et moi. Parce que tu ne seras pas heureux si je meurs. Tu ne peux pas perdre l'amour de ta vie une deuxième fois. Je resterais avec toi. Peu importe l'avenir que tu choisis, je ferais tout pour te rendre heureux.

» Je ne pensais pas que tu serais capable de tomber amoureux une deuxième fois. Je croyais que c'était trop tard. Je me suis trompée. J'aurais été satisfaite même si tu avais juste recommencé à être heureux, même sans m'aimer. Tout ce que je voulais c'était te voir à nouveau vivre plutôt que te laisser dépérir.

» Dès que je nous aurai vengés, nous commencerons notre nouvelle vie. Ensemble. C'est tout ce qui importe maintenant. Tu as un avenir Ciel. Nous avons un avenir, ensemble.

» C'est décidé, lorsque l'on ira chez moi, je te le présenterai. »

★★★

La deuxième journée au chalet se passa sur le même thème que la première, les mêmes activités, les deux mêmes personnes. Mais l'ambiance n'était plus tout à fait la même. Il y avait de petits regards, des yeux qui se croisent et débouchent sur un sourire.

La paix règna, comme si le monde extérieur n'existait plus. Ils en oubliaient que dehors le monde était contre eux, qu'un assassin courait toujours, que tout s'écroulerait sans doute autour d'eux comme ça avait toujours été le cas. Oui, cette interlude était un parfait paradis, une bouffée d'air frais dans des vies asphyxiantes.

Mais, évidemment, ça ne pouvait pas durer éternellement, et plus la nuit approchait plus ils avaient tous deux conscience qu'ils allaient bientôt retourner au monde extérieur. Dès le lendemain ils devraient partir. Un passage par le manoir d'Ayame, puis le retour à leur enquête, aux morts. Ils espéraient tous deux que le temps puisse s'arrêter, les laisser tranquille ne serait-ce qu'un instant de plus.

Mais leur vœu ne fût, évidemment, pas exaucé.

★★★

L'heure du départ avait sonné et les humeurs s'étaient dégradées. Le petit paradis se fissurait.

Alors qu'ils allaient passer le pas qui les ferait sortir du terrain de la maison, Ciel s'arrêta.

« Je n'avais jamais expérimenté la paix de si près. C'est tellement rafraîchissant, ça me donne la sensation que les choses pourraient être comme ça à l'avenir, que je pourrais être heureux pour toujours. Le simple fait de devoir faire ce pas qui me séparera de ça me donne l'impression que je n'y retournerais jamais, que ce n'était qu'un rêve et que je ne pourrais jamais y revenir peu importe combien de fois je m'endors. N'est-ce pas plus simple de supporter la misère lorsque l'on n'a pas expérimenté le bonheur ?

— Peut-être que si, peut-être que non. Mais si tu ne sais pas qu'il existe un lieu pareil dans le monde, un lieu où tu peux vivre librement, comment peux-tu voir l'avenir autrement que perdu d'avance ? Tu sais pourquoi tu te bats maintenant.

— Ne pouvons-nous pas juste rester ici ?

— Tu sais bien que non, n'est-ce-pas ? Le tueur de couples est toujours là-dehors, impuni. Celui de Yuuka aussi. Et même si nous décidions que ce n'est pas notre problème, la reine nous traquerait jusqu'à nous retrouver et nous tuerait sans doute pour cette impudence. Nous ne pourrions pas être tranquilles alors que nous serions pourchassés. »

Ciel lança un regard vers la maison, il avait l'impression de la voir pour la dernière fois. Simple peur ou prédiction ?

« Faisons notre mariage ici, dit-Ayame. Si... tu acceptes de m'épouser ? »

Elle avait sorti un petit écrin de sa poche et le tendait nonchalamment à Ciel. Il hésita un instant à le prendre.

« Nous avions déjà dit que nous nous marierions... non ?

— Oui, certes. Mais à l'époque c'était une proposition de mariage arrangé. Tu penses vraiment que c'est ce que je te demande maintenant ? Je ne te donnerais pas cette bague si c'était le cas. Mais si tu ne veux pas... tant pis. »

Elle fit mine de remettre l'écrin dans sa poche mais Ciel lui prit des mains avant, ce qui la fit sourire. Il n'était décidément plus le Ciel d'avant. Il l'ouvrit et sortit une belle bague d'homme en argent.

« C'était celle de mon père, dit-Ayame. Je sais qu'il t'aurait validé comme gendre.

— Je n'en suis pas si sûr, tu sais quel genre de personne je suis.

— Il validerait n'importe quel homme qui me rende heureuse, Ciel. Même un démon. Et je ne suis pas toute blanche non plus.

— Mes parents ne t'auraient jamais acceptée dans la famille. »

Ayame explosa de rire.

« Sans doute pas, c'est vrai. Bon, qu'est-ce que tu fais ? Tu la mets cette bague ou pas ? »

Elle attrapa la bague et la main gauche de Ciel, lui passant directement au doigt.

« Et voilà, dit-elle. Tu es maintenant mon fiancé. La première chose à faire, c'est venir visiter ce qui t'appartient aussi de droit, mon chez-moi. »

Le voyage fut court. Le manoir d'Ayame était situé à une cinquantaine de kilomètres de Londres, dans un coin tranquille. Lorsque le fiacre fut arrivé au bout du chemin empruntable, ils durent en descendre pour finir le chemin à pied.

Ciel se demanda si c'était encore loin car il ne le voyait pas. Le paysage n'était rien d'autre qu'une étendue de gazon parfaitement tondue.

« Il n'est pas visible aux gens qui n'ont pas été invités, dit-elle. Je dois bien protéger la seule chose qu'il me reste, n'est-ce-pas ? Alors, Ciel, je t'in... »

Ayame n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'elle s'écroula, inconsciente. Ciel se dirigea vers elle, inquiet, mais une douleur lancinante dans le cou l'arrêta net et il s'effondra à côté d'elle.

Mon histoire d'amour avec Ciel Phantomhive tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant