Chapitre 3

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Ciel était devant le manoir où se tenait la réception. Le soleil s'était couché mais les lumières à l'intérieur illuminaient le chemin, donnant un bon aperçu de ce à quoi l'endroit ressemblait.

Ce n'était pas aussi luxueux que chez lui mais le manoir restait modestement impressionnant. De grandes fenêtres laissaient apercevoir l'intérieur animé. Le manoir n'était pas grand, mais chaque mur, chaque encadrement de fenêtre, chaque poutre, semblait avoir été taillé avec une grande minutie. Pas une écharde, pas une mauvaise herbe. La vie semblait s'être arrêtée, à l'extérieur, comme si rien ne pouvait tâcher cette perfection. Il n'y avait pas de vent, le temps était clair, frais mais pas froid. Alors que quelques mètres plus tôt, il s'était frotté les mains, ayant l'impression de geler sur place. L'hiver était bien installé, mais le manoir semblait bloqué dans un printemps infini et parfait.

Ça n'avait rien de naturel. Et cela mit Ciel mal à l'aise. Sébastian, observant les mêmes incongruités se sentit d'autant plus méfiant. Il ne pensait pas être capable d'une chose pareille, la personne qui avait enchanté cet endroit était peut-être d'une autre espèce, ou simplement plus puissant, et ça ne lui disait rien de bon.

Ils entrèrent avec appréhension.

« Bienvenus, les accueillit un jeune homme, visiblement travaillant là. Je suis désolé, mais votre majordome n'est pas accepté dans la pièce principale. Accepterait-il d'aller en cuisine, se restaurer et attendre que vous en ayez terminé ? »

Ciel jeta un regard à Sébastian, inquiet. Celui-ci acquiesça et lui fit signe de continuer sans lui.

« Au moindre souci, appelez-moi » dit-il cependant.

Ciel avança dans la salle de réception où une cinquantaine de personnes étaient déjà arrivées Tous discutaient, riaient, semblaient à l'aise. Comme si rien n'était bizarre dans cet endroit. Il semblait être le seul tendu et à l'affût.

Un autre jeune employé lui tendit un plateau où Ciel prit une coupe de champagne.

« Je vous le déconseillerais » dit-une voix derrière lui.

Il se tourna et se retrouva face à une jeune femme. Elle lui sourit avant de lui prendre le verre des mains, ses longs doigts frôlant ceux de Ciel. Elle le reposa sur le plateau du jeune employé, un sourire narquois aux lèvres.

« Si vous voulez rester vous-même, ne buvez ni ne mangez quoi que ce soit que ces jeunes gens vous donnent. »

Sa voix sonnait comme une mélodie, une voix bonne pour une chorale. Non pas une voix aiguë et haute, mais quelque chose de profond, presque grave, sensuel.

« Pourquoi donc ? demanda-t-il

— Ils modifient votre perception, vos sens. Tout devient plus beau, plus facile à vivre. Vous pourriez oublier les horreurs de votre vie, oublier pourquoi vous êtes ici. Si vous buvez, d'ici une heure vous ne saurez plus quel jour de quel année nous sommes, ni qui vous êtes. »

Ciel la regarda avec incompréhension. Les cheveux ébènes de la femme semblaient tomber sur ses épaules comme de l'eau, mais il n'était pas sûr que ce ne soit qu'une impression.

« Comment le savez-vous ? demanda-t-il.

— Je vous attendais, comte Phantomhive. Vous avez pris votre temps avant d'arriver. J'avais peur que des jours ne passent avant que vous ne pointiez le bout de votre nez ici.

— Je ne suis en retard que d'une demie heure.

— Le temps s'écoule différemment ici. C'est précisément pour cette raison que j'ai choisi cet endroit pour ma réception.

— Vous ? Vous êtes celle qui m'avez invité ici ?

— Tout juste. Baronne Lazuli, enchantée. »

Il ne répondit rien à sa présentation. Il se sentait de plus en plus oppressé dans cette salle, face à cette créature semblant descendre des cieux.

« Ne me regardez pas ainsi, dit-elle, tout ça n'est qu'illusoire. Cet endroit est véritablement fascinant, mais rien de ce que vous voyez n'est réel. Je ne suis pas aussi grande, ni aussi belle. Je ne crois pas que vous soyez si grand que vous le paraissez d'ailleurs. »

Ciel regarda son reflet dans l'une des vitres de la pièce. Mais ce n'était pas lui qu'il vit, c'était un homme plus grand, plus attrayant, aux yeux presque normaux, son cache-œil avait disparu. Il porta la main à son œil, il était toujours là.

« Je vous l'ai dit, rien n'est réel.

— Pourrions-nous sortir ? demanda-t-il, mal à l'aise.

— Je ne préférerais pas. Voyez-vous, je sais de quoi vous et votre cher majordome êtes capables. Ici, je maîtrise tout, et votre majordome ne peut pas intervenir. J'ai besoin de cette sécurité car notre discussion risque d'attiser votre flamme intérieure, cher comte. »

Mon histoire d'amour avec Ciel Phantomhive tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant